Pérou – De La Union à Baños, à nouveau sur les chemins…. J248 et J249


J248 – Samedi 11 septembre – La Union à Tantana 21km D+870m


Sur nos 2 jours à La Union (un seul prévu initialement mais le mental, les vélos et l’organisation des jours suivants n’étant pas prêts, on a préféré rallonger ce repos), nous avons pu faire découvrir le ceviche, la soupe de l’almuerzo et la papa rellena (purée de pomme de terre en chausson fourrée ici à l’oeuf et aux légumes) à Alain. Les enfants et lui ont pu se promener dans la ville en lui faisant apprendre quelques mots d’espagnol. Sylvain et Alain ont entretenu les vélos, trouvé une tablette en bois pour mettre un peu de poids sur l’avant du VTT. On a pu apprécier du pain cuit au feu de bois (pas aussi bon que nos pains français….mais on s’en rapproche!!!😋), des pizzas, des frites, des pains à l’ail…. On ne s’est pas laissé aller quoi!

C’est le moment de quitter nos chambres, de prendre soin d’Emma qui a été malade ce matin, l’agitation de la ville, le bruit des minibus qui rabattent d’éventuels clients dans la rue en criant, et d’accrocher nos sacoches et sacs sur nos 3 vélos (Sylvain reprenant encore la sacoche de nourriture en plus de la grosse des duvets sur l’arrière). Il est 8h30.
On s’attaque à cette route qui nous fait sortir de la vallée en 5,5km avec 10 épingles sur 300m de dénivelé positif pour arriver sur le plateau en 2h. La journée commence avec de la pluie fine, des nuages bas dans le ciel, de la circulation, des travaux, du goudron, des maisons construites en terre et paille avec le toit en tôle, des sourires de ses occupants, des chiens qui nous saoûlent, des trous dans la chaussée… mais surtout, une superbe vue sur la ville, sa vallée au nord et au sud, et ses montagnes qui l’encerclent. Les nuages avalent les cimes et remontent du sud chargés en pluie, d’où l’humidité et la fraîcheur qui nous accompagnent et ne nous lâcheront pas jusqu’au plateau.

Un village Gellaycancha en terre cuite, avec ses murets en terre et paille, idem pour les murs de ses maisons, avec autant de cochons en liberté que de chiens, nous étonne par son isolement et sa quiétude. Pas de tienda, mais des terrains de foot dans cette cuvette naturelle entourée de monts.

Le goudron s’achève à 2km de Huanaco Pampa et de son site archéologique que nous visitons entre les éclaircies et la pluie, quasi seuls. Centre administratif important de l’Empire Inca de 200 hectares, situé sur le plateau (pampa) de la rivière Vizcarra à 3625m d’altitude, les 4000 bâtiments ont été érigés au point médian de la voie Inca entre Cuzco et Tomebamba, aujourd’hui dans le sud de l’Équateur. Nous déambulons, grâce à nos guides personnels Emma et Raphaël, entre les quelques prémices des constructions Inca de la vallée sacrée au sud (près de Cuzco). Ce site stratégique est une jolie découverte, surtout avec 2 monuments qui nous marquent : le Ushnu (plateforme pyramidale au centre de la place) et les portes trapézoïdales en blocs avec des pumas sculptés.
La pluie nous rattrape sur la fin de la visite et nous incite à déjeuner sous l’abri occasionnel de nos vélos.


Notre route continue ensuite mais nous avons le choix pour aller à Baños. Raisonnablement nous prenons celle qui a le moins de kilomètres et le moins de dénivelé (100 de moins) mais avec un col plus haut et sans village pour se ravitailler. Pas de problème! Nous sommes autonomes jusqu’au lendemain midi. Juste l’eau reste à trouver mais vu les rivières dans le coin, ce sera vite réglé.
La terre, les cailloux sont préférés au goudron. Une nouveauté pour Alain plus rodé à l’asphalte et au vélo de route… Il se fait secouer avec son vélo moins stable que les nôtres. La pluie toujours présente ne nous facilite pas le pédalage ni le moral. 30km devant nous, 15 de montée, autant de descente… avec les roues qui glissent, sursautent, avancent moins sur ce chemin et l’altitude qui nous force à respirer davantage et à se fatiguer plus rapidement. Les coupe-vents puis les ponchos ne nous quitterons pas non plus, dommage.


