Argentine – Encore des lacs dans le Parc – J713 et J714

J713 – Vendredi 8 avril – Villa La Angostura à Perfect Bivouac Cycliste Paradis – 29km D+359m


Que c’est parfois difficile d’écrire lorsque l’on a deux loustics collés à soi, de chaque côté et qui veulent voir l’écran du téléphone au détriment de mes propres yeux! Vous ajoutez à cela, le bruit incessant des vaguelettes du lac Nahuel Huapi d’un bleu intense, la vue sur le sommet blanc du Pico Argentino à 3220m, qui me déconcentre, et vous comprendrez mon désarroi, ma difficulté du moment! Mais, on ne lâche rien, et on continue d’écrire coûte que coûte. Quitte à finir ce soir. 😉
Ce matin, Sylvain réussit à se réveiller et se lever rapidement après 7h30. Ce fut plus difficile pour moi et un poil plus pour les loulous bien dans leur lit. Un peu de pain grillé à la poêle, un peu de lait, un peu de jus d’orange et voilà: la motivation de sortir des lits et de s’habiller vient plus vite. Les adultes s’occupent de la maisonnée, de la vaisselle, du balayage après avoir mis tous les vêtements dans les sacoches ou poches poubelles au vu du trop plein! Susana passe nous voir avant 9h pour un au-revoir avant son rdv, et une jolie photo tous ensemble. Ce n’est qu’une heure plus tard que nous réitérons l’opération avec Pedro dehors dans le jardin avec les bici, quand tout est en place. Ce fut un plaisir de les rencontrer, de discuter avec eux, de découvrir leur ville. Un grand Merci et le rendez-vous est pris lors de leur prochain voyage en France, à vélo ou non!!


A 9h57, et non 10h, les 2 tandems roulent sur la route 40, dans la rue principale de la ville, aux vitrines des magasins tout en bois. La municipalité a à cœur de garder un cachet « naturel » tout du moins, de la végétation et de ne pas construire à tout va, en gardant bien les constructions cachées parmi les sapins. Un écrin dans le parc naturel!

Le ciel est bas, nuageux, gris mais pas de pluie prévue pour aujourd’hui ni de vent. De la fraîcheur ce matin, surtout dans les quelques petites descentes que nous promet nos montagnes russes du jour. Un coup, nous transpirons dans la côte, un coup, nous frissonnons. Pas moyen de réouverture ou de juste milieu pour les vêtements. C’est donc manches longues et polaires pour Sylvain, et manches courtes et coupe-vent pour moi. Erreur de ma part, le soleil n’est pas encore sorti et donc je me caille les miches dans toutes les descentes. Le souci pour cette route 40 entre Villa La Angostura et Bariloche, c’est le manque d’espace sur la partie droite. Pas de shoulders ni de bandes blanches où se mettre, ce qui pose problème pour ces chers conducteurs de camions chiliens, qui pensent que cette route Argentine leur appartient. Ils rentrent par la frontière plus au nord et descendent par ici vers le Sud et entrent à nouveau au Chili. Ils s’évitent ainsi plusieurs centaines de kilomètres de ripio côté chilien! Mais le trafic ici est bien plus conséquent sur cette portion… Dommage pour nous. Mais ces véhicules désagréables n’entachent pas notre béatitude devant autant de beauté. C’est tout simplement sublime d’apercevoir le lac, les sapins, le versant en face avec parfois quelques falaises. Le soleil sort et illumine le rivage ou la surface plane de l’eau. Puis les nuages remontent ou s’estompent. Ils effleurent le découpage de la côte en face, les sommets des montagnes brunes ou blanchies par la neige. Nous sommes forcés par la nature de nous arrêter régulièrement.


A 11h30, la faim se fait ressentir chez tous les membres de la famille Dem… 16km effectués ce demi-matin (vu l’heure tardive de départ), nous aimerions en parcourir 12 de plus avant un arrêt réputé chez les cyclos, en bord du lac, à la sauvage. L’idée est fixée pour notre pique-nique là-bas. La route nous indiffère, mais le panorama du lac à droite nous émeut. Le soleil perce et nous octroye un ciel bleu dégagé. Le lac est sublime de reflets. Les virages, les côtes et descentes continuent, la végétation nous entoure, les conifères principalement. Pas d’habitations, nous sommes dans le Parc Naturel Nahuel Huapi, donc protégés.

