Argentine – « Le vent à décorner les boeufs » – J701 et J702

J701 – Dimanche 27 mars – La Amarga à Calcatre – 51km D+394m


NB: Lors de l’écriture de cette journée, le soir du dimanche, j’avais fait une erreur. Je pensais que nous étions le J700. J’avais oublié une de nos dernières journées de repos!!! Désolée!

On l’a bien fêté cet anniversaire, ce 700éme jour… On a bien mérité une bougie pour la peine. C’est le mot: peine! Mais il va avec celui-ci : aide. Les deux mots du jour.
Ça commence cette nuit, avec un vent de fou, qui ne s’arrête pas, qui fait trembler notre tente pourtant à l’abri derrière la maison, pourtant experte pour la Patagonie, c’est vous dire la force et la vitesse des vents. On pencherait pour un petit 80km/h facile. Normalement, ça se calme pendant la nuit… Pas cette fois! Sylvain me réveille mais entendant toujours le vent gonfler la tente, je dirais qu’il est minuit et que cela va se calmer par la suite… mais non, c’est déjà 7h30. Quelle impression de n’avoir pas dormi cette nuit, avec le chat des voisins qui est venu planter ses griffes dans notre toile. Celui-là, il s’est fait recevoir.
Comme un accord, on ne se lève pas tout de suite, ce n’est pas la peine, on n’avancera pas, ce pourrait être même dangereux sur la route. Quitte à passer la journée ici sous la tente. Alors on prend son temps et on paresse en attendant une accalmie. Elle arrive après 8h, où on commence à faire la course pour ranger les duvets avec les enfants, à petit-déjeuner sous l’abside, à ranger et mettre en sacoches nos affaires en faisant attention de bien refermer ensuite, de bien caler tout ça, sinon c’est la perte assurée. Maurizio aussi plie. Maurizio aussi a passé une petite nuit dans sa tente. Maurizio aussi a eu la visite du chat qui est montée entre ses 2 toiles.


A 9h15 pour lui, 20 pour nous, les 2 équipages quittent le hameau, coiffés par le vent. Quel sentiment de solitude quand on pédale sur cette route, le vent nous faisant courber le dos, les yeux sur son équipier, on est seul. Seul contre ce vent de côté qui va nous user toute la journée, qui sera notre ennemi aujourd’hui, qui nous isolera du son de la nature, des véhicules, des rapaces, de la musique, de Raphaël, nous assourdissant. On lutte déjà dès les premiers kilomètres et ces continuels reliefs de la croûte terrestre, « va et vient » de montagnes russes. Lors de la première côte, une voiture nous croise et fait demi-tour, revenant devant nous pour s’arrêter. Un couple de brésilien, Susana et Giovanni, descendent et nous photographient, lui étant journaliste et photographe. Nous discutons forcément quelques minutes sur le bord de la route avant de s’échanger nos « cartes », et qu’ils nous aident. De l’eau et du jus de fruits, de quoi prendre des vitamines et s’hydrater, ce qu’il nous manque terriblement.


Nous continuons la route, dans ce désert, dans ce vent qui nous pousse vers le centre de la route, qui nous déstabilise par rafales, qui nous réduit l’allure. Nous arrivons à naviguer dans ces eaux troubles 15km en 2h15, avec des côtes mais aussi des descentes dans lesquelles nous sommes obligés de pédaler, le comble. Faut dire que nous avons été une seconde fois à l’arrêt, par plaisir toujours. Une voiture s’arrête quelques mètres devant nous avant une grand côte: c’est Mariana et Horacio, deux argentins, mais lui d’origine allemande (son grand père émigra ici en 1913). Si l’on connaît tout cela, c’est dire que nous avons bien discuté tous les 4. Mariana craque littéralement pour nos loulous, nous pour eux, pour leur sourire, leur gentillesse qui se dégage d’eux. Ils rayonnent et nous percevons leur chaleur. Ce fut un plaisir de les rencontrer, sincèrement. Nous n’avons même pas pris leur coordonnées, et c’est un regret de notre part! Croisons les doigts pour les revoir sur San Martin où ils ont prévu d’aller ce soir. Avant de les quitter, ils nous offrent des biscuits aux pépites de chocolats et graines de sésames, un délice. On les a partagés tous les 4 à la suite, sur les vélos en avançant. Nous avons faim et ce petit plaisir nous comble. C’est fou!


La suite fut tout aussi difficile que le début, avec cette sensation de ne pas progresser, de se fatiguer. Les loulous nous aident bien, mais cela ne suffit pas pour parcourir beaucoup de km. A 12h30, un peu d’espace en sable, sans buissons, sur notre gauche, nous sert de cuisine. Le pique-nique est copieux, et tant mieux! Avec le jus de fruits du couple de ce matin, bien sucré, bien savoureux, nous avons une petite touche de changement. Cela nous requinque et remotive pour continuer. Pas le choix. On vise une maison abandonnée à 33km pour y dormir et s’y abriter du vent. Toujours sans musique, avec coupe vent, tour de cou pour bien se protéger de cette fraîcheur et claque en continu, on poursuit les 12km de côté avant le col. Le vent nous contraint à être attentifs constamment, à avoir bien en main le guidon, à forcer dessus pour éviter de trop se déboîter sur notre gauche, à pédaler légèrement vers notre droite contre ce vent pour aller droit. C’est épuisant.


Les virages, les vagues du relief, les collines et Cerros qui se découvrent au fur et à mesure de notre avancée, les champs, le bétail, le sable, les touches de verdure de moins d’un mètre, les entrées d’hacienda en clôture en bois, les maisons isolées entourées d’arbres, les seuls… Le paysage est bien sec, bien désert. Mais pas notre cœur! Malgo, un jeune italien, s’arrête dans le sens inverse avant le col pour nous offrir des fruits, en s’excusant: il a donné de l’eau à Maurizio devant nous et n’en a plus. Adorable! Cyclo ayant voyagé en Argentine, il connaît les manques possibles et nous invite même chez lui à El Bolson, à 478km d’ici (il suffit juste de récupérer son numéro qu’il a donné à Maurizio). Encore une aide, une rencontre éphémère dans le temps présent mais si forte dans notre mémoire et pour longtemps. Nous atteindrons enfin ce col et passerons de l’autre côté, avant de remettre toutes les couches possibles de vêtements.

21km de plaisir en descente sont devant nous! L’extase… mais pas vraiment. Car ce vent est toujours là, de face. Nous mettrons 2h30 pour les faire. Pour se faufiler entre les Cerros, vers ces petites vallées, ces petits passages dans la nature. Les rapaces nous suivent toujours aujourd’hui, seuls animaux que nous verrons, qui dansent dans le ciel juste au-dessus de nous. Ils nous redonnent un semblant de sourire, une divergence quelque secondes où nous ne pensons pas à cet ennemi, à cet empêchement qui réduit notre capacité à arriver à l’objectif du jour. Quand nous regardons la montre de Raphaël, nous hallucinons de notre vitesse. Il commence à faire moins chaud, le soleil décline, les voitures sont moins nombreuses. Un van nous double à 16h avec Carlos au volant (vous devinez bien que sachant son nom, nous avons dû discuter ensemble…) qui nous demande si nous avons besoin de quelque chose. J’ose lui parler de notre manque d’eau. Il s’arrête de suite devant nous et ouvre son coffre pour en sortir un jerrican et remplir la gourde de Raphaël. La mienne, je n’y ai pas touché de la journée, de peur de manquer d’eau pour ce soir et demain. On discute avec ce suisse qui parcourt le pays et a fait du vélo plus jeune (il a plus de 70 ans maintenant), nous donne son numéro pour que l’on se voit à Bariloche, plus au Sud… et pour que les enfants dorment dans le van au chaud. Il a vu le vélo de Sylvain plus loin devant et part lui proposer également de l’eau. Quelle aide encore que nous apporte cette route! Quelle leçon aussi!
14km encore de descente possible. Bon, on n’est pas dupe maintenant. On sait que l’on va encore pédaler sur le plus petit plateau, qu’il va falloir bien se suivre pour que je puisse profiter de son appel d’air et arriver à garder le rythme. On mettra encore 2h! Oui 2h pour 14km en descente. De quoi décourager.

Heureusement, à la vue de la maison abandonnée, les enfants aperçoivent Maurizio et son vélo et sont fous de joie! Il n’a pas planté la tente, juste s’est reposé en lisant depuis son arrivée il y a 3h. Ce fut tout aussi dur pour lui, en pensant en avoir fini avec l’effort au col… Sylvain part débusquer un endroit propre. Ce n’est pas à l’intérieur du bâtiment servant de toilettes maintenant. Devant le site, on est exposé au vent et au bruit de la route. Mais plus bas, près de la clôture, des arbres et de l’herbe font office de camping. On y embarque Maurizio, ses sacoches et son siège! Le campement se monte, chacun ayant trouvé un coin à l’abri du vent et sans chat!! Les enfants aident Maurizio a monté sa tente, le photographie, lui prête notre balai naturel pour son emplacement. La tente est montée ainsi que l’intérieur. Pas d’école ce soir, la maîtresse est fatiguée et les enfants…. non! Mais eux, après 9h sur le vélo, c’est mieux qu’ils jouent, qu’ils se défoulent, qu’ils inventent un siège avec les pierres trouvées, qu’ils sauvent un papillon de nuit, qu’ils démarrent et s’occupent du feu de papa. Une petite flamme va vite nous réchauffer et nous permettre de cuire le repas. Notre ami vient partager ce moment avec nous, pendant que nous mangeons. Cela fait du bien, de discuter de nos histoires de voyages, de savoir qu’il a pris une année sabbatique et qu’il va ensuite remonter sur la Colombie (et de repenser à notre parcours), de rigoler en sachant qu’il a emporté 10 tee-shirts avec lui et tellement de pantalons! C’est son premier voyage et nous avions fait aussi des ajustements par la suite. Il a le sourire facile et communicatif. On en profite car bientôt il ira plus vite, pour arriver sur Ushuaia début mai (2 mois avant nous …).


Le repas fini, un peu de chaleur autour du feu, de ses braises pour encore quelques minutes ensemble, donne une impression d’aurevoir. De fin de vacances. C’est le moment de rentrer chez nous à la nuit. La journée fut longue et on a envie de s’allonger, de détendre les jambes, de se mettre au chaud, d’écrire, d’écouter des podcasts, de se faire des câlins, d’écouter la musique, de s’endormir mais de se reprendre pour finir de coucher sur le téléphone à 22h38 cette 700ème étape de notre voyage dans la toile.

J702 – Lundi 28 mars – Calcatre à La Rinconada Rio – 45km ++ D+317m


J’ai fait la sourde oreille ce matin à 7h30 quand mon réveil matinal est venu, a vu mais ne m’a pas vaincu. 😁 Je me suis rendormie 30 min puis j’ai entendu Loulou s’habiller car dehors, il fait froid. Étonnant, non? C’est au tour d’Emma de se réveiller en douceur et de venir près du feu pour petit-déjeuner ce qu’il reste. Autant dire que le repas en lui même sera court après la dernière et seule cracotte, idem pour les biscottes. On ressort les vieilles céréales, cela a le mérite de liquider. Mais sinon, le moment du repas est long pour eux puisqu’ils aiment mettre des bouts de bois, rigoler, jouer, raconter leur nuit, chercher d’autres bouts de bois, les mettre aussi dans le feu…. Et pendant ce temps? Les adultes remballent, démontent la tente sous le vent en s’allongeant dessus, font la vaisselle au papier toilette faute d’eau et de sopalin, rangent le peu de nourriture qu’il reste… jusqu’à l’heure fatidique de 9h20. Et nous sommes prêts avant Maurizio, enfin 2 minutes avant lui sur la route 40. On ne le reverra pas de la journée, il va bien trop vite pour nous.


Allez, à nous l’asphalte, à nous le soleil, à nous la côte, à nous le vent, à nous le vent… Je l’ai déjà dit mais aujourd’hui, il en vaut deux. Plus fort qu’hier, à quelle vitesse va-t-il? 80km/h? Toujours sur notre côté droit, de l’ouest, il nous secoue déjà à cette heure-ci, il passe parfois par rafales, et nous déstabilise vers le milieu de la chaussée. Les débuts sont plats, ce qui nous aident à prendre nos marques, à sonder cet ennemi du jour pendant 4km. Puis vient la côte de 12km, lente, progressive qui nous fait passer près du Cerro Mesa, près d’une ferme entourée d’arbres qui nous abritent un temps, près de nos parcelles de désert si souvent aperçues, près de bétails. Nous nous élevons et déjà 10km de pédalé lorsqu’à 11h, une pause fruits donnés par Malgo hier, est improvisé au soleil. On a un peu faim avec Sylvain ce matin, en manque de notre carburant naturel. Il reste peu de km avant la fin de la côte, ce qui est motivant, mais un petit imprévu nous retarde. 1km avant la fin, ma roue arrière est à plat. On descend de suite du vélo avec Raphaël et courons sur le bord de la route pour rattraper le Panzer, 500m plus loin. Les cris (en vent de face n’ont pas d’impact), les gestes non plus, ni notre course. Raphaël tombe et pleure, mais pas de douleurs, de fatigue, me dit-il. On continue jusqu’au sommet où le vélo s’arrête et enfin, ils nous entendent. Demi-tour, je prends Raphaël sur le dos, puis il finit sur les genoux d’Emma pour retourner au Couillot à 1km plus bas dans la côte. De retour à pied, Sylvain est déjà en train d’enlever l’épine dans le pneu et de vérifier le liquide anti-crevaison dans la chambre à air. Les loulous sont à l’abri de grosses touffes d’herbe en train de jouer avec un gant et un bâton. Une petite collation en prime, et lorsque notre mécano a fini de réparer la roue et de la remettre en place, nous nous y remettons et refaisons ce petit bout de côte passant devant un hameau de 4 maisons et son école. 


Le plat arrive ensuite, qui normalement devrait être plus facile pour nous, mais le vent en décidera autrement,  lui qui n’a aucun obstacle, juste cette guitoune en bois qui fait office d’arrêt de bus. Ce sera notre salle à manger du jour, assis sur les bancs intérieur, à trouver ce que nous pourrions déguster ce midi. La pause est courte car le vent forci encore. Il faut déjà repartir. Et ce n’est pas un plaisir. Nous continuons sur le plateau qui est censé être en léger faux plat descendant. Mais ça, on ne le remarquera jamais. Tête baissée, nous avançons. A partir de là, je ne peux vous décrire le paysage. Je n’ai rien vu, pas au-delà du mètre devant la baume de notre tandem. La casquette bien vissée sous le casque, elle me protège le visage du vent et m’aide à être moins au vent aussi. Raphaël se protège tout autant avec les lunettes et son tour de cou jusqu’aux oreilles. On avance en suivant la ligne blanche sur notre droite. C’est ma ligne de conduite pour les 10 prochains km, en ayant toujours l’œil sur mon rétro et les mains bien crispées sur mon guidon, à en avoir mal aux épaules. Ne rien lâcher, tenir contre ce vent, revenir rapidement à droite à chaque bourrasque, c’est à dire, toutes les 10s. On tient.

On lâchera seulement, en passant devant deux maisons, où nous toquons. Pas de tiendas ici, mais la propriétaire peut nous donner de l’eau. Et nous indique une petite tienda en face, de l’autre côté de la route, derrière la maison. J’y vais avec Raphaël et revient avec des galettes sucrées et salées, des fruits au sirop en boîte de conserves et un jus. De retour auprès de la famille, on est heureux de notre butin, Sylvain et Emma aussi avec 6 oeufs! Un virage après toute cette ligne droite et rebelote on repart pour 10km avec le vent cette fois-ci un peu de l’arrière. Le soulagement en passant près de ces forêts plantés, de ces rocks qui nous abritent, de ces encouragements par les conducteurs, et de la seconde guitoune en bois. Il est 16h et on a parcouru 38km depuis ce matin. Il nous reste 10km de descente de 400m négatif.

Mais, la route tourne vers l’ouest… face au vent. Même là, nous ne serons pas épargnés. Au vent, s’ajoute le sable, le piquant, celui qui vole pour s’insinuer partout, sous les lunettes, celui qui fouette aussi les jambes ou les mains. On se fixe le début de la descente où nous serons protégés par les bas côté et le plateau que nous quittons. Les rafales sont toujours légion et nous débordons trop parfois sur le milieu, mais maintenant les yeux nous brûlent par le sable. On ne peut plus avancer mais on tient. Ne pas poser le pied à terre, c’est la devise depuis hier. Elle ne tiendra pas. Le sable nous harcèle, nous fait mal, nous aveugle et malgré tout, on pédale. Seulement quelques mètres. A contre cœur, les 2 vélos s’arrêtent. Impossible d’avancer en sécurité. Trop dangereux entre les éventuelles voitures, le sable tournoyant et le précipice. Quelque pas à pousser le vélo bien difficilement, même ainsi. Un virage et on réessaye mais on mange du sable, on ferme les yeux pour s’épargner. Il faudrait filmer car personne ne nous croira. Mais l’importance est ailleurs, descendre, avancer, se sortir de là, vite. Alors, on recommence l’expérience on pédale à fond, on pose le pied à terre, on pousse et on sort de ce virage. On a le vent légèrement de dos en longeant la paroi du plateau, en dansant nous-mêmes avec le sable qui part en l’air comme des tornades ou qui glisse sur le goudron, qui le frôle avant de s’envoler. Mais les tandems passent à travers tout cela, ça y est: on descend enfin. On voit la route creusée dans la paroi qui file vers un passage entre les 2 plateaux se rejoignant. En bas, une cuvette plane où seuls quelques arbres se battent avec le vent et le sable. C’est une image rare, j’espère que Sylvain pourra l’immortaliser. En sécurité sur la route, je propose à Raphaël de regarder cette scène du sable qui s’envole, emporte la nature sur son passage, la couvre.

La descente de 4% devrait nous aider à avancer, à nous reposer. Il n’en est rien: nous pédalons péniblement pour essayer de garder un rythme avec le plus petit pignon, celui utilisé dans les côtes habituellement. C’est le monde à l’envers avec ce vent. Encore lui jusqu’en bas, jusqu’à la rivière. La Rinconada est indiquée mais le hameau est plus loin. Pour l’instant, ce sont les travaux pour le nouveau pont en construction, la poussière qui s’y dégage, le sable qu’ils prennent du Rio, et celui qui vient d’en face par le vent, dans les airs et dans notre visage en direct. Le bivouac espéré se trouve après l’ancien pont à une voie. Le Panzer s’y engouffre mais le vent aussi, perpendiculairement à lui. Il emporte le pneu accroché derrière le vélo, et fait parfois aller Sylvain en zigzague. Je ne le sens pas avec le poids du vélo, le risque d’être déséquilibrée au-dessus de l’eau, très peu pour moi. Je pose un pied à terre et pousse mon Couillot. Même comme cela, c’est dur de garder une ligne droite. Un camion derrière nous ralentit, prend ma vitesse de piétonne, attend patiemment que notre vélo traverse. Une fois arrivés sur l’autre rive, je reprends la selle et remercie chaleureusement le conducteur patient qui a créé un embouteillage derrière lui et qui n’a pas essayé de nous dépasser. Merci!
L’entrée du bivouac est à 100m sur la droite, juste après le panneau: « prohibido de acampar ». On ne pourra pas dire que l’on n’a pas compris puisqu’il y a le dessin avec. Mais à l’heure qu’il est (plus de 17h), avec le vent de folie, les 30km encore avant Junin, la première ville, la côte juste après, on ne peut continuer en sécurité. Et puis, l’aventure nous a appris aussi que parfois, vaut mieux être prudent. Ce que nous faisons et pourrons expliquer éventuellement. L’avantage d’être en semaine, hors des vacances scolaires devraient jouer en notre faveur pour que personne ne vienne ici faire un tour et nous déloger.
Après une longue inspection par Sylvain, le troisième emplacement sera privilégié à l’abri du vent, du sable et des grands arbres morts. La tente est montée, la cabane des enfants, nos voisins, aussi. Nous serons même invités chez eux pour une visite. Excellent! Tapis avec un carton trouvé, pancarte de bienvenue avec un caillou en forme de cœur où est écrit au charbon d’un ancien feu ces quelques lettres, une baie vitrée donnant sur leur jardin et piscine (la rivière), des petites plantations… Quelle imagination. On les laisse s’y amuser, peu importe l’heure. Ils ont besoin de ce petit temps. Nous, on a besoin de manger, de disposer les lits et affaires à l’intérieur, de souffler après ce passage grisant, inquiétant, fortifiant, qui nous aura beaucoup demander mais qui m’aura fait sentir vivante, forte.


Un peu de vaisselle dans le Rio après 2 jours au lavage de papier toilettes, et la cuisson démarre de notre repas du soir, sous le vent qui ne faiblit pas mais qui amène avec lui de gros nuages de pluie… Les enfants se font laver par papa avec l’eau du filtre, le gant et le savon. Vous auriez vu leur visage tout noir! Les oreilles, ce sera pour demain si on arrive à Junin, pour y enlever tout le sable incrusté.
Nous mangeons sous l’abside, au chaud, avant que quelques gouttes nous fassent sortir en vitesse pour la salle de bain. Le coucher est à la suite. Mais une petite séance de cinéma est proposée aux enfants qui nous ont beaucoup aidés. Ils ont été très courageux, ont subi sans râler, sans protester toujours avec des encouragements. Alors « Titanic », nous voilà…. pendant que certains adultes s’endorment et que d’autres adultes écrivent. Les enfants sont captivés par ce film pendant la première heure et demi (au lieu des 30 min convenues… mais profitant de la sieste de Sylvain).
21h, l’écran est éteint, un petit tour dehors pour Sylvain et moi pour admirer la voie lactée et l’absence de nuages, une bonne nouvelle… mais toujours un peu de vent!

6 commentaires sur “Argentine – « Le vent à décorner les boeufs » – J701 et J702

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  1. Deux reportages reçus dans la nuit ! Avec l’évocation du Canal du Midi en prime et le vent, le vent, le vent. Celui d’Autan que nous avons eu à Toulouse pendant des jours et des jours où je me disais qu’il ne fallait surtout pas sortir le vélo ! Vous l’avez largement vécu et décrit, le vent, pour un cycliste, c’est pire que les côtes ! Avec votre impédimenta, quelle prise a-t-il pour vous abattre ! Je vous souhaite des jours meilleurs avec le vent dans le dos par exemple et sans le sable en tempête ! Vous en mangez, mais il ne nourrit pas ! Immense Patagonie. Une amie chère, écrivaine connue en Occitanie, à écrit en 2020 un très beau livre qui porte ce titre « Patagonie » même si l’action se déroule principalement près de Buenos-Aires, je vais le ressortir et penser à vous quatre, courageux aventuriers.

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  2. Bonjour tous les 4,
    Je suis en train de lire « Au coeur des extrêmes »de Christisn Clot , et bien en lisant vos dernières journées j’ai l’impression de lire des pages de mon bouquin. Braver les milieux hostiles de la planète , vos capacités m’impressionnent . Vous êtes trop fort ,courage à toute épreuve, et vos loulous chapeau! Bref je suis tellement émerveillée par vos efforts et votre tenacité.
    Le vent en Patagonie est réputé extrème , vous l’avez vécu donc vérifié!!
    Courage pour la suite qui je l’espère vous laissera un petit répit !!
    Merci pour ce partage .
    Gros gros bisous à tous les 4 et bravo .

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  3. Bonjour les aventuriers de l extrême 😀,

    J espère que vous allez bien. Je profite d un petit moment de récup après avoir travaillé cette nuit et avant de reprendre mon service cet après midi pour vous écrire un petit mot.
    C est toujours avec autant de plaisir que je vous lis et la avec deux articles, je suis gâté.
    Que ce pays est beau!!! Les paysages sont magnifiques avec les éléments naturels qui sont un peu ou beaucoup défavorables à votre avancée en vélo….Moi de mon canapé, c est plus facile de le dire 😉😉😉.
    Vous êtes aussi de belles rencontres, éphémères mais tellement enrichissante mais qui sait, peut-être que vous vous reverrez!
    Je suis aussi épaté par vos loulous qui ont l air de s épanouir, de profiter de cette aventure hors du commun qui restera pour eux un moment inoubliable dans leur vie. Ils en auront des choses à raconter et toute la famille à hâte de vous revoir et t entendre vos impressions respectives.
    Profitez bien de ces derniers mois qui vont passer rapidement..la aussi de mon canapé, c est facile à dire 😄😄😄 et ce n est pas moi qui pédale 🚴‍♂️🚴‍♂️🚴‍♂️.
    Ici c est un week-end d élection…est ce que cela changera notre vie, j ai des doutes mais il faut bien y croire.
    Toute la petite famille attend avec impatience le week-end prochain où nous partons avec toute la famille d Audrey dans les landes, à Léon exactement. De bons moments en perspective et nous aussi on va pédaler moins que vous et moins chargé bien évidemment 😀.
    On vous embrasse et on pense bien fort à vous.
    Bonne continuation et je finis par ma phrase habituelle….continuez à nous faire rêver et voyager.
    La famille VIGIER

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  4. Les éléments météorologiques se déchaînent contre vous et courageusement, vous relevez la tête est vous poursuivez votre chemin caillouteux, venteux, dangereux …..des moments pas toujours faciles mais vous continuez et vous réussissez à aller au delà, encore et encore, bravo à vous quatre, les quatre formant une superbe équipe face aux éléments!! bravo à vous. Prenez soin de vous bizz

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  5. Que de courage contre ce vent « valeureux aventuriers »… mais aussi de belles rencontres, heureusement pour vous pour garder le moral et toujours plus de beaux souvenirs… bonne continuation et à la prochaine
    Annie-France

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  6. C’est une journée assez morose en France, en tout cas pour moi qui ne suis pas satisfaite des résultats électoraux. Votre blog et votre voyage ont l’immense mérite de me rappeler que l’horizon ne se limite pas à la France, que le goût de la découverte des autres existe partout et qu’il provoque de magnifiques rencontres. Merci infiniment pour cela.

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