Pérou – S’extirper de Lima – J261 et J262

J261 – Vendredi 24 septembre – Lima à Lurin 50km


Il y a des jours sans intérêts, des jours où l’on ne fait que de la route, où l’on mange la poussière, où l’on ne voit pas le soleil que le gris du ciel, où l’on devient sourds avec cette ribambelle de klaxons, où l’on traverse la banlieue d’une capitale de 9 millions d’habitants.
Ce jour, c’est aujourd’hui. Alors je ne vous dirai pas que nous avons cherché les pistes cyclables et que nous les avons presque trouvées sur 30km.
Je ne vous dirai pas non plus que l’on est sorti du quartier historique à 9h45, depuis notre auberge de jeunesse construite aux environs de 1900 (d’où son nom et qui doit sa structure à Mr Eiffel…) par une belle piste cyclable, Cyclovia Salaverry, entre les 2 sens du boulevard, parmi l’herbe et les arbres pour atteindre le quartier de Miraflores.


Je ne vous raconterai pas qu’Alain a vu le Pacifique (nous aussi! Mais pour nous ce n’est plus une première! 😉) et l’a longé sur plusieurs kilomètres avec également une piste cyclable, Costa Verde, qui traverse de superbes parcs dont le parc de l’amour (où nous nous étions arrêtés il y a 11 ans).

J’oublierai de vous dire que nous avons dit au revoir à l’océan pour entrer dans le cœur de la banlieue de Lima, plus poussiéreuse, plus sableuse, moins verte, moins propre aussi, et que nous avons essayé de rallier plusieurs pistes cyclables entre elles.


Pas un mot non plus sur Vincent la tornade ou Vincent le Père Noël (nous n’arrivons pas à choisir), cet homme qui rentrant chez lui, nous aperçoit et nous demande d’attendre afin de nous offrir une couverture phosphorescente pour chaque enfant, des serviettes microfibres, deux casquettes et des lampes, Vincent qui fût aussi excité de nous donner tout cela que les enfants de recevoir tout cela et de dire : « pas besoin de fêter Noël cette année, c’est déjà fait! ».


Pas la peine de vous conter la réparation par Sylvain de la chaîne de Croc’Pérou avant d’atteindre la ciclovia Pedro Miotta, dans le quartier Los Precursores (quartier sinueux et vivant), et que pendant les 2h d’arrêts (dûs à la recherche d’un maillon rapide de la bonne taille par Sylvain… non trouvé! Et d’un bricolage Macgyver) nous avons mangé un almuerzo et fait quelques emplettes.


Faut-il que je vous rappelle que nous avons pédalé par des pistes cyclables dans les quartiers Sector 6 Grupo 1 à Grupo 7, Sector 3 Grupo 22A à 24, (dont les rues sont toutes perpendiculaires les unes aux autres, bien rectilignes tout ça quoi) en passant devant deux grands parcs municipaux abritant des zoos, puis par Los Cubanos avant de sortir des constructions pour se heurter au sable et au site archéologique de Pachacamac?


Je ne vous préviendrai pas sur notre choix de poursuivre sur la route Antigua Panamericana Sur (l’ancienne Panaméricaine, pensant qu’elle serait délaissée au profit de la plus récente), peu large, très très fréquentée, embouteillée, tout en apercevant les vestiges du sanctuaire sur notre droite.
Je ne finirai pas en vous disant que nous avons cherché vers 16h30 un hôtel et que ce fut laborieux en raison de la proximité des plages (non visibles dans la grisaille de la journée), qu’il a fallu faire demi-tour, demander à un/une coiffeuse, un mototaxi, une tienda pour enfin trouver notre bulle de repos de la nuit dans les bras de J.C. (Hôtel César 😁) et de ses eaux chaudes.


Voilà une journée sans trop d’intérêts mais qui nous laisse à tous les 5 un point à retenir parfois différent:
Emma et Alain: retiennent la piste cyclable le long du Pacifique
Sylvain : la douche chaude de l’hôtel
Raphaël et moi: la rencontre avec Vincent.
Chacun a son coup de cœur du jour bien à lui, chacun appréhende sa journée différemment bien que nous la passions ensemble. Mais c’est le propre de l’homme, étant unique, ayant sa propre expérience, son vécu différent des autres (même dans une famille), sa sensibilité, il ne peut avoir la même vision que les autres. Celle que je vous écris ici est la mienne, agrémentée de celle de Sylvain par ses photographies. Ce n’est juste qu’une des nombreuses visions possibles de ce que nous vivons ici.
Sur ce, je ne terminerai pas en ne vous disant pas bonne nuit (car ma maman m’a bien élevée 😆) à 21h21.