L’espace en bord de lac est accessible par un petit sentier que Sylvain arrive à trouver à la seconde recherche. On descend de vélo pour un à pic dans de petits cailloux, entre des branchages… jusqu’à un espace avec un ancien ring. Comme dans le film « La Plage », on découvre en marchant quelques pas supplémentaires sur les galets, après avoir déposé nos vélos sous les arbres, le lac, rien que pour nous, le volcan enneigé en arrière-plan, les galets et les vaguelettes, l’eau translucide, cristalline. Ouah, on en a plein les yeux. Comme dit Sylvain, le souci, c’est que l’on ne voudra jamais en repartir cet après-midi. Et bien, ça n’a pas loupé! On a mangé sur les cailloux nos sandwichs fait maison, appréciés le calme ambiant, la nature, l’isolement… puis décidons de monter la tente par précaution avant de finir avec notre dessert. C’est à 13h30 que nous plantons notre chez-nous sous les arbres et rangeons nos affaires. On se rhabille, enfin, je me rhabille car j’ai vraiment pris froid, et je me blottis contre des pierres mis en muret, à l’abri du vent. Sylvain part en repérage photo, Emma et Raphaël jouent au bord de l’eau, ou dans l’eau, suivant qui porte la paire de bottes! Une petite sieste pour moi, sans le vouloir, réveillée par un thé chaud partagé. Quel bonheur. On est bien là,  cela aurait été dommage de continuer et de ne pas le vivre. L’après-midi sera vraiment relax et éblouissante de beauté. L’école sera faite ici, sur les cailloux, avec de la concentration malgré tout pour les élèves, un peu moins pour la maîtresse. J’ai abandonné l’écriture pour le moment, aidant les loulous scolairement. Je reprendrai plus tard.


Plus tard, c’est à 21h. Voici le reste du récit de cet fin d’après-midi: l’école se finit avec succès vers l’heure du goûter, que nous enchaînons, toujours au bord de l’eau. Quelques photos de ces instants, quelques jeux d’eau avec la boîte du tour de cou offert par Pedro hier, une pomme dévorée, des réparations de fermetures éclairs pour les 2 toiles de la tente et la famille se réunit sous la tente pour une session cinéma gustative: « Ratatouille ». C’est une erreur de débutant ce choix de dessin animé. Quand on est hors de France, il ne faut en aucun cas regarder un film sur la gastronomie française, surtout lorsqu’on est en manque depuis plus d’un an!!! Tous, on a faim, tous avons envie de manger une bonne baguette croustillante et moelleuse à l’intérieur, bien aérée, tous avons envie d’un plat en particulier: Quiche Lorraine, Tartiflette, Baguette tradition, Raclette et une ratatouille!

A peine la fin inscrite sur l’écran, le cuistot part nous préparer les pâtes du soir. Les filles, nous sortons finalement l’accompagner et décidons que la chaleur du soir peut nous permettre de manger dehors sur les rondins de bois. Raphaël nous rejoint après son heure de dessin. Les frontales sont utilisées pour le repas à la nuit tombée puis la vaisselle.


C’est ainsi que s’achève notre journée, plus tôt pour Sylvain qui ne se sent pas bien et qui rentre sous la tente rapidement. Demain promis, on pédalera plus!

J714 – Samedi 9 avril – Paradis de bivouac Lac à Villa Huapi Resort Luxury – 41km D+348m


