Pérou – A nous les petites pistes péruviennes! – J228 à J229

J228 – Dimanche 22 août – Chao à Rio Santa 45km D+427m

Juste quelques mètres seront faits depuis notre hôtel dans la rue principale, animée en ce dimanche matin, jour de marché! Des jus d’orange et jus d’ananas pour 3 d’entre nous pour les vitamines, quelques discussions pendant leur confection et l’achat de petits pains (très bon accueil d’ailleurs, beaucoup de sourires, il faut le souligner) et nous sommes pour les 16 kilomètres suivants sur la Panaméricaine.

Dernier coup de pédale sur le shoulder, sur le goudron lisse, près du sable qui semble vouloir noyer cette asphalte. Quelques dunes au pied des montagnes minérales laissent entrevoir des bivouacs éventuels! Dommage. On s’est arrêté par prudence plus tôt hier. Mais jamais trop tôt. On ne veut pas risquer! Dernière dune en forme de croissant sur notre droite. Dernière après 9 jours dans le désert. Car au rond-point, le seul sur cette autoroute, à 10h31, nous la quittons définitivement, non sans satisfaction et dégustons de nombreux petits pains lors de notre pause.

Maintenant, direction l’Est et les montagnes. On quitte le niveau de la mer pour rallier Huaraz (à 3052m d’altitude) et la Cordillère Blanche à 300km de là. L’autoroute laisse la place à une piste de cailloux et terre qui s’immisce entre les flancs des montagnes. Ce sont les sacoches (pour certaines, l’accroche est cassée leur permettant de tomber au sol avec les secousses…) et les vélos qui ne vont pas aimer. Nous 4? Nous sommes au paradis. Notre paradis: seuls dans ce monde minéral. 😊 Pas une plante, pas un animal, sauf ce papillon jaune au bout de 9km. C’est dire qu’il m’a marqué. Légère route ascendante, sur ces premiers kilomètres de piste, nous nous arrêtons souvent, contemplatifs, nous remémorant les contrées isolées et immenses des États-Unis, bien semblables. Les montagnes aux couleurs multiples, toujours dans un camaïeu d’ocre, jaune, rouge et orange, nous guident vers le fond de la vallée. Quelques motos-taxis, motards en road-trip et voitures, rares tout de même, nous croisent mais n’arrivent pas à nous embuer de poussière: le vent est de dos!! Ah ah! Du coup, le nuage qui les poursuit se dirige directement sur le côté, nous laissant le passage. Je vous ai dit: le paradis! 😁

Surtout qu’après ces 9km, le goudron revient sur une portion, étonnamment. La route nous perd entre les nombreux virages, les flancs de montagnes, les avancées de terre coupées en 2 pour laisser le passage, le tunnel où nous crions à gorge déployée tous les 4, par plaisir! Quelques descentes, du plat revenu avec les cailloux et la poussière, une belle descente finale qui nous amènent pour 13h aux abords du village de Tanguche, où nous retrouvons les motards en trip! Forcément, discussion et photos avec eux!

Après ces 21km matinaux, la faim s’exprime et avec leur aide et celle des habitantes dans la maison voisine, nous nous dirigeons dans le village de 700 habitants. Un seul comedor est ouvert avec au menu ceviche de poisson ou gallina (poule) avec riz. L’accueil est chaleureux, on s’y sent bien. Même les chiens sont sympas et ne nous aboient pas dessus! Une première au Pérou. Un petit dessert sucré ici où on trouve même nos petites tablettes de chocolat! 😋


Le bivouac est encore à quelques kilomètres de là, près du rio. Après avoir rechargé nos 14 litres d’eau chez le propriétaire (merci à lui!!), on reprend la piste avec nos pierres, notre poussière et le vent de dos pendant 10km. Vos prières ont été entendues!!! 🥳 On sent tout de suite la différence. La vallée s’écarte un peu au fil de la rivière, qui est bordée de cultures et de végétation verdoyante. Ça y est la vie reprend. La musique nous accompagne, traditionnelle de Buenos Aires pour Sylvain et Emma, les années 80 françaises pour nous. Seuls encore et on aime ça. Un village abandonné se dévoile sur les rives du fleuve, avec son ancienne place, ses gradins et toutes les maisons sans toit, certaines effondrées… On y descend et regardons pour un bivouac eventuel. Mais une famille habite une des maisons. On ne peut planter la tente ici.

Alors demi-tour mais pour seulement quelques kilomètres. Plus loin, des travaux de terrassement ont laissé un grand plateau en terre, on s’y essaye derrière un bosquet, il est déjà 16h. Quelques canyons se sont formés avec les pluies et ont troué la surface de terre. On zigzague avec nos vélos et posons nos sacoches derrière le seul buisson des lieux! 3 vautours attendent sur un promontoire. Les seuls animaux sauvages de la journée avec notre papillon. Les enfants ont trouvé leur terrain de jeux du soir: un des canyons de terre! Et hop, ils sont explorateurs, graveurs, chercheurs de terre (grosse taille), tailleurs de roches, etc… et nous ne voyons même pas leur bouille dépasser du trou! 😂

Montage de la tente, eau à filtrer, sacoches à ranger, photos et promenade dans un canyon plus profond tous les 4, enfants à nettoyer… Le coucher de soleil embrase le ciel avant de se cacher derrière les montagnes. La lune apparaît ensuite, ronde orangée… juste pour nous! Quelle chance. C’est ainsi que s’achève notre journée, les jambes quelques peu douloureuses, le ventre plein et le sourire aux lèvres…

J229 – Lundi 23 août – Rio Santa à Shacsha Rio Pont 41km D+840m

6h30 mon réveil perso me sonne, mais c’est difficile d’émerger rapidement alors j’attends que les enfants ouvrent les yeux également et que l’eau bouille. Le temps est gris, les nuages bas ne laissent pas entrevoir les sommets autour de nous. Un vautour nous regarde sur son arbre mort. Seul animal ce matin. Le petit-déjeuner est avalé au chaud dans la tente et à l’abri des insectes suceurs de sang! On s’est fait dévorer hier soir. Rangement, pliage et réparation d’une crevaison pendant que les loulous jouent dans la terre avec leur imagination, enfoui dans leur petit canyon. C’est le moment de quitter ce bivouac et nous reprenons notre piste de cailloux et de terre.

Autour les roches sont toujours minérales, ocres, ce qui dénote avec la vallée verdoyante.
19 km de piste où nous sommes totalement seuls. Le dénivelé est toujours positif avec quelques belles côtes où les pneus glissent parfois. Les descentes ne sont pas si plaisantes que ça. Cailloux qui roulent et la surface en vaguelettes nous font sursauter et parfois mal. On freine du coup, pour ne pas glisser. Mais un vrai paradis avec le vent dans le dos… qui ne nous quittera pas. Foi de cycliste: c’est le must de ne pas pédaler pendant quelques mètres. Des maisons abandonnées où il manque le toit en tôle, sont notre halte du matin, à l’abri du soleil. Drôle d’impression de marcher dans l’allée principale vide. On longe la centrale hydroélectrique, traverse un pont en bois et c’est la libération de la poussière et du sable: une route asphaltée. 🤗


Des parois rocheuses très verticales nous impressionnent. La vallée se rétrécit et seuls la route et le fleuve y ont leur place. 8km où nous nous sentons si petits. Si insignifiants face à ces roches. On entend le fleuve et le vent siffler. Rien d’autres. Tout est minéral. Une libellule passe devant notre vélo. On s’en étonne. Nous ne sommes pas si seuls finalement… jusqu’au village de Chuquicara. Un petit comedor à l’entrée (et son chien sympa qui finit le gras de la viande) sera notre halte méridienne. Tout est sec ici, même nous. On a beau penser à boire, on se déshydrate. Le jus de fruits de la passion frais est un vrai régal! Quelques emplettes à la tienda pour tenir ce soir et jusqu’au prochain ravitaillement, et de l’eau du robinet qu’ils boivent et qu’ils nous partagent. La couleur opaque ne nous inspire pas confiance même filtrée, mais dans des endroits aussi secs, elle est quand même de bonne augure!


Pendant les 15km suivants, on s’enfonce encore plus dans les montagnes toujours en montant en altitude mais légèrement. La pente nous permet de bien avancer et le vent y est pour quelque chose. Même solitude, même impression. On voit tout juste le ciel bleu tellement les parois nous avalent. La route suit le fleuve qui zigzague entre les fins de pentes des montagnes, en passant par des tunnels creusés dans la paroi.


Première pause pour notre bivouac: non possible car il est visible de la route et sans surface assez grande pour notre maison ambulante (de 5m de long tout de même 🤣).
Le second sera le bon après les pseudos restaurants marqués sur la carte avec des poules et des chiens. Près d’un pont, un sentier est coupé par des cailloux mais nous arrivons à passer pour s’installer sur un terre plein en sable entouré de cannes à sucre et d’un colibri entrevu.


Le summum: un accès à une petite rivière, très propre. L’eau est plus limpide que celle de notre bidon!!! Les enfants jouent à la patouille avec le sable + eau = boue, sont dégoûtants et heureux!! Bain pour eux dans l’eau fraîche. Ils sont plus courageux que les adultes! Sylvain en profite pour nettoyer les vélos dans l’eau du ruisseau, les chaînes….
Le diner est pris dehors au crépuscule, avec une chauve souris vu par les enfants. Au lit à la nuit tombée au son de l’eau qui s’écoule….

7 commentaires sur “Pérou – A nous les petites pistes péruviennes! – J228 à J229

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  1. Bonjour à tous les 4,

    Encore quelques pages à lire et photos à admirer des auteurs et photographes Laetitia et Sylvain ,ce bouquin me passionne et agrémente mes réveils matinaux.
    Cette portion du Pérou est sauvage à souhait , seuls au monde en effet c’est magnifique.
    Emma et Raphaël sont débordants d’imagination avec les éléments naturels, de vrais petits artistes .
    L’eau du bidon a en effet une couleur peu engageante mais quand la soif est la!!
    Profitez , pédalez , admirez, riez,mangez, dormez , enfin continurz votre vie d’aventuriers et bon vent …dans le dos.
    Plein de bisous à tous les 4

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  2. Exit la panaméricaine et son bel asphalte ! Exit les immondices qui la longe, le bruit des villes et des chiens. Bonjour la quiétude campagnarde, le bon augure des montagnes qui approchent, des nuages qui s’accrochent aux sommets comme vous aux guidons et pédales. Ce paysage ressemble en tout point aux Bardenas Reales, ce désert de terres argileuses à cheval sur la Navarre et l’Aragon. Dur comme la pierre par temps sec et piège de boue dès l’averse. La végétation luxuriante est à venir, sans doute ?
    Je vous sens dans votre élément, perdus dans l’immense et le silence. Emma et Raphaël sont enthousiastes de toutes choses, une belle école de la nature, de la vie. Bonne continuation à vous quatre. On vous suit avec bonheur.

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  3. toujours autant de plaisir à vous lire ! ça change de la panaméricaine ! et surtout le vent dans le dos que je vous souhaitais dans divers messages est enfin là ! 👍👍👍
    le lavage des vélos a dû être plus facile dans le petit rio que dans la douche de l’hôtel ! 🤣
    allez, à bientôt et que le vent dans le dos continue à vous accompagner !

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  4. Enfin !!, le vent dans le dos pour vous aider à pédaler, à alléger vos jambes et peut être vous donner une sensation de vitesse extrême….. pour grignoter les kilomètres un peu plus vite. Que le sourire des enfants sur les photos sont appréciables et puis les jeux dans la gadoue ont toujours fait plaisir !! Quand on a soif, on a soif !! qu’importe l’aspect, il faut se désaltérer c’est une question de survie naturelle. Soyez forts et prenez soin de vous. Bizz à vous quatre.

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