Argentine – La route des vins au sud de Cafayate – J644 et J645

J644 – Samedi 29 janvier – Cafayate à Fuerte Quémander – 68km D+290m

Merci au coq pour ce réveil matinal, « aïe, j’ai mal! », pas longtemps de toute façon avant celui de Sylvain. Pour m’accompagner au petit déjeuner j’essaye de réveiller les enfants… sans succès pendant 30 minutes, où le rangement se fait à l’intérieur de la tente bruyamment. Rien n’y fera.
Mais, la faim, l’idée des tortillas au beurre de cacahuètes lève Emma en première (une première celle là!) puis Raphaël bien après, avec les mêmes mais fourrées au Nutella. Bien longtemps ensuite, après avoir vérifié partout dans le bâtiment et autour de la tente, après avoir récupérés des sous-vêtements grâce à Marina, c’est le moment des « aurevoir », de l’essayage de nos vélos par Michele et Paches (sans pour autant concrétiser l’échange avec leur van VW…). Quelques tours dans le campement, pour eux et pour nous pour se faire filmer ou prendre en photo et nous les laissons. Paches chez lui, Marina et Michele vers le Nord. Quel coup de cœur ce couple! La tête ailleurs et les affaires aussi, Raphaël laissera sur place Arthur, son playmobil, qui devient le compagnon de route de notre couple rencontré, assis sur le tableau de bord de leur van.


Après un passage par la Plaza de Armas qui se remplit de stand, nous quittons la ville pour découvrir les vignes argentines par une belle piste cyclable. Les Fincas et haciendas, les vignes de grappes de raisins rouges ou blancs, les montagnes à l’horizon, les entrées en bois, l’absence de déchets, la quiétude des lieux nous font passer le pédalage bien plus vite. Le premier village Tolombon, est franchi 15km plus loin, avec sa piscine creusée sur la place principale de la route 40, à la vue de tous! C’est l’occasion de s’arrêter pour s’hydrater tout en mangeant les chocolats offerts par Michaela et Marina. Avant la crevaison, 1000m après, de la roue arrière de Couillot. De l’ombre, des petits fruits et un petit ruisseau pour faire patienter la famille pendant que le mécano procède à la réparation de la chambre à air.

Il n’est que 10h50 lorsque nous retrouvons la mythique Ruta 40, la plus mythique de l’Argentine, comme l’est la Route 66 aux États-Unis. Et sur cette route, nous ne sommes pas seuls. Des dizaines de bikers remontent au Nord et nous saluent au passage. Des centaines de scarabées suicidaires tentent, osent la traversée de la chaussée sur leurs pattes arrière… Des perruches par dizaines également dansent au-dessus de nous, quittent les arbres pour les pilones électriques et vice-versa. Le temps et les kilomètres passent mais pas assez vite selon Raphaël qui a déjà faim à 11h. Sauf qu’avec sa montre, il se rend bien compte que l’on ne mangera pas de suite… et je lui confirme avec la distance de 20km pour le prochain village où nous aimerions nous arrêter. On finit bien par y arriver en profitant de la vue de cette vallée du vin, où les vignes sont supervisées, observées par 2 chaînes de montagnes à l’est et l’ouest. Le recul que nous avons tout autour de nous, nous fait paraître si petits mais si chanceux d’être là sous le soleil et la chaleur.


A 12h45, on finit par arriver à Colalao del Valle et trouver la place centrale du village pour notre pause déjeuner jusqu’à 14h. L’ombre, le banc sous les arbres, les jeux d’enfants permet un arrêt agréable pour aussi régler mes vitesses… 2 faciles ne passaient plus et je me traînais dans les côtes!


L’après-midi, je vais aussi me traîner dans les côtes mais là aucune excuse pour moi. Flûte! Je peux dire que c’est le paysage qui me fait ralentir pour l’admirer, les rencontres avec un couple de néerlandais en tandem venant du Sud, les passages dans l’eau qui coupent la route plusieurs fois et où l’on ne tombe même pas malgré les nids de poules cachés sous l’eau marron. Le Rio Santa Maria est sorti de son lit et prend ses aises sur la route ou à côté formant des torrents marrons. On les passe, sans aide mais ce n’est pas faute qu’une fois, un pick-up à fait demi-tour pour savoir si tout allait bien et s’il pouvait faire quelque-chose pour nous!
L’après-midi passera moins vite, les kilomètres seront comptés sur les bornes visibles pour nous motiver, la soif revient, la sieste prend Raphaël, la nature est omniprésente, les villages absents et l’ombre est guettée. Mais toujours dans le même panorama de montagnes et de vignes.