Ce matin à 7h10, il fait doux, c’est agréable lorsque les yeux s’ouvrent après les appels de Sylvain. Même pas de givre, même pas de vapeur qui s’échappe de nos bouches à tous les 3. C’est donc plus facilement que nous nous habillons assis sur les duvets pour le petit-déjeuner qui officie près des rondins de bois dehors. Pas de doudounes pour certains, pas de bonnets mais des sourires de pouvoir discuter et se restaurer avec une si belle vue au calme. Les uns prennent leur temps, pendant que les plus âgés s’activent autour et dans la tente. C’est ainsi que 2h après notre réveil, les sacoches archi-pleines, les vestes coupe-vent mises sur les épaules faute de pluie fine, Sylvain et moi poussons nos bici par l’étroit passage en sable, cachés parmi la végétation pour accéder à la route 40.
La pluie grossit, les lampes arrières sont mises par sécurité, les nuages sont bien pleins, gris, bas mais nous pouvons tout de même entrevoir le lac. Il est d’un bleu calme, silencieux. Seules les voitures et le bruit de leurs pneus sur la chaussée humide dérange cette ambiance. Nous avançons malgré l’humidité, nous arrêtant 2fois pour chausser les (nouvelles) bottes d’Emma, les poches poubelles, les pantalons de pluie et les ponchos, rien que pour les enfants. Chacun porte au moins 3 couches de vêtements chauds dessous l’attirail contre la pluie. Car à l’avant des tandems, sans pédaler, ils sont plus exposés que nous au froid et au vent. N’étant pas des parents indignes, nous pensons à eux et nous arrêtons pour cela!

Durant 10km, nous longeons les rives du lac, en face des Cerros Baguales et Monjes. Celui-ci a des allures de falaises, et c’est aisément et avec envie, que l’on imagine une éventuelle progression verticale dans la paroi, à l’image de celles des Calanques. Mais, ici, c’est le pédalage qui nous occupe les jambes tandis que les yeux le sont par le paysage dans son panel de bleus. La route est semblable à la veille, des côtes et des descentes qui s’enchaînent, des voitures et camions qui nous doublent. Peu de place sur le côté droit pour nous mais ça passe bien, on est habitué sans que cela soit du plaisir. Vigilant, nous nous éloignons de l’eau de la lagune, pas celle pluviale dommage, pour entrer dans les terres et commencer le dénivelé.

Nous passons de l’autre côté du col et montons avec une superbe vue sur le lac, sur les montagnes autour qui sont éclairées par le soleil. Il sort enfin, par bribes, parfois au-dessus de nous, ce qui nous fait transpirer, parfois derrière nous ce qui provoque de belles couleurs sur la roche.
25km entrecoupés de gouttes et de chaleur, nous ne savons sur quelle pédale danser si j’ose dire. Mais on a à cœur d’avancer, de faire plus de kilomètres qu’hier, de reprendre le rythme de la route.

La tête vissée sur le rétro et la chaussée, je regarde peu les voitures. Pas de musique, l’enceinte et le téléphone sont cachés dans les sacoches. Alors on discute avec Raphaël et cela me va bien. Les sapins disparaissent peu à peu au profit de la pampa, jaune, rase, balayée par les vents et découpée en 2 par la route 40. La seule intersection de la journée nous fait bifurquer vers la droite, plein Ouest, en direction de San Carlos de Bariloche. Encore beaucoup de voitures et de camions chiliens avec un paysage lointain à couper le souffle: le lac et les montagnes dentelées. La ville est au bord de la lagune au premier plan.

On s’en approche sous la pluie et le vent, on s’arrête à un mirador juste avant Dina Huapi, et on se fixe le supermarché pour le déjeuner. Au moins, on pourra se restaurer de gourmandise que l’on n’a plus. Vers 13h, les vélos se garent devant les portes automatiques, en plein vent et sous les gouttes. Avec Emma, nous partons en chasse dans les rayons pour faire plaisir à tout le monde et ressortons en pleine ère glaciaire! La vache! On trouve un recoin près du mur d’enceinte et déjeunons. Normalement, le bivouac est 30km plus loin. Sylvain a repéré un hôtel pour ce soir, si on avait envie de craquer… vu qu’il fait froid, qu’il pleut un peu, qu’il vente… et puis, cela fait quelque temps que nous n’avons pas payé notre nuit. Mais Bariloche à la réputation d’être chère. On pense aux stations services, mais certains endroits sont coutumier de vol, ce qui exclut ces lieux pour un samedi soir en plus. L’application se met en marche et nous sort effectivement des prix plus élevés qu’au Nord du pays, mais cette fois, l’un d’eux se justifie: un appartement dans un resort Luxe face au lac à côté du golf. Et dans les prix moyens des chambres d’hôtels! On y fonce, c’est l’opportunité. On sera au chaud, dans un lieu propre et tranquille, de haut standing. C’est ainsi que 3km plus loin, 2 tandems et 4 personnes en coupe vent, avec poches accrochées sur les côtés et tout le barda, se pointent à l’entrée du complexe Villa Huapi (Sylvain avait visité juste avant d’arriver là-bas, des cabañas qui se sont avérées plus coûteuses, sales et défraichies, donnant sur un mur à 10m des fenêtres…).