J262 – Samedi 25 septembre – Lurin à Playa La Encenada 47km


Tout commence comme d’habitude: lever des garçons puis des filles, petit-déjeuner dans la chambre avec 3 assis sur les lits et 2 chaises, café, thé, céréales, pain et confiture, rangement des sacoches descendues et mises sur les vélos à 8h45 pour notre départ sous la grisaille…. comme hier!
Une bien bonne journée comme hier en sortant de cette banlieue grise, non nettoyée, sablonneuse, bruyante, poussiéreuse même sur les rares feuilles des rares arbres qui ne sont plus vertes. Mais ce matin en rejoignant la Antigua Panaméricaine, surprise: une piste cyclable qui vient à nous! Même pas la peine de la chercher. Et ça, c’est bien sympa dès le matin. On a un bon entrain en traversant Punta Hermosa, avec toutes ces constructions inachevées, ces complexes sorti de terre (sable!) et stoppés en pleine élévation, ou vidés, jusqu’au Malecon Norte.

La Playa Punta Rocas nous rappelle la Californie par ces maisons individuelles face à l’océan. Mais ici encore, tout est à l’arrêt. Sans vie. Parfois non terminé. Fermé. En vente. Et cela donne une ambiance désertique, glauque, triste accentué par le temps chagrin. Alors on pédale, on déroule sur la piste cyclable, puis le sable, puis l’esplanade, mais toujours seuls dessus, même seuls en comptant la plage!!

La Punta Negra, dont le nom rappelle ces rochers sombres, où les pélicans ont élu domicile, où des hommes accrochés dans la paroi verticale pêchent, et où se fracassent les vagues sera notre pause de la matinée près des cabanes de restaurant abandonnées. Petit tour au mercado de la ville avant d’entamer le Malecon Sur sur le sable dur, où les constructions sont encore moins terminées ou entretenues. Ambiance fantomatique avant de reprendre notre piste cyclable délaissée au profit du Pacifique, des vagues, de la force de la nature, des oiseaux voletants au dessus, de l’horizon et la mer cachés…

Quand nous retrouvons la Carretera Panaméricaine quelques kilomètres plus loin, vers La Tiza et son « commando » inscrit sur une montagne de sable, les collines de gauche grouillent de bikers, de motocross sur les crêtes. Le spectacle est impressionnant avec leur bécane dans la pente, s’enfonçant et poussant pour se sortir de là, leur danse habile avec leur guidon… Quelle ressemblance avec parfois les nôtres!


L’aventure continue sur le shoulders de 2m sur la droite des voitures et camions, quand nous faisons notre arrêt parmi ceux-ci pour le déjeuner, à se trouver une toute petite place sur le sable du parking. Ambiance bruyante garantie pour cette pause non reposante. Pas grave, on préfère vite repartir en direction des condominios: ces grands complexes immobiliers, flambants neufs, blancs avec de grands baies vitrées (ce qui dénote avec le Pérou vécu depuis 1 mois et demi). Pas que l’on aime ça, non non, ni que l’on y dorme ce soir, ni que l’on ait investi dans un de ces lots! Juste que l’on dépasse les immenses panneaux pour ces zones hypra-touristiques, au vu de notre village, plus intime en prévision… Alors on roule, pour rouler. Pas de grands espaces, de superbes paysages, de belles rencontres cet après-midi. Juste le froid et le vent de face qui reviennent, avec de la descente, une station-service pour notre ravitaillement en eau (non filtrée), des petits pains cuits au feu de bois, des collines de sable sur notre gauche, des projets immobiliers en pleine expansion sur notre droite vers l’océan à peine visible et des vendeuses de glaces, toutes les mêmes (les glaces pas les vendeuses!!).

Et puis les plages se rapprochent, publiques, avec des restaurants de plage, tous sponsorisés par « Inka Cola » (à l’enseigne jaune), tous fermés, parfois peu entretenus… Playa Cerro La Virgen, Playa Leon Dormido (là, je pense à Claire et Chloé sur San Cristobal aux Galapagos et ce bout de rocher perdu en mer… au même nom🦈🏊‍♀️🤿), Playa La Encenada. Celle-là longue d’un kilomètre, aussi avec ses restaurants vidés, nous inspire. Il est tard et nous ne pourrons atteindre le village suivant. Les surfeurs sur la plage pourront nous confirmer si nous pouvons rester ici pour la nuit. Et ils ont pu! Cool…. Il n’y a plus qu’à choisir la paillotte derrière laquelle nous voulons nous « cacher » de la Panaméricaine. Ce sera Gloria pour cette nuit (et oui tous les restos ont un nom!).