Seccha, village parmi les montagnes qui se rapprochent, permet de remplir nos bouteilles de 7 litres pour ce soir. Autant de kilos en plus pour Sylvain et moi, dont on se serait bien passé. La météo, le peu de km parcourus, le sentier boueux et glissant, le temps passé sur le vélo, Emma n’étant pas bien, Raphaël dormant un peu, l’après-midi est un peu difficile pour nous. La pluie continue sans cesse. Pas de bivouac possible sur les bords abruptes du ruisseau que nous remontons dans la vallée.


Après 12km sur cailloux/terre/ boue (avec la pluie), des arrêts pour pépette pas au mieux, le retour de la poussée de nos 2 tandems dans la pente trop raide, 2 habitants nous indiquent le village suivant, Tantana, avec un lieu possible pour dormir… L’objectif est donné. Il faut tenir jusque là-bas. Vous nous connaissez maintenant. On y arrive, tard mais avant la nuit! Sylvain demande à des locaux confirmation de ce bivouac…. qui nous suivent pour nous montrer l’école et la cour en herbe qui nous accueillera ce soir. 17h, il était temps et nous sommes soulagés (adultes comme enfants qui sont fatigués mais bien courageux!!). Branle-bas de combat: les 2 tentes humides d’avant « La Union », sont montées. Toutes les sacoches mises à l’abri …. et la pluie réapparaît.

Les enfants jouent à l’intérieur, nous discutons un peu avec 3 agriculteurs du village qui compte 50 habitants et bien plus de vaches et de chiens!!! L’heure de l’école a sonné, lecture pour l’un avec Papy et mathématiques avec moi pour l’autre, pendant que notre cuistot attitré se charge du dîner. Sous l’abside ce soir, nous mangeons tous les 5 avec une quinzaine de bestioles. 20h, samedi soir, chacun dans ses quartiers, au chaud sans pluie et avec quelques étoiles qui brillent…. sous le ronronnement des ronflements de notre voisin.
On s’est gardé un peu de côte pour demain: 5km et 200m de dénivelé. On croise les doigts pour la météo à 4065m ce soir!

J249 – Dimanche 12 septembre – Tantana à Baños 19km D+315m


Plus ça va et moins on roule! Mais plus la route est exigeante! Équation normale!
Et puis, on profite de notre voyage, des rencontres, des paysages grandioses.
Ce matin, Sylvain et Alain nous ont laissé dormir jusqu’à 7h20. Et oui nous sommes dimanche, c’est grasse matinée!! Bon, j’ai bien attendu les croissants au beurre mais Alain n’était pas chaud pour aller les chercher!!! (La panaderia – boulangerie – était à La Union!!). 🤣
Le temps est nuageux et très frais ce matin, alors nous sommes bien couverts pour petit-déjeuner à côté de l’école du village. Carlos, un agriculteur d’ici et sa fille de 5 ans, Mia nous tiennent compagnie. L’occasion pour nous de comprendre mieux la vie des péruviens des montagnes: leur chien Sultan qui veille sur le bétail contre les pumas, leur fille unique, leur maison sans fenêtres, la rudesse de leur quotidien dans les champs isolés dans ces contrées… Comment ne pas être sensible à ses mots, à leur vie si loin de la nôtre en France, aux joues rouges de Mia que l’on a envie de biser, à l’aide de Carlos pour nous amener l’eau courante près de notre campement…. Une rencontre si forte et si courte. Il retourne à sa vie et nous à notre aventure en finissant de ranger nos sacoches sur nos vélos respectifs.