Le complexe en bois et pierre a une partie pour les propriétaires et une pour les visiteurs, en formule hôtelière. Nous nous y présentons puisqu’il y a de la place. Voilà ce que nous obtenons : 50m² d’appartement haut de gamme, avec lit de 180cm (la taille de l’intérieur de la tente!!!) dans la chambre parentale avec baie vitrée, salle de bain avec sa baignoire (pas eu depuis la France), une cuisine équipée, propre et aux couverts et ustensiles en état neuf, une salle à manger en bois et un salon avec 2 lits pour les enfants donnant sur 2 baies vitrées en angle donnant elles-mêmes sur notre terrasse privée donnant par la suite sur le lac et les montagnes enneigées!! Tout cela avec du chauffage au sol: on a chaud, même aux pieds. Le luxe! Le véritable luxe a 40 euros la nuit. C’est surréaliste. Les vélos sont stockés dans la pièce à vivre suffisamment grande et c’est parti pour la douche chaude, le bain interminable pour les loulous avec leurs jouets, l’écriture sur le blog, les informations françaises et européennes, les podcasts, la cuisine avec une belle omelette au lard et une soupe de légumes maison.

Ce qu’on est bien chez soi, au chaud quand dehors le soleil réapparaît mais que le vent souffle plus fort. Parfois, quelques oies et Ibis à tête noire viennent toquer à notre fenêtre de chambre dans le jardin. On profite de ces instants comme un week-end d’hiver. Nous éteignons un peu tard la lumière chez les enfants, épuisés de leurs histoires nautiques, et encore plus chez les adultes qui profitent de la télévision pour se passer un film cinéma. Au lit, dans des draps propres et doux, avec un vrai oreiller: c’est ça notre luxe d’aujourd’hui!

5 commentaires sur “Argentine – Encore des lacs dans le Parc – J713 et J714

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  1. le bivouac au bord du lac est superbe ; quels paysages ! et ce stop dans le Villa Huapi resort vous a apporté chaleur et confort au bon moment ! De quoi se retaper avant la suite !

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  2. Encore de belles photos reçues sur ce que vous offre votre traversée de la Patagonie, sauvage et protégée par la rudesse de son climat .
    Les couleurs sont saisissantes et l’on comprend l’extase que vous procure cette région de l’Argentine.
    Profitez bien de votre structure hôtelière grand luxe qui contraste avec vos bivouacs un peu rugueux me semble t il….
    Merci pour ces nouvelles attendues, bises à tous et bonne suite.
    Vivement le mois d’août.

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  3. Encore une volée de paysages inoubliables à mettre dans un coin de votre mémoire ! Je ne sais pas si tant de panoramas exceptionnels tiendront dans vos quatre têtes. Chacun conservera sa part pour la mieux partager ensuite. La Patagonie ressemble vraiment aux clichés que nous avons vus d’endroits merveilleux et bucoliques. ça donne vraiment envie de tout faire pour qu’ils conservent leur beauté naturelle. Quelle chance avez-vous de connaître ces lieux magiques ! Et quelle chance avons-nous de les découvrir grâce à vous ! Merci, merci. Bises chaleureuses à vous quatre.

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  4. J’ai retenu le message :
    pour votre retour il me faudra assurer…. quiche lorraine, tartiflette, ratatouille, raclette et la baguette tradition étant de rigueur (quelque soit la saison !!😉).. Profitez bien de ce « répit » dit 5 étoiles, vous le méritez, et très certainement un besoin immense. Donc repos et rechargez les batteries 🤭 bizz

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