Quelques photos de la plage, des vagues, quelques regards sur l’horizon qui se dévoile avec le coucher de soleil, sur les oiseaux marins qui dansent, sur les surfeurs près de l’éperon rocheux. La tente est montée, les enfants jouant dans le sable, Papy montant la sienne. Et puis vient le moment du repas, apprécié dans l’abside de la tente. Cela faisait déjà plusieurs jours que nous n’avions pas bivouaqué et cela nous manquait. Alors on savoure cet instant tous les 5 que l’on prolonge avec le film « Everest » sur les événements dramatiques de 1996. Et on sombre à plus de 8000m dans nos têtes mais à 1m d’altitude réelle ce soir.

10 commentaires sur “Pérou – S’extirper de Lima – J261 et J262

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  1. Bonjour à vous 4,

    Ce récit de Lima et de ses environs me laisse à penser que vous n’êtes pas fait pour la ville !! Et comme je vous comprends , la nature ,les grands espaces sont tellement plus beaux , même si souvent ,moins confortable, et plus difficile à atteindre avec vos vélos et chargement.
    Merci pour les photos et vos ressentis .
    Bonne route à tous les 4,(le 5eme est retourné chez lui, avec des souvenirs inoubliables ) Plein de bisous , prenez soin de vous.

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    1. Coucou Annick.
      Bingo. La ville et nous ça fait 2, même si nous sommes capables de nous y adapter.
      Les grands espaces nous correspondent plus, même si ils sont parfois difficiles à atteindre, c’est ce qui les rend si beaux!!
      Merci de nous écrire! Ca nous fait toujours plaisir.
      Bisous tata

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  2. Visiblement, ces deux journées ne vous ont guère enchantés, mais combien le reportage m’a plu ! Texte et photos pareillement !
    Ce qui m’espante le plus, c’est le temps et le soin que vous prenez pour nous autres, les ceusses qui vous lisent avec régularité et enchantement, pour nous faire partager vos aventures, vos joies comme vos problèmes. Bravo et merci ; personnellement, je me délecte,
    Lætitia, ton style et ton ton collent de plus en plus avec ce que tu vis ; ce road-movie me semble sans commencement ni fin, comme un éternel voyage dans l’espace et le temps.Vous êtes de voyageurs de l’espace, en fait, et ta façon de le raconter nous emporte avec vous. C’est superbe. Merci.
    Bises et bonne continuation au Pérou.

    Aimé par 1 personne

    1. Quel plaisir pour moi de revivre à la lecture de votre nouvelle publication ce vécu ensemble bien qu’il ne fut pas , pour moi également, l’épisode préféré de mon voyage au Pérou.Ma sœur a raison, nous ne sommes pas des urbains mais j’ai pû y apprécié sur votre itinéraire à chaque jour improvisé la diversité des modes de vie locale, la ferveur des villes,la quiétude des hauts plateaux, les modestes conditions de vie quasi partout là bas.
      Cette tranche de voyage,avec mes enfants qui ont pris grand soin de moi et que j’affectionne m’apparaît encore plus avec le léger recul dans le temps comme une chance que je n’ai pas laissé passer.

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  3. Effectivement, la ville vous n’aimez pas , avec tout ce monde, ce bruit, cette folie collective, (on vous comprend), mais de temps en temps une bonne douche vous réconforte et vous donne du baume au coeur. Même si celui-ci penche du côté de la nature que vous côtoyez au quotidien et qui vous redonne au centuple des moments inoubliables mais au combien mérités.
    Vous êtes toujours rempli de courage, de volonté, de force même dans les moments difficiles. Respect Admiration . Prenez soin de vous. Bizz

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    1. Merci Maman pour ce message si fort. Ce voyage est un rêve qui mérite de la sueur, de l’ouverture, de la douleur mais qui nous donne au sentuple!
      On apprécié d’autant plus les petites choses de la vie, un colibri qui passe, un pouce hors d’une voiture sur la route, un sourire… on adore. C’est notre drogue!!!
      Bisous

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  4. Effectivement Patrick, la ville ne nous aime guère, et c’est réciproque!
    Que dire sur ce message dont les mots sont si éloquents: un grand merci. Grand merci de nous lire, grand merci de prendre le temps de nous écrire à chaque fois (alors que nosu ne répondons pas tout le temps…). Nous aimons beaucoup lire tes (les) commentaires. On est touché, avec ce lien avec vous. Merci encore. Cela nous plaît d’écrire et de choisir des photos pour vous, pour nous aussi, pour les enfants…
    On t’embrasse bien fort. A très vite sur la route de notre voyage!

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