J726 – Jeudi 21 avril – Esquel à Bivouac Route 40 – 45km D+276m
Un bon réveil à 8h15, dans un lit chaud avec son oreiller, quand Emma et Raphaël viennent également me voir. Il fait plus chaud dans la chambre à la moquette, que dehors. 3 degrés et de la pluie! Vous êtes sûrs que l’on doit sortir pédaler aujourd’hui ? Car franchement, c’est un temps à ne pas mettre un chien dehors, alors une famille… J’en doute. Mais maintenant, nous sommes bien équipés, maintenant, nous connaissons notre date de retour (dans 3 mois et 4 jours), date butoir, et cela nous fixe encore plus cet objectif d’Ushuaia.
Dorénavant, nous consultons les prévisions météo et les prévisions de vents, chaque fois que nous sommes connectés et nous décidons de quitter un village si les conditions annoncées ne sont pas trop extrêmes et nous laissent le temps de rallier le village suivant. Il y a une fenêtre suffisante pour que nous puissions rejoindre le prochain village de Tecka avant une nouvelle grosse perturbation, mais nous devons partir ce matin, quitte à démarrer sous la pluie…
Direction pour l’instant la salle de bain pour une bonne douche bien chaude et c’est ensuite le rangement de chaque pièce du 1er étage par Sylvain, le petit-déjeuner dans la cuisine en même temps que l’ordonnancement de la sacoche de nourriture et du rez-de-chaussée, l’enfoncement de tous les vêtements dans les sacoches. Surtout, ne rien oublier, ne rien laisser sous les lits, vérifier chaque domaine afin qu’il soit complet (jouets, cahiers de dessin, crayons, doudous, vêtements, nourriture, vaisselle, bricolage, électronique). Mais avec les vélos dans le salon, c’est parfois compliqué de se déplacer et de ne pas se gêner.
Vers 10h30, après avoir enfilé les bottes, les vestes de pluie, les ponchos, les pantalons de pluie tout neufs pour les adultes, nous sortons de la chaleur douillette de la maison… et bravons la pluie et le vent! Aie aie aie! Ça caille.
Heureusement, la route est asphaltée donc pas de boue pour revenir à l’embranchement avec la route 40. 11km de côte pour sortir de cette route 17 qui nous avait emmenés jusqu’ici. Il fait sombre, les nuages sont bas, la pluie battante venant du nord ouest. La seule partie non couverte pour nous les parents, ce sont les mains et les chaussures (non étanches pour moi). Le reste est protégé, comme les enfants. Ils n’ont pas froid nous disent-ils de dessous le tour de cou coincé jusqu’aux yeux, c’est le principal! On pédale sous le vent, sous la pluie, sous la grisaille en remontant sur un flanc de montagne de la vallée. Les habitations se dispersent au sortir de la ville, l’université étudiante de Esquel, le poste de police, nous passons tout sans vraiment d’arrêt. On a hâte de trouver le soleil avec qui nous avons rendez-vous cet après-midi, normalement.
La bifurcation est là, balayée par des rafales venant de notre gauche. On ne voit pas grand chose à part les gouttes qui cinglent. La 40 est à nous, une route plate au début puis un petit passage histoire de se sortir de ces montagnes. Derrière, on voit des touches de ciel bleu, très motivant. On s’y dirige, en délaissant les collines et acceptant que du plat. Ce sont nos cuisses qui vont être contentes! Nos yeux aussi, en apercevant un train à vapeur partant vers le Nord, avec ses 4 wagons de voyageurs. L’impression de revenir 100 ans dans le passé.
C’est donc avec le sourire que nous continuons notre route, accompagnés pendant quelques minutes de 2 chiens, que nous découvrons ce nouveau plateau, cerné de collines jaunes à notre droite, à l’Ouest, premier rempart avant la Cordillère. Le reste du paysage est visible jusqu’à l’infini, dans les tons beige, ocre, jaune pour les herbes folles, gris pour les buissons, et le soleil qui perce par endroit et illumine tout cela. Le petit plus, surprise? Le vent… de dos et hyper fort! Quelle éclate! On se régale d’être aidés de la sorte, de ne pas trop appuyer sur les pédales, de profiter de la route sans trop de véhicules. On a passé la région touristique et la zone empruntée par les camions chiliens, qui rentrent de nouveau dans leur pays au niveau d’Esquel. Notre petit bonheur quoi, de savourer plus sérieusement la route. Et en plus, on avance bien, même très bien.
A 13h07, la famille a faim et s’arrête après 24km, presque sans s’en rendre compte, surtout depuis la bifurcation! La pluie a cessé, le soleil est arrivé et peut sécher les chaussures, les pieds, les ponchos. On installe les vélos dans le terre-plein sur le côté et nous nous protégeons derrière le Panzer, adossé pour déguster notre pique-nique du jour. Le vent nous refroidit pendant cette inactivité du moment, alors rapidement, nous reprenons nos vélos et la route. Plate, plate, plate, du vent de dos. Un rêve presque éveillé avec ces nuages blancs et le ciel bleu. Des rafales à 53km/h sont prévues dans l’après-midi, mais elles sont dans le bon sens, venant du Nord Ouest. C’est ainsi que nous poursuivons notre périple, si bien aidés, si bien assistés en plus des enfants. Le plateau sur notre gauche est éclairé de jaune, mais encerclé de collines sombres, noires prisent dans des nuages de la même couleur. On est chanceux d’être pile sous la lumière. Elle nous réchauffe un peu car vraiment il fait froid. On a mis nos gants avec Sylvain maintenant que la pluie ne menace plus. On bouge nos extrémités dans les chaussures aussi.
Après encore 20km, une belle ligne droite, pas d’animaux sauvages, du vent de dos toujours, peu de voitures, de la nature rase dans une savane et nous amorçons un virage. Le vent est ainsi de côté et par rafales nous fatigue. Mais ce n’est que sur 1 km. Le bivouac est là, à 750m sur notre gauche en contrebas de la route, derrière un talus avec des arbres. Soit c’est ici, mais il est tôt: 15h30, soit le prochain abri est à 20km. Comment vous dire que mon charme naturel a opéré pour que la journée s’arrête plutôt ici! Montage de la tente sous le vent pendant que les enfants jouent avec des bouts de bois trouvés. Normal quoi, la routine. Vidage des sacoches dont l’intérieur réintègre la tente, repos à l’intérieur pour certains, pour d’autres début d’écriture, cryptage de la carte papier de l’Argentine pour évaluer notre route restante et avoir une vision plus globale de la suite, réintégration aussi des enfants au chaud avec du dessin et du coloriage, visionnage de 2 épisodes de « C’est pas sorcier! » (notamment un, sur les dinosaures découverts à Angeac-sur-Charente, pas loin de chez nous). Cela nous avance dans le temps et amène le cuistot à réchauffer de l’eau pour la soupe précédant la salade de pommes de terre. C’est à la nuit que nous dînons, dans l’abside avec la lumière des frontales. Les rafales ne sont plus mais le vent est encore continue. Demain devrait être plus calme pour arriver sur Tecka.
La dernière sortie s’effectue à 20h30 en famille, pour les sanitaires naturels. L’absence de lumières, de villes procure une netteté aux étoiles et à la voie lactée au-dessus de nous. Un satellite passe même à ce moment. La magie opère sur nous tous… encore cette sacrée nature!
J727 – Vendredi 22 avril – Bivouac Route 40 à Tecka – 51km D+197m
Il ne fait pas si froid ce matin, et après une grande et bonne nuit sous la tente, à 8h, on est prêts à ouvrir l’œil. Bon, ok;, il me faut quelques minutes pour les ouvrir complètement et être opérationnelle pour m’habiller dans le frais (10 degrés peut-être?) et commencer à enfourner les duvets dans leur fourreau. Les enfants sont comme moi, pas très alertes au début. Mais, on y arrive, jusqu’à l’abside pour le petit-déjeuner, pour dévorer les nouvelles céréales (à défaut de Nutella que nous ne pouvons plus tartiner le matin vu le froid !). Ça roule assez bien pour le rangement, une fois les enfants mis dehors! A 9h36, on est déjà sur la route, prêt à en découdre.
Aujourd’hui, il n’y a pas trop à découdre, pas trop de dénivelé, pas trop de pluie mais beaucoup de vent et de nuages avant d’arriver à Tecka. On commence déjà par une légère côte, parmi les collines arrondies et jaunes, pour passer sur notre plateau suivant, avec ces arbres éparses, ces buissons en boule, ces herbes jaunes elles aussi, tout en suivant le Rio du même nom que notre ville de destination du jour. Le calme est revenu, comme hier, la circulation n’est plus, les camions rares, les bus inexistants, à l’inverse des salutations et des klaxons sympathiques. Ce que cela fait du bien. Le vent en plus nous aide encore malgré nos légers virages, il est toujours de bonne composition. Un petit arrêt à 10h30, un autre à 11h10 pour des photos et visiter un autre bivouac à 20km de notre nuitée. Celui-ci aurait été plus joli avec sa petite rivière, mais la fatigue aidant hier, on n’aurait pas pu y accéder. Dans une heure, on se fixe le déjeuner sur un autre spot de voyageurs.
Sur le plateau entouré de montagnes, nous pouvons apercevoir la route qui suit la lignée de la chaîne en forme de croissant. Elle part sur notre droite, suit les flancs et fait le tour du plateau, jusqu’à un passage plus étroit. Sur le plateau, du bétail vit paisiblement, nous regarde, des bovins, des chevaux, des ovins aussi, par centaines. Nous passons entre 2 collines et trouvons le spot sur notre gauche, caché parmi les autres herbes et arbrisseaux. Tellement caché, que nous en voyons pas tout de suite les cyclistes du Panzer. On s’y stoppe aussi avec Raphaël. Sylvain essaye de préparer un petit feu pour de l’eau chaude tandis que je sors tout ce qui est nécessaire pour le repas méridien, sur la chaise du Couillot,. Chacun peut prendre ce qu’il veut dans son sandwich que nous allons manger sur le tarp au sol. Pour ma part, mon organisme me joue encore des tours: j’ai mal au ventre et envie de vomir les 4 gâteaux sucrés aux graines du dernier arrêt il y a 1h. Je préfère m’allonger et attendre de pouvoir prendre un citron chaud sucré (recette de ma Mounette). Les enfants et Sylvain déjeunent autour du feu pendant que je me rétablis avec eux. Faut bien reprendre le dessus!
Nous avons effectué 31km ce matin, il ne nous en reste que 19 pour l’après-midi. Si le vent continue ainsi de nous seconder, nous y serons en 2h. Ça motive, alors on y retourne après avoir éteint le feu. C’est à nouveau sur le plateau que nous faisons nos armes, avec de superbes collines cachant quelques sommets enneigés de la cordillère, et du bétail courant de peur devant nos engins. Nous ne voyons toujours pas de maisons, mais soupçonnons la ville de Tecka légèrement en hauteur, au fin fond du plateau. La route plane nous y emmène aidés par les enfants pour 15h30.
La petite ville est traversée assez rapidement, quelques boulangeries fermées, peu de magasins, mais une station service qui trône. C’est l’attraction de la ville, et après en avoir fait le tour à vélo, nous trouvons les « appart » hôtel à l’arrière. Ce sont les seuls établissements de la ville, à part le camping devant lequel nous sommes passés et qui a mauvaise presse. Et puis, nous avons un impératif: se mettre à l’abri. Demain, le site internet que nous consultons pour les vents et précipitations, annonce 50km/h toute la journée dès 9h du matin avec des rafales à 90km/h. Trop dangereux pour nous, nous le savons bien, nous avons dans l’idée de rester sur la ville toute la journée de demain. Autant trouver un lieu sécurisé, autant être au chaud, autant être à l’abri dans du « dur ». C’est donc avec une idée en tête que nous nous sommes dirigés ici sur la station-service de la ville. Les appart-hôtels sont des chambres d’hôtels, sans la cuisine. Mais c’est neuf, propre, assez grand avec une belle salle de bain et de l’eau chaude. Le prix est un peu élevé mais c’est le prix pour notre sécurité. On verra comment s’organiser pour cuisiner nos repas. L’un défait toutes les sacoches, pendant que l’autre les range dans la chambre entre les 4 lits simples. On protège les sièges des enfants avec nos grandes poches poubelles. Le temps est incertain dans les prochaines 24h. Il est tôt, cela ne va pas être évident de tenir tous les 4 dans un petit espace. Mais après le choix des lits, on trouve des solutions: 2 vont en courses dans le village, 1 va à la douche, 1 dessine. Lorsque l’on est de nouveau à 4, chacun va sur son espace de lit pour dessiner, écrire, regarder un « C’est pas sorcier » sur la forêt du Congo en Afrique, ou part à la douche. Un petit tour pour les enfants avec Sylvain à la Plaza principale et ses jeux pour défouler les enfants avant la nuit, me permet de me reposer seule dans la chambre.
C’est ainsi que 19h sonne avec la nuit tombée, et que tous les 4 allons au restaurant de la station dévorer une barquette de lasagnes au micro-ondes. Ça ne vous fait pas rêver? Nous non plus, mais c’est chaud et ça nous sort de notre chambre! Et puis, on voit toujours le verre à moitié plein!!!! Nous revenons dans notre chez-nous à près de 21h avec un vent impressionnant, lassés pour les adultes. Nous permettons aux enfants d’avoir leur minute de liberté dans leur lit avant l’extinction définitive des lumières 45min plus tard. C’est à cette heure que je vous quitte avec le bruit de la pluie battante sur la fenêtre et du vent violent qui l’aide.
Le jour suivant, J728, samedi 23 avril, les vents violents étaient bien là, sur le plateau, bien ressenti même dans les rues de Tecka, pourtant abrités par les maisons. Il a fallu organiser notre journée comme la soirée d’hier, avec des temps successifs d’école, de promenade, de courses, de jeux sportifs pour les enfants, seulement, même avec les gants, le vent nous glace!! Nous passons l’après-midi à visionner un film cinéma « Seul sur Mars » avec les enfants.
Avant de repartir, nous vérifions la météo pour demain, la perturbation est toujours présente, c’est de la pluie bien froide annoncée pour demain. Ok, pas de problème mais une seule solution: rester ici une nuit de plus!!! Le jour J729, dimanche 24 avril, une autre activité est trouvée: cuisiner ou aller au restaurant du coin de la rue pour ces frites maison succulentes et son poulet!!!
Bonjour les aventuriers,
J avais pris un peu de retard dans la lecture de vos articles…..Je viens de récupérer mon retard. Tout d abord, l Argentine est vraiment un beau pays….les photos sont magnifiques ( bravo le photographe, un vrai pro).
Je constate que vous rentrez dans le dur au niveau des conditions climatiques…..vous nous epatez par votre courage, votre volonté, votre abnégation….chapeau à vous 4!!!!
Si j ai bien compris votre retour est prévu le 27 juillet…..on a hâte de vous voir autour d un bon petit repas 😀 et non pour une sortie à vélo 😉.
Une nouvelle vie va recommencer pour vous…..J espère que l on pourra vous aider, en tout cas il ne faudra pas hésiter à nous solliciter.
En attendant bonne continuation, faites attention à vous et vive l aventure avec J espère pour vous des conditions météorologiques plus favorables.
On vous embrasse
La famille Vigier
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La météo n’est pas top mais tant mieux vous êtes à l’abri en attendant que celle-ci s’arrange et vous permette de repartir, à la prochaine…
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Hola Amigos, soy Mauricio. Nos encontramos en su paso por la provincia de catamarca y nosotros de vacaciones. Como estan pronto a llegar a nuestra provincia de santa cruz, tenemos algunas propuestas para hacerles en su visita. Cuando sea su paso por rio mayo o tengan señal, porfavor mandar un whatsapp al numero +5492974189402 y les comentamos bien. Estamos gustosos de recibirlos.
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Bonjour les fous d’espace ! Là, vous êtes servis ! A la hauteur de vos plus folles espérances : le vent, la pluie, le froid, et rien pour s’abriter sinon un chétif buisson ou un repli de terrain. Encore trois mois comme ça ! C’est sûr, vous rentrerez tout propre, lavés de toute civilisation européenne et frileuse. La chaleur humaine s’exprime mieux dans les pays froids, vous le constatez chaque jour en Argentine. Bon courage les Patagons d’adoption. Je vous embrasse chaleur-eusement.
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Il faut se rendre à l’évidence, la fin de cette aventure se fera avec une météo capricieuse et hivernale….. bon courage à vous. Heureusement vous prenez le temps de vous reposer , surtout toi, reste vigilante. Bizz
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