9h et nous enfourchons nos montures doubles et simples pour quelques kilomètres de côtes, nous amenant à 4150m d’altitude au col. Mais aujourd’hui point de photos à cet endroit symbolique. Le paysage nous a avalés. On en oublie le souffle court, la lenteur du pédalage et de l’effort. La vue, la grandeur des montagnes, leurs silhouettes si gigantesques à l’échelle des fermettes qui tiennent debout dans la pente avec leurs murets et leurs troupeaux de vaches ou de moutons. Alors ces 5km nous ravissent par la nature humaine avec Luis et sa famille. Encore une fois, à l’approche d’une maisonnée, 3 chiens aboient et viennent à notre rencontre les dents bien visibles. 1, 2, 3…. et toute une famille sort de la seule ouverture du bâtiment. Sourires aux lèvres. Luis, le plus âgé, nous demande une photo. Alors avec plaisir, nous nous arrêtons… et là, un ravissement! Luis, un phénomène en sourires et paroles rapides, nous serrent le poing, comme tous les membres de sa famille, et nous sommes englobés, pris dans sa sympathie sur ce bord de chemin. Des rires, des questions, des incompréhensions verbales (il parle vraiment vite 😆) mais un plaisir de se rencontrer, de se « trouver » mutuellement au milieu de nulle part. Quelle émotion encore avec cet éleveur qui nous parle de son travail, sa terre et nous remercie de nous être arrêtés!!! Le monde à l’envers. Des rencontres telles nous apportent et nous apprennent tellement, il ne peut savoir à quel point! Cela nous remet aussi à notre place. Nous fait redevenir humble en comprenant leur condition de vie, dans ses terres désertiques, froides, loin de tout mais proche de la vie, de la nature, de la famille, de l’entraide. Nous les quittons dans la grisaille de la côte, réchauffés de cet accueil, estomaqués par ce moment bien en mémoire.


La descente vers Baños, est enfin là et nous nous rhabillons chaudement en vue de notre vitesse rapide espérée ! Bon, point de dépassement de la vitesse maximale recommandée de 30km/h. Et pour cause: les cailloux, la terre, le fossé proche sans barrière de protection et surtout le panorama. Encore me direz-vous? Bah oui. On n’y peut rien: c’est sublime. Admirez vous aussi, avec les photos de Sylvain et vous vous rendrez compte que tout ce que je décris, ne peut représenter la réalité de la beauté des lieux. Les yeux et le cœur sont atteints.

Huaracayog, Pachacancha et San Luis de Ucrupampa, 3 hameaux sur les pentes montagneuses, seront vite traversés mais ils nous laisseront encore cette impression de vie rude, heureuse par les sourires et mains tendues des habitants allongés dans l’herbe, à cheval, remontant la pente pour accéder à la seule voie de communication, en tenue traditionnelle, à moto… Impressionnés par leur force de vivre ici, dans ces petites maisons en toit de chaume et murs de terre et de paille.
Les épingles, les virages, les quelques remontées nécessitant un petit bonbon Krema venu de France, les déshabillages et rhabillages, le demi-tour, les chiens, les cochons, les cailloux font partie de cette descente de 14km où nous quittons un monde à part pour la vallée et sa rivière.

Baños: ville touristique où nous serons les seuls « gringos ». Arrivés sur la Place des Armes traditionnelle vers midi, nous décidons de manger afin de mieux réfléchir à cet après-midi. 2 choix s’offrent à nous:
1)Profiter des bains chauds naturels de la ville à quelques kilomètres et donc rester dormir dans un hôtel ici.
2)Continuer à pédaler (car il est tôt et nous avons peu roulé ce matin) vers la Cordillère Huayhuash, en direction du sud et du plateau que nous devons atteindre 1000m plus haut (bien visible d’où nous sommes!).
Alors? 1 ou 2? Il aura bien fallu une soupe, un poulet et un refresco pour avoir notre réponse commune: la 1!

Un hôtel est ouvert de l’autre côté de la place et peut nous accueillir tous les 5. Bonne nouvelle avec le retour du soleil et des nuages blancs, pour aller aux thermes naturelles à 4km après avoir déposer toutes nos sacoches dans l’habitation. Changement de vélo à vide pour Sylvain et Alain, histoire de tester l’équilibre de chaque engin sur cette distance, et nous voilà arrivés aux thermes Del Inca, issues d’une source chaude à 20m de là, étonnés du lieu : à l’air libre, délimités par du grillage, les 2 bassins de températures différentes sont façonnés par de gros blocs taillés de façon Inca, où nous pouvons nous adosser. Malgré les 50cm de fond, nous ne voyons pas nos corps sous l’eau. Une seule raison de l’opacité de l’eau: les péruviens se lavent ici, les cheveux, le corps et même les vêtements dès l’arrivée de la source dans le bassin. Du coup, l’eau est grise impropre alors qu’un gros panneau leur interdit! Dommage, franchement. On profite tout de même d’une absence de locaux dans l’eau pendant 1h, du soleil et des nuages blancs, des montagnes tout autour de nous, puis nous leur laissons quand vient plusieurs familles pour leur bain du dimanche…

L’habillage en plein vent est rapide tout comme le retour au village en passant devant un tournoi de football avec 16 équipes, et devant l’arène pour les corridas.
Le bain nous a délassés suffisamment pour être complètement « carpettes ». Juste quelques forces en nous, nous permettent d’aller faire les courses à 5, d’acheter 2 glaces, du bon pain et du chocolat à faire découvrir à Alain.
Après le goûter dans notre chambre, les douches chaudes (merci les panneaux solaires, ce fut un véritable luxe pour nous 3 ce soir), la séance de cinéma peut commencer tous ensembles sous les couvertures. L’heure du repas a sonné mais un dimanche soir, après un tournoi de foot où tout le monde rapplique dans le village pour manger, cela donne: beaucoup d’attente et peu de choix! C’est malheureusement Sylvain qui part dans les rues de Baños pendant très longtemps pour satisfaire notre appétit du soir, pendant que nous écrivons.
La lumière sera éteinte bien tard vers 21h30!

5 commentaires sur “Pérou – De La Union à Baños, à nouveau sur les chemins…. J248 et J249

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  1. Quel bonheur de vous voir tous si heureux malgré la fatigue et les difficultés matérielles ! Alain et son grand sourire devant les victuailles locales, les enfants déchiffrant les prospectus du site Inca, la magie des plateaux d’altitude, battus de vent et de solitude. Magie des photos que vous nous offrez à voir, des chroniques toujours plus précises et vivantes. Infiniment merci… et surtout, gardez la forme. Bises à tous.

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  2. j’espère qu’Emma va mieux ! Encore bien des kilomètres dans le vent, la pluie, les cailloux, la boue … mais des paysages fantastiques et des locaux heureux de partager quelque temps avec vous , instants qui viennent rompre la solitude des uns et des autres !

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  3. Un petit coucou aux 5 aventuriers,

    C est un régal de vous lire et de regarder ces photos magnifiques qui nous donnent vraiment envie de découvrir ce pays. Vous nous epatez avec des records d altitude battus…..Félicitations !!!! Quelle preuve de courage, d abnégation…..et physiquement qu’ est ce que vous devez endurer. Le souffle doit être court à plus de 4000 m. C est tout simplement fou!!!
    J espère que vous allez bien, qu’ Emma a récupéré et qu’ Alain s adapte à cette vie d aventurier. C est vraiment bien de partager ça ensemble……On aimerait bien vous rejoindre nous aussi…..pour l instant c est à l état de rêves….On ne sait jamais.
    Ici les garçons ont repris le foot, entraînements et matchs….Lise va parfois au poney. Mais c est du sport 😀😀, de s organiser pour satisfaire tout le monde…surtout quand je travaille. C est Audrey qui doit tout gérer…elle a du mérite.
    Bon on continue à vous suivre même si nos messages sont espacés.
    Vous êtes nos héros!!!!
    Encore bravo, continuez à nous faire rêver.

    La famille VIGIER

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  4. Bonsoir les aventuriers,

    Encore une leçon de courage , altitude, froid ,pluie ,cailloux ,vous êtes trop fort tous les 5. Trop contente de voir vos sourires malgré la fatigue . Les rencontres ,les paysages suberbes et un grand dépaysement pour Alain quelle belle aventure vous vivez .
    En espérant que petite Emma va mieux et que les maux de tête sont derrière vous .
    Profitez bien, prenez soin de vous , plein de bisous à tous et merci de nous faire partager vos journées.

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  5. Coucou, hormis les magnifiques couleurs des paysages que vous côtoyez et que vous nous transmettez, j’apprécie la couleur des cyclistes : le maillot jaune pour Papy et Sylvain, le rose et le mauve pour les enfants rien de plus facile pour vous repérer sur les photos. Fabuleux pour vous d’avoir pu échanger avec les locaux dans ces endroits si retirés, si isolés, sincèrement, moi je ne pourrai pas vivre dans une maison sans fenêtre (non vraiment non)!!!
    J’espère qu’Emma va mieux et que l’effet altitude vous épargne désormais tous.
    De gros bisou pour Emma de la part de sa Mounette qui pense très fort à elle, mais aussi à Raphaël (futur guide), au Papy courageux et à vous deux pour votre force et votre volonté . Bizzzzzzzzzz

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