J258 – Mardi 21 septembre – Huaral à Ancon 50km D+528m
Presque chaque jour, nous nous demandons lors du dîner, ce que nous avons préféré dans la journée. Vous savez, le petit truc que l’on retient… le petit truc qui nous a fait sourire, qui nous a fait rêver, qui nous a émus, qui restera en mémoire….
Et bien aujourd’hui, pour moi ce fut ce repas du soir dans un resto d’Ancon, car il était bon, chaud, salvateur après le pique-nique improvisé sur le bord de la route de ce midi… Blague à part, on a quand même eu un autre moment, cet instant, la tête dans les nuages avec Raphaël aujourd’hui. Je vous raconte.
Après une nuit un peu trop courte à mon goût, nous petit-déjeunons dans les appartements d’Alain, d’abord les plus âgés, puis nous, les 3 plus jeunes!! 😜
Emma s’endort sur le lit de papy: les journées sont longues en ce moment, et éprouvent nos loulous.
9h et nous traversons parmi une forte concentration de mototaxis bruyants, la ville de Huaral avec ses 100 000 habitants, agrémenté d’un arrêt « pur jus d’orange » fait sur le pouce, enfin sur le trottoir!
Large sourire aux lèvres, (ça pourrait peut-être être cela mon moment petit + de la journée??), nous enquillons l’agitation, le bruit, les klaxons +++++, les dépassements à gauche et à droite, les ronds-points où l’on doit se faire sa place face à tout le monde (faut pas hésiter, montrer les dents, rugir, râler, lever le bras, fermer les yeux car ça passe large!!😁). Mais on y arrive, vivants!! Et nous voilà, à sortir de la ville sous le brouillard, enfin le smog de la mer, et tracer parmi les plantations de cannes à sucre, de maïs, de carottes, d’oignons, de fraises (elles nous ont fait de l’oeil, je les ai bien vues!) sur de petites parcelles, non clôturées, entretenues à la main, sans gilets de protection contre les oiseaux (pourtant mon papi les protégeaient bien dans son jardin de Bretagne….!).
On pédale vers le sud, vers la capitale Lima, vers la ville, la grosse ville de 9 millions d’habitants sans rien voir à plus de 100m! Pas de paysages à l’horizon, juste du gris, dans le ciel, au bout de la ligne droite, après les parcelles de cultures sur les côtés, jusqu’au pied de la colline de sable où l’on ne distingue pas la fin… Et ce gris, il déteint sur nous, sur notre allure peu encline à une vitesse rapide malgré le plat de la route. On avance sans trop réfléchir. Sans trop profiter en fait. Sans trop photographier ce qui nous entoure (le photographe n’est pas au mieux de sa forme ce matin), pourtant enrichissant au vu des conditions de vie de ces péruviens dans le sable, les déchets, avec les moyens du bord.
Après 12km, 2 routes nous font face: la Panam ou une route qui longe l’océan Pacifique, qui sera plus tranquille pour nous. La seconde est notre option de ce matin, qui nous fait traverser dans ces odeurs « fraisières » de tous ces champs verdoyants aux petites touches roses, pendant 6km. On a stoppé net juste après avec ce panneau : »No bicicletas ». Ah bah non! On a fait le détour exprès. A ce niveau, il ne nous reste qu’une autre route, sur le sable par la plage. Et on a déjà testé au Guatemala, c’est pas bon! Pas d’autre choix que de s’en retourner 6km en amont pour prendre… la Panam! Aurions-nous pu comprendre les petits signes au préalable? Tous ces camions, uniquement que des camions d’ailleurs, qui passaient par là sans shoulders… alors que la Panam est large et qu’avec des voitures mais avec une superbe côte de 6km… Et non, pas de signes, rien que nous n’avons loupé. Pas de notre faute, ni celle de quiconque d’ailleurs. Résignés, on fait demi-tour, on échange les vélos pour Sylvain et Alain, on échange l’eau et les sacoches aussi (celle de nourriture qui passe sur Croc’Pérou) pour alléger Sylvain qui a mal à la tête et se sent fatigué. L’entraide en famille pour mieux passer cette « épreuve » sur la colline de sable, cette route qui file droit vers les nuages, de bonne pente, qui après le contournement ne descendra pas de suite, continuera à se cacher sous de faux virages, sous de faux plat jusqu’à un autre arrêt forcé.
Décidément. Les rayons. Pas ceux du soleil que nous n’avons toujours pas vus depuis ce matin avec cette purée de pois. Les rayons moins naturels, en métal, de la roue arrière du Panzer. 4 cassés. Juste au-dessus de l’océan, des vagues à peine perceptibles, du sable, des lots de terrain à vendre, de notre route précédente (qui effectivement n’est dédié qu’aux camions qui roulent touche-touche). Midi, Sylvain propose que nous mangions pendant qu’il répare la roue avec Alain… avec ce que nous avons en réserve dans la sacoche: improvisation! 1h durant, les 4 nouveaux rayons font le bonheur de cette réparation pour les adultes (ouf, ce sont les bons, on en a pile 4 en stock, ouf, on pourra repartir!) et pour les enfants (« trop cool! un rayon pour jouer », pour imaginer un pistolet ou autre, et même un second rayon pour chacun!!!). Sandwich sur le pouce, melon/concombre et quelques bonbons feront notre festin ce midi (il faut parfois se contenter de peu et puis le principal est ailleurs: nous pouvons avancer!).
Les vélos enfourchés, les pieds dans les étriers, les musiques sont réamorcées pour les 2 tandems. Bien différentes ma foi: chez Panzer, vu le temps hivernal, Franck Sinatra est sorti de sa hotte pour chanter Petit Papa Noël avec toute sa horde de chants traditionnels (mais pas Mariah Carey! Dommage!🤣). Chez Couillot, petite pépite découverte durant l’insomnie de la nuit précédente: Billie Eilish et son « When the party’s over » ou « Six Under the feet ». L’on monte ainsi parmi les collines du bord de mer, les cahutes abandonnées, les maisons ensablées, les déchets ramassés, la brume et les nuages. C’est ce que retient Raphaël aujourd’hui et moi aussi peut-être. Ce passage où les nuages ont traversé la route de droite à gauche, avec le vent. Ou c’est nous qui avions la tête dans les nuages? En tout cas, notre esprit était haut dans le ciel péruvien, avec le sourire de pouvoir les toucher ces stratus. D’être magiquement