Le décompte depuis le midi de 33 à 0 ne se termine qu’à 17h à Fuerte Quémander, lorsqu’après un arrêt à la supérette du village, la seule d’ouverte, nous passons devant le camping municipal. Nous hésitons encore à poursuivre 10km de plus mais les troupes et mes jambes sont nazes (au détriment de Sylvain en grande forme). On questionne les 2 employés municipaux qui gèrent les tables de pique-nique. Nous pouvons camper, utiliser les sanitaires ou la piscine sans souci avec les 4 tablées d’Argentins venus ici passer leur samedi en musique.
La fin de journée est bien évidemment passée très vite vu l’heure d’arrivée au campement. La tente est montée, les enfants sont dans l’eau froide avec le maître nageur qui les encourage et la préparation du repas à 19h30 avec un compagnon à 4 pattes se fait entre adultes. Tout cela avec la musique à fond d’une quinzaine de personnes. Les moustiques nous accompagnent au dîner et le grattage qui s’ensuit aussi. Mais on est confiants pour la nuit en allant se coucher dans la foulée, malgré la luminosité du soleil.

A 1891m ce soir, le temps ne passe pas à l’orage, dommage. Je vous explique: les enfants arrivent à s’endormir malgré le fond musical et les luminaires juste au-dessus de la tente. Pour Sylvain et moi, c’est un peu plus compliqué avec notamment l’écriture. Mais vers 22h30, on est au pays de Morphée, jusqu’à ce que quelqu’un s’entrave dans notre tente, que tous les autres rigolent fortement et nous réveillent en sursaut tous les deux en panique. Le coup de flippe passée, c’est l’inspection de l’état de la tente: un arceau de cassé… et personne qui vient s’excuser! La tente est montée à 2m de la clôture en fil barbelés avec des plantations dans cette distance. Il n’y a donc pas de place pour un passage. Que venait faire cette personne ici?? Bilan: une réparation à prévoir, de la musique toujours très forte pour que tout le village apprécie et 2 adultes sur les nerfs ne pouvant se rendormir… Pas cool. La nuit va être longue!

J645 – Dimanche 30 janvier – Fuerte Quémander à Punta de Balasto – 40km D+285m


Oh que la nuit fut mauvaise. Comme dirait ma mère: nous avons bien mal dormi! Ce n’est qu’à 7h30 que nous ouvrons les yeux, tous les 3, Sylvain bien sûr étant déjà bien réveillé. Mais on n’est pas pressés pour sortir de la chaleur de la tente, entre les 2 moustiquaires… Alors, on replie les duvets et les matelas dans leur pochons ainsi que les vêtements histoire de se lever en douceur, et nous commençons notre petit-déjeuner sur la table, bien couverts… avec notre copain à 4 pattes d’hier.


Ce n’est qu’à 9h30 qu’on laisse le campement de Fuerte pour la Route 40, en commençant par quelques légères côtes parmi des maisons et beaucoup de forêts qui nous encerclent. L’ambiance est différente de la veille. Les collines sur notre droite se sont rapprochées et parfois nous passons à leur pied. En ce dimanche matin, la circulation est dense jusqu’à Santa Maria, à 10km, avec le soleil, les champs cultivés, les virages et les dos d’ânes à l’envers pour laisser passer l’eau. La musique dans les oreilles, la tête dans les nuages, nous pédalons bien avec les 2 tandems et arrivons rapidement à la ville. Quelques courses sont nécessaires puisqu’après nous n’avons que 2 hameaux sur 120km… Et c’est ce que nous faisons, prévoir pour aujourd’hui et demain afin d’être autonome, même en eau! On en profite pour visiter la ville mais sans s’y arrêter plus longuement, il est encore tôt.  Pas de Plaza de Armas mais plutôt la recherche d’un point Western Union. Mais aucun ne sera ouvert ou habilité à le faire. On en sort, sans coup de cœur, et reprenons nos habitudes de pédalage.


Loro Hasi et La Loma sont les 2 hameaux suivants, où quelques maisons et tiendas ont pignon sur rue. Les gens nous questionnent au passage toujours dans le même cadre, qui fait plus penser à l’Amérique Centrale. Beaucoup de végétation, peu de déchets, ça c’est agréable. Et que 12km avant San José. Là-bas sûrement, il y aura la pause méridienne. Et c’est réellement le cas. Un bon pique-nique à l’ombre sur un banc, face au parc des jeux métalliques pour les enfants avant, pendant et après le repas, et le soleil est toujours là. Il commence à faire lourd même à l’ombre des arbres dont ce sapin de 12 ou 15m selon les loulous. Heureusement, la place est pourvu de fontaine d’eau potable. De quoi? Oui, oui. Potable au robinet! C’est enfin possible et cela nous facilite la vie et la conscience environnementale. Alors les 10 litres sont remplis, plus les 6 litres précédent. Oui, Sylvain est bien chargé pour démarrer l’après midi. Peut-être que cela le freinera un peu et que j’arriverai à aller à la même vitesse que lui. Bon, non, vraisemblablement, non! Il est toujours devant avec Emma. Quelques tours de roue et la famille Campos nous arrête un verre de Sprite pour nous à la main. Le chorizo et la viande nous sont proposés mais on décline l’offre, sortant de table! Quel accueil et quelle générosité de la part des argentins. Une belle surprise pour nous. C’est franchement agréable tous les jours.


Et puis, les hameaux se raréfient, les passages des rivières sont remplis d’eau avec un bon courant et ensablés. Nous devons poser les pieds dans l’eau et pousser sur ce sol trop meuble. L’après-midi me paraît bien plus long que le matin.  La chaleur est omniprésente. La végétation change et devient plus éparse. Les champs cultivés de maïs ou quelques vignes sont moins nombreux que les parcelles privées n’ayant que des buissons ou des arbres éparses. Le sable est partout. On se sent plus éloignés. Plus seuls, même si nous croisons des chèvres et des chevaux en liberté. Les montagnes nous font comme un cortège dans la vallée qui monte continuellement jusqu’à 2167m, altitude de notre  bivouac du soir. Nous le trouvons à 18km de notre déjeuner pour 2 raisons: il n’y a aucun pieblo sur les 80km suivants et il est nécessaire demain d’avoir de l’eau avant de partir, et il pleut. Oui oui. Les nuages blancs sont arrivés, suivis de nuages gris accrochés aux cimes des montagnes. Certaines sur la gauche ont même leur cime tout blanche. Les pieds sont d’abord mouillés pour les adultes, puis c’est le reste du corps.

Punta de Balesto est juste 2km après l’arrivée de la pluie. On s’y réfugie sur la place centrale et questionne le voisin pour un lieu de bivouac (en pensant ici même!). On aura mieux que ce parc: le parvis de l’église du village. Des cyclos y dorment souvent, c’est autorisé par la communauté et ouvert encore aujourd’hui. Sylvain y part pour vérification et c’est possible de s’y installer. On pousse sur quelques mètres nos vélos, dont le Couillot avec son pneu arrière bien à plat. Et nous voilà, sous l’appentit de la salle attenante à l’église. Quel soulagement d’être à l’abri dans un lieu si paisible. L’orage peut venir maintenant, on est prêt.


La fin de journée est ponctuée par le nettoyage de la tente intérieure vue que l’on s’arrache les cheveux avec les fermetures éclairs (ça n’aime pas le sable!), la réparation de la chambre à air (plus toute neuve malgré 2 jours de vie), l’éloignement de l’orage qui ne fera pleuvoir que quelques gouttes, l’approvisionnement en pain fait maison à la tienda à l’entrée, la mise en séchage de ladite tente, le jeux des enfants dans le jardin de l’église avec 2 bâtons, la mise et place des matelas etc, le visionnage de plusieurs émissions de « C’est pas sorcier » (dont celui sur les orages, tiens donc!), la visite de l’église et un petit don par Raphaël…. et l’arrivée de Romain. Un cyclo et français en plus! Il remonte depuis le Sud et vient aujourd’hui de Belen (notre destination pour après-demain). Il carbure bien malgré ses nombreuses sacoches et son nounours! Vu notre vie sociale peu fournie, nous lui sautons dessus pour discuter avant même qu’il monte sa tente dans le sable à côté de nous, sous l’appentit. Nous le laisserons respirer mais continuerons à discuter en allant se ravitailler pour l’apéritif ensemble, en mangeant l’apéro, en cuisinant et en dégustant notre dîner que l’on se partage volontiers.

Cela fait plaisir d’échanger en français nos expériences voyageuses… jusqu’à la nuit à 22h. Les étoiles sont sorties quand les quenottes sont nettoyées et que nous nous plongeons dans nos tentes respectives, sans moustiques, sans vent, sans bruit et sans chaleur. Un délice cette nuit qui s’annonce.

6 commentaires sur “Argentine – La route des vins au sud de Cafayate – J644 et J645

Ajouter un commentaire

  1. A nouveau de bonnes côtes sur cette route 40 semble t il pour passer les 2000 m d’altitude….
    Toujours aussi généreux votre petit Raphaël avec cette offrande et son goût du partage.
    Et mes encouragements au Couillot qui faiblit assez fréquemment maintenant !!!mais je ne m’adresse ici qu’au vélo.
    A bientôt Emma, je t’embrasse.

    J’aime

  2. Je réponds aux 3 derniers articles en même temps, que de belles photos, de belles rencontres, de visages souriants et d’enfants épanouis, merci pour la découverte de l’Argentine que je connaissais très peu et des gentils Argentins !!! ça donne envie d’y aller… bonne continuation et à bientôt. Annie-France

    J’aime

  3. Coucou mes argentins chéris, une bonne progression sur la route 40 avec des paysages magnifiques et des rencontres qui font chauds au coeur, bravo à vous. Bravo à Raphaël pour son « obole » et sa grande générosité.
    Continuer votre route en toute quiétude et ravissez nous avec vos photos. Gros bizz

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :