Le projet révisé 2021

Dès les premiers jours qui ont suivi notre retour prématuré en France fin Mars 2020 en raison de la pandémie mondiale, nous savions qu’il y aurait une suite.
Nous étions partagés entre la déception de rentrer sans être allés au bout de notre rêve, et la joie d’avoir vécu tant de choses en 8 mois riches en découvertes et rencontres. Les moments que nous avons déjà pu vivre entre Juillet 2019 et Mars 2020 marqueront nos vies à tous 4.

Alors, nous aurions pu en rester là. Tellement de souvenirs déjà, d’images extraordinaires gravées dans nos têtes…

Mais il nous est apparu évident à Laëtitia et moi, que nous repartirions.
Nous aurons dû patienter jusqu’à début 2021, mais nous y voilà !

Pendant cette période en France, que s’est t-il passé pour nous ?

En arrivant en France fin Mars, nous n’avions ni maison, ni travail, la France était confinée.
Pourtant, nous n’avons vraiment jamais été inquiets ; d’abord parce que ce n’est pas dans notre nature d’être inquiets, et ensuite car le voyage nous a confortés dans l’idée qu’il y a toujours des solutions.

Et d’ailleurs tout s’est vraiment bien déroulé pour nous. 🙂

Sous de nombreux aspects, ce retour forcé a pu constituer des opportunités, et c’est ce que nous retiendrons.

3 semaines après le retour, et un confinement en région parisienne grâce à l’aide de la famille, je reprenais le chemin d’un travail au sein du groupe qui m’employait jusqu’à mi 2019. Simultanément, nous trouvions un gîte où vivre jusqu’à mi-juillet en Charente Maritime. Un endroit sympa dans un petit village, à 30 min de mon lieu de travail, les enfants y ont passé de bons moments.
Je me considère très chanceux d’avoir pu bénéficier de la confiance de mon ancien employeur pour reprendre rapidement une activité professionnelle pendant la période de crise sanitaire, alors que tant de gens perdaient leurs emplois. Aussi car n’ayant pas caché mon envie de repartir sous quelques mois, cette reprise d’activité dans mon domaine de compétence, au pied levé, sans engagement à long terme, n’était pas acquise.
A ce moment là, nous décidons de ne pas réinscrire les enfants à l’école. Décision motivée d’une part par l’impossibilité pour Laetitia de reprendre son travail subitement au sein de l’éducation nationale, et d’autre part car nous espérions alors repartir en novembre… Donc poursuite de l’école à la maison pour les enfants.

A partir de mi-juillet, nous avons dû libérer le gîte.
En quête d’un logement meublé, équipé, nous avons eu la chance (à nouveau) de bénéficier de la générosité de la famille d’un ancien élève de Laetitia, sensible à notre projet. On a ainsi pu vivre dans un pavillon à Angoulême, et cette famille a tout fait pour qu’on s’y sente bien, jusqu’à prêter des vêtements et jouets aux enfants. Un grand merci à Chantal, Fabien, Audrey, Jérôme, vous êtes de bien belles personnes !

En Septembre, la perspective du départ s’éloignant encore, nous décidons d’inscrire les enfants à l’école.
Nouvelle école, nouveaux camarades. Ils ont vraiment été très bien accueillis, que ce soit par les équipes éducatives ou les autres élèves. Emma et Raphaël étaient vraiment heureux de retrouver des copains ; ils ont rapidement trouvé leurs marques, chacun dans son école.
Nous avons pu valider qu’ils n’accusaient pas de retard après une année en « instruction en famille ».
Raphaël n’avait connu jusqu’alors qu’une seule année en maternelle, il a surtout dû apprendre le « vivre ensemble ».
Ce retour à l’école, leur a été très bénéfique.

Pourquoi ce second départ maintenant ?

Sitôt rentrés en France, nous n’avons cessé de suivre l’actualité sur l’ouverture des frontières, les conditions d’accès aux étrangers, et la situation sanitaire, bien sûr.
Le projet a évolué plusieurs fois… Plan A, Plan B, Plan C… on s’est arrêté de compter…

Nous avons regardé d’autres itinéraires en Europe, en Asie, mais finalement notre projet initial est celui qui nous fait vibrer le plus.
Et nous ne sommes pas prêts à passer à autre chose…

On commence à croire qu’on est capable de traverser le globe à vélo avec nos enfants

Donc notre objectif reste le même : Rejoindre Santiago du Chili à vélo, et nous rêvons même de la Patagonie, soyons ambitieux ! ou fous ?! (ça dépend où l’on place le curseur…)

Nous avons organisé notre vie pour rendre ce projet possible maintenant. Et même si la situation mondiale n’est pas, pour l’heure, vraiment stabilisée, nous considérons que les conditions sont satisfaisantes pour reprendre la route, et tenter notre chance. Il y a encore beaucoup d’incertitudes, certaines frontières demeurent fermées, mais nous ajusterons, nous improviserons ! Nous avons environ 3 mois devant nous de frontières ouvertes, et d’ici là, la situation aura sans doute évolué.

Il est probable que nous ne pourrons pas tout faire à vélo. Si certains pays demeurent fermés, ou sous mesures de confinement généralisé, ce qui rendrait le voyage impossible, nous n’excluons pas changer d’itinéraire ou survoler un pays pour poursuivre plus au sud. C’est moins « joli », moins puriste, mais ce serait déjà formidable si on parvient malgré tout à voyager et découvrir. L’essentiel pour nous est bien le voyage en lui même, et pas la destination.

Le choix du point de départ

Dès lors que nous avons pris la décision de repartir aussi tôt que possible, nous avons étudié plusieurs solutions. Y compris un départ depuis le Chili pour remonter vers le Mexique. Mais le départ depuis le Sud pour aller vers le Nord a été écarté principalement en raison des vents dominants Nord->Sud marqués sur certaines portions en Amérique du Sud.

Pour analyser les conditions climatiques, je me suis appuyé sur La météo typique partout dans le monde – Weather Spark, et Windguru forecast maps (bien connu des marins).
Cela permet d’aboutir à un prévisionnel assez complet :

Parmi les scénarios étudiés.

Nous avons mis la priorité sur le vent et l’ensoleillement, et il nous est apparu qu’un départ début janvier du Mexique était un bon compromis. L’idéal aurait été début décembre, mais j’avais quand même pris quelques engagements professionnels à honorer, et un petit imprévu de santé à régler devait être intégré au calendrier.

Alors bien sûr, nous avons penser rejoindre la ville de Guanajuato, le dernier point atteint avant d’arrêter. Une évidence si l’on voulait poursuivre notre trace sur ce globe. C’était matériellement possible, via un vol pour Mexico, puis quelques longues heures de bus.

Nous avons quand même ouvert nos chakras à d’autres solutions, et Cancun s’est assez rapidement imposé comme une meilleure option comme nouveau point de départ, même si nous rompons, de fait, la ligne de notre itinéraire (snif…).

Coté météo, le tableau « théorique » final au départ de Cancun :

Après une longue réflexion, nous avons renoncé à retourner à Guanajuato au profit de Cancun pour plusieurs raisons :

  • La situation sanitaire.
    Au Mexique, il a été mis en place un code couleur par Etat (le Mexique en compte 32) ; du vert au rouge, en passant par jaune et orange. Plus on s’approche du rouge, plus les mesures de distanciation et restrictions de déplacement sont importantes. Le taux maximal autorisé de remplissage des hôtels, restaurants, campings varie également en fonction de la couleur.
    Les points d’intérêts touristiques peuvent être fermés également, etc…
    L’Etat de Guanajuato est classé rouge, tout comme la région de Mexico, alors que la péninsule du Yucatan est moins touchée.
  • Absence de condition physique.
    A part quelques balades à vélo entre le confinement n°1 et le n°2 en France, nous n’avons fait aucun sport et avons perdu toute condition physique.
    Au retour, nous étions vraiment contents de retrouver la nourriture française, et Laetitia s’est remise à cuisiner de bons petits plats. Toute la famille a fait des réserves ! Emma et moi avons pris presque un kilo par mois… c’est bien pour Emma qui a beaucoup grandi en parallèle, mais je ne peux pas en dire autant 😉
    Les mesures de restrictions en France ne sont pas les seules raisons de cette absence totale d’activité, j’ai connu quelques problèmes de dos, et j’ai dû me faire opérer fin novembre 2020.
    En ce sens, la mise en parenthèse du voyage aura été une aubaine, car je suis convaincu que je n’aurais pas pu aller au terme du voyage sans cette intervention. Je commençais déjà à me plaindre de douleurs au dos début 2020 alors que nous étions sur la route.
    Cette petite intervention, et la période de convalescence qui la suit, était également à prendre en compte dans la préparation de la suite du projet, et reprendre le voyage depuis Cancun est beaucoup plus facile, car cela permet de rouler sans dénivelé sur les 1000 premiers kilomètres.
    A contrario, Guanajuato se situe dans une région montagneuse, nous aurions été amenés à parcourir des itinéraires escarpés dès les premiers jours, ce qui était totalement déraisonnable, voire impossible.
  • Redémarrer sur une bonne note pour les enfants
    On entend souvent que nos enfants ont de la chance de vivre cette aventure, l’expérience d’un grand voyage pour découvrir le monde. Nous le pensons aussi, mais l’avenir nous dira ce qu’ils en retiendront. Qu’en penseront-ils une fois adultes ?
    Toutefois, en cette période instable, à leur âge, il n’est peut-être pas si simple d’être nos enfants ! On leur demande de quitter l’école, la maison, les choses matérielles, puis on rentre et ils doivent s’adapter à une nouvelle école, se refaire des amis, puis au bout de 3 mois, ils doivent à nouveau quitter les camarades pour repartir en voyage….
    Ils ont réagi différemment face à l’annonce de ce second départ (qui n’est pas une surprise tant nous parlions de repartir) :
    – Raphael est tout de suite « à fond » : Hyper heureux à l’idée de faire du vélo, de trouver de nouveaux lieux pour camper et jouer.
    – Emma est plus mitigée : Elle nous dit être contente de repartir mais éprouve de la tristesse (bien légitime), de quitter à nouveau cette récente stabilité retrouvée, et les nouveaux camarades de classe, parmi lesquels de nouvelles super copines….
    A presque 9 ans, elle est en capacité à analyser les situations maintenant…
    Alors, on se dit que partir de Cancun est aussi plus ludique pour les enfants, et on donnera rapidement le sourire à Emma si l’on consacre un peu de temps à la baignade dans le Golfe du Mexique et son eau à 26°C…

Photos prises dans la première semaine consécutive au départ

Pour ces raisons, principalement, Cancun est le lieu de notre second départ. On pourrait aussi ajouter le patrimoine culturel Maya présent dans la péninsule du Yucatan ; l’idée de pouvoir découvrir des cités Maya nous réjouît !

Pour conclure

C’est reparti pour nous.
Sans occulter la situation sanitaire actuelle, on souhaite s’écarter du rabâchage médiatique autour du virus. Il y a certainement moyen de poursuivre ses rêves en 2021.


On s’attend à des rencontres plus rares en raison des mesures de distanciation sociale, et notre principale interrogation porte sur le regard qu’auront les locaux à notre passage. Nous verront-ils comme de potentiels vecteurs de transmission du virus, ou alors seront-ils heureux de revoir des personnes voyager à nouveau, ne serait-ce que pour l’économie locale ? Il y aura sans doute un peu des deux… Au Mexique aussi, comme partout, après des mois de mesures en vue de contenir le virus, les habitants aspirent à retrouver une vie « normale », et notre passage pourrait aussi être un signe que des choses sont possibles à nouveau.


Pour savoir si c’est réalisable, il faut aller voir, et le vivre.

En 8 mois de voyage du Canada au centre du Mexique, nous avons vécu plus de moments extraordinaires qu’en 20 ans en France dans notre quotidien. En voyageant simplement, on se sent vivant, et ça fait tellement du bien ! Alors, si notre voyage « Saison 2 » devait s’arrêter rapidement car nous aurons estimé que les conditions ne sont pas satisfaisantes, ou qu’on ne prend pas autant de plaisir, et bien tant pis. Quoi qu’il advienne, nous ne regretterons pas d’avoir tenté ce second départ, en revanche, nous regretterions longtemps de ne pas avoir essayé. Si l’on attend que tous les voyants soient au vert, on n’entreprend jamais rien !

Dans la réserve de Sian Ka’an – Photo prise une semaine après le départ de Cancun

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