Pérou – La Cordillère et le début de l’aventure à 5 – J241 à J242

J241 – Samedi 4 septembre – Huaraz à
Catac – 39km D+627m


Après une semaine de non-pédalage, où nous avons bien profité de Huaraz, de ses ruelles, ses étals de fruits et légumes (les fraises sont délicieuses à moins d’1€ le kilo), de ses odeurs de poulets déplumés pendus en plein soleil (ce n’est pas la même odeur!), de ses petits comedors, de ses jus de fruits frais, de ses vendeurs de sandwichs avec œuf frit, de son marché, nous avons pu accueillir un nouveau voyageur.

Nous sommes de retour pour notre aventure… à 5. Alain, le père de Sylvain, nous a rejoint pour un mois sur les routes du Pérou. Alors ce matin, le réveil a sonné à 6h30 dans les 2 dortoirs. Nous nous retrouvons pour le petit-déjeuner mais avec plusieurs services: les garçons (en force maintenant!!) puis les filles sur la mezzanine au soleil. Nous mettons un peu plus de temps qu’habituellement, car nous avons fait des achats de vêtements et nous avons reçu des cadeaux…. auxquels il faut trouver une place dans nos sacoches déjà débordantes!! 😆😆
2h de rangement seront nécessaires pour nous 5 (sans la tente à plier pourtant) avant de fouler la route devant l’auberge de jeunesse sous les rires de Carlos, le gérant, face à notre convoi!! Et faut dire: il a raison!! Nos vélos n’ont jamais été aussi chargés à l’avant et à l’arrière. Celui d’Alain, c’est tout sur l’arrière, tenu par ses ficelles. Première fois qu’il part en itinérance, avec (il faut le souligner!!) un vélo qui ne lui appartient pas. Alors forcément, on va faire plusieurs arrêts de réajustement des sacs en équilibrant les charges dans les rues de la ville.


Heureux, nous le sommes, de partager encore un peu plus notre aventure, de la faire vivre de l’intérieur à Alain, de lui faire ressentir l’accueil de la population, les odeurs du pays et le rythme de nos journées et bivouacs… En musique sur les 2 vélos, nous traversons Huaraz en direction du sud, et nous ne sommes pas seuls ce week-end! La circulation est bien active quelque soit le type de véhicule et d’animaux tels les chiens aussi. 😬 On reprend la remontée du fleuve Rio Santa, sur notre droite, qui navigue parmi les roches oranges, avec le soleil nous réchauffant déjà sur la route. On enlève les couches de vêtements sauf les enfants qui pourtant pédalent bien. Le dénivelé est constant mais pas de grosses pentes, alors le rythme est pris au départ avec Sylvain qui est en premier de cordée, Alain en second, et moi fermant la marche. Autant vous dire tout de suite que le classement du tiercé a explosé dès la première côte ! Papy « fusée » est parti devant et nous attend plus haut. On aurait dû lui donner notre barda pour le ralentir!! On s’en doutait un peu au vu de ses entraînements quasi quotidien en France. Nous, le convoi « escargot », arrivons après, ce qui lui laisse le temps de photographier toutes ces scènes de la vie péruvienne: les moutons sur le bord de route, les cochons et les oies qui sont attachés devant les maisons, les bœufs tirant une charrue pour labourer le champ, les maisons construites en terre cuite, les partisans d’un candidat en train de peindre son slogan sur un mur de maison, des fruits frais offerts par 2 camionneurs… Et on est ravis de le lui faire découvrir. Lui aussi! Alors tant mieux.

27 km ainsi dans la vallée, entourés de monts sur les 2 flancs, de parois plus ou moins abruptes, cultivées quelque soit la pente, avec une petite pause « pain », nous font arriver sur le village de Recuay. L’accueil est chaleureux et nous profitons de la grande place avec ses bancs à l’ombre pour notre pause casse-croûte tous les 5. Tout est nouveau aujourd’hui pour Alain et il s’adapte bien. Nous aussi! 😜 Pendant que les enfants se font offrir une glace à la tienda du coin, les hommes réparent la chambre à air du vélo Panzer, à plat. Cela faisait longtemps!


Toujours au soleil, on continue notre ascension (de la route) et découvrons des sommets enneigés à plus de 5000m sur notre gauche… Quel panorama! Des arrêts photos sont inévitables. Des arrêts juste pour les yeux aussi! C’est époustouflant et grandiose avec autant de sommets si proches les uns des autres en arrière plan. Une véritable chaîne. Les couleurs sont indescriptibles, intenses, entre le bleu du ciel, le blanc des cimes, le jaune de la vallée! Heureusement qu’il y a les photos de Sylvain pour que vous compreniez que les sourires sont sur tous les visages, béats. 🤤


Il ne nous faudra guère plus de 13km de plus pour trouver un bivouac. La vallée s’élargit, tellement que l’on se croirait sur un plateau. Les montagnes laissent la place à des monts plus arrondis, en herbe ou cultivés. Un ravitaillement en eau grâce garcons à la station service « Dinosaure et motos artistiques » après la ville de Catac, puis nous accostons un riverain pour un lieu de campement. « Où nous voulons!!! » C’est ce qu’il nous répond. Les terres appartiennent à la ville et on a le droit d’y camper pour une nuit. Un chemin en pierres sur la gauche nous inspire confiance, 3 hommes sur une parcelle fauchant le blé à la main nous recommandent un espace un peu plus loin. Et effectivement, les champs se succèdent, en herbe, avec un bœuf ou non, et nous trouvons notre bonheur 300m après.


Un superbe champ, juste pour nous, avec de l’herbe! Pour la première journée, on a voulu épater le papa/papy/beau-papa avec du soleil, un bon pique-nique, des cadeaux par des locaux, un bivouac de rêve (sans vent et sans sable ou poussière, pas encore eu au Pérou pour nous!), un très bon accueil sur la route avec tous ces sourires et mains tendues! Royal du 5 étoiles!! Mais on l’a prévenu: ça ne sera pas ça tous les jours, faut pas déconner!!!
Le camping se met en place avec les 2 toiles de tente de taille différente! Une première encore pour Alain qui n’a pas campé depuis presque 40 ans et qui n’a donc jamais monté cette tente-là (l’anciennede Sylvainlors de ces aventures alpines). Les enfants sont ravis de la découvrir… en même temps que lui, d’y entrer, de faire des commentaires dessus, de l’aider un peu… pendant que nous montons la nôtre. Je m’y loge au chaud pour me reposer, l’altitude ne me réussit pas et m’a donné un mal de tête qui m’incite plus à fermer les yeux (même sur la route), d’où notre arrêt peut-être un peu prématuré. Je m’endors pendant la lecture d’Emma, les jeux à l’extérieur de Raphaël, le rangement du matelas et duvet d’Alain, la préparation du repas du soir par Sylvain. 18h j’émerge bien mieux grâce aussi au paracétamol qui a fait effet.


Un bon repas tous les 5, une première aussi pour nous depuis 8 mois, dans l’abside de notre tente à l’abri du froid et nous filons, un samedi soir 🥳, à 18h59 (pile je vous jure!!) dans nos duvets et sacs à viande respectifs. La proximité des tentes sur ce terrain de camping nous fait rire car nous entendons tout de notre nouveau voisin!!! C’est ainsi que s’achève notre première journée ensemble, pour notre plus grand bonheur. 1h après, j’éteins le téléphone après avoir conté notre journée à 3657m d’altitude.

J242 – Dimanche 5 septembre – Catac à Bivouac de fou Conococha – 28km D+325m


Premier réveil 6h30 dans la pampa à 5 sous 2 petits degrés, avec un léger gel côté vent sur notre toile de tente. Petit-déjeuner à l’intérieur de la tente tous les 5. Rangement habituel, les automatismes sont revenus où chacun et chaque chose trouvent sa place. Nous quittons notre champ 2h après, avec du soleil qui nous réchauffe et nous incite dès maintenant à quitter notre doudoune, notre polaire et notre manches longues! La température change vite en montagne selon que l’on est à l’ombre ou au soleil.
On suit le chemin de terre parmi les enclos de vaches et de veaux, qui longe la route principale. Les monts au-dessus des parcelles cultivées n’ont pas changé: inhabités.


Reprise de la route asphaltée avec peu de circulation, ce qui nous va bien. Quelques vendeurs de truite (locale) travaillant sur le bord de la route nous donnent bien envie d’en manger mais la cuisson serait trop longue ce soir pour nous 5, avec un seul camping gaz. Notre route se poursuit, dans cet environnement isolé où juste un village apparaît. Ensuite? Nous sommes avalés par le paysage, ces montagnes arrondies sur notre droite, dans les tons jaunes ocres, avec parfois un ruisseau, un vallon, qui les sépare. Les ombres des nuages nuancent ces couleurs. Le vent plie les herbes folles. De l’autre côté de la route, derrière quelques collines, s’élèvent la fin de la cordillère blanche à plus de 5000m. Grandiose et idyllique seront les 2 mots utilisés par Alain pour décrire ce que nous apercevons, ce que nous ressentons, ce que nous vivons. Ébahis. Petits. Subjugués. Encore de bien beau superlatifs pour une chaîne de montagnes qui ne l’est pas moins.

Nous montons toujours en altitude. Les 10 premiers kilomètres sont légèrement plus pentus que les suivants. Nous avons un bon rythme mais chaque équipage a le sien:
Le tandem « Panzer » avance bien, en seconde position, ce qui leur permet de s’arrêter pour prendre une centaine de photos (Il a bien raison d’ailleurs!). 🚴‍♀️🚴‍♂️

Le vélo de chez « Croc’Pérou » (nom donné par Alain) en pôle position tel le lièvre de La Fontaine, carbure à l’admiration devant toutes ces découvertes journalières. On ne peut le suivre mais nous le retrouvons au sommet de chaque côte.🚴‍♂️
Enfin le « Couillot », telle la tortue du même auteur, avance inlassablement sur cette légère montée, sans s’arrêter ce qui lui permet de rattraper ces 2 acolytes cyclistes. 🚴‍♂️🚴‍♀️
Un péage (on se demande bien ce qu’il fait ici parmi ces étendues désertiques) est le seul moment de la journée où nous pouvons nous ravitailler, avant une trentaine de kilomètres. Alors, on en profite!

Le paysage est toujours le même, mais on ne s’en lasse absolument pas. Cette Cordillère, Blanche, nous accompagne, nous encourage, nous motive, nous subjugue à chaque coup de pédale, à chaque virage. Une petite pause déjeuner vient ensuite dans l’herbe face à cette vallée immense, large, traversée par une rivière, au soleil et au vent et elle nous requinque. Les mêmes montagnes nous encerclent, seuls. Le mal de tête reprend un peu pour moi et me fatigue déjà.

Nous continuons notre journée toujours heureux de ce panorama, de ces cochons sur le bord de la route, de ces moutons ou chiens moins sympathiques, de cette solitude dans la nature, moment enclin à la méditation. Puis le mal de tête devient plus pressant pour ma part. Tot dans l’après-midi, face au Caullaraju Pico-Oeste à 5597m et au Caullaraju Central à 5637m, avec une pause photo, nous prenons la décision de nous arrêter ici. 4 d’entre nous partent pour le repérage du bivouac sur le versant opposé à la cordillère. 5 étoiles le bivouac ce soir encore. 🤩Les 3 vélos montés grâce aux garçons, 14 litres de récupéré dans le ruisseau tout proche par Alain, nous montons les tentes sous le grand vent changeant. Je me loge dans la nôtre et m’écroule sous la migraine, bien malgré moi de me retrouver dans cet état et de nous obliger à ralentir notre progression. Sylvain et son père partent à l’assaut de la colline voisine pendant que les enfants jouent dans l’abside de la tente à mes pieds. Autant vous dire que les adultes ont eu une superbe vue de là-haut, un moment magique à 2.

Un petit goûter pour tout le monde, de l’écriture pour Alain (qui écrit également ses journées), de l’école, des mots croises/mélangés ou jeux de 7 erreurs (Merci Mamie-No 😉), du drone, des photos, du repos, du lancer de frisbee avec un couvercle de pot…. et nous voici à l’heure du crépuscule, avec ces 2 sommets enrosés avec les lumières du soir. Les étoiles pointent déjà, viendra la nuit, la voie lactée, les éclairs au loin (ce qui ne nous rassurent pas) et le dîner au chaud tous les 5 chez nous.

Les maux de tête se répandent aux enfants et à Sylvain. Une invitation au cinéma est lancée toujours chez nous pour nous 5 assis sous notre couverture polaire extra large! 21h, Alain part dans ses quartiers, au froid…. à 4008m d’altitude (la fraîcheur pique!) Nous nous endormons au bruit des gouttes sur la toile…. pourvu que l’orage passe loin!

8 commentaires sur “Pérou – La Cordillère et le début de l’aventure à 5 – J241 à J242

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  1. toujours un ravissement de vous lire ! Quel accueil pour le papy /papa / beau-papa ; des paysages grandioses , de bonnes conditions et des bivouacs ***** ! Dommage que le mal des montagnes vienne perturber ces moments heureux .
    ce doit être un grand bonheur pour Alain de partager une partie de votre périple !
    J’espère que l’orage vous a épargnés !
    allez, bon vent, dans le dos si possible !

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    1. Merci Mercedes et Daniel, n’ayant jamais abandonner le vélo, c’est avec un grand plaisir que je scrutait le possible pour rejoindre Sylvain et sa petite famille dans leur extraordinaire voyage.Je pédale,je savoure!!!!
      Bises à vous deux, Alain

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  2. Bonjour Sylvain Laetitia Emma Raphael et mon ami Alain
    C est un enchantement de vous suivre,de vous lire et plus encore , une démarche obsédante d’ouvrir internet chaque matin pour découvrir votre périple,votre aventure, vos photos . C est une immersion pour nous dans la vie de chaque pays que vous traversez . Félicitations aux parents et aux enfants
    Alain , mon ami Alain
    S il est un homme le plus heureux au monde en ce mois de septembre , . je suis persuadé que c est toi . Par contre j ose espérer que Arturo Huerta et Sylvain ont choisi le BON vélo!!!
    Par ce que  » faut pas déconner les gars à 4000m d altitude, chargé comme une mule , boire que de l eau du ruisseau ,coucher dehors sous la toile , être papy fusée ,
    attention faut le faire  »
    Chapeau bas Alain
    bon vent pour tous

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    1. Merci François pour ton chaleureux message.
      Je vis effectivement des instants riches en découvertes et en émotions dans un univers tellement différent de notre quotidien.Nous sommes très heureux de partager ce morceau d’aventure ensemble ,mes enfants et petits enfants commençaient commençaient bien de surcroît à me manquer un peu….. Alain.

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  3. Bonjour les aventuriers , un de plus en ce mois de septembre.
    Des paysages absolument sublimes avec ces sommets enneigés , et je reconnais bien les belles couleurs des marchés et des costumes locaux.
    Je lis avec bonheur que croc pérou et son équipage s’acclimate avec merveille dans cette nature à hauts sommets. Je constate sur ces belles photos que mon frêre Alain est bien « affuté ». Je suis ravie pour toi de cette belle aventure avec ta petite famille.
    Profitez bien et je croise les doigts pour que le mal des montagnes oubli un peu Laetitia .
    Bon pédalage à tous les 5 et gros gros bisous .

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  4. Alain va avoir droit au superlatif « Super Papy » dévorant les kilomètres « faciles »… bienvenue à lui dans votre périple, un mois au Pérou, une belle aventure , des photos extraordinaires et des moments inoubliables. Profite bien Alain se sont des instants à jamais gravés dans ta mémoire, Chapeau !!! tu as toute mon admiration.
    Que de bonheur pour vous quatre que d’avoir du renfort pour partager votre quotidien et ces moments merveilleux que vous côtoyer depuis huit mois.
    Bises à vous cinq !! et haut les coeurs !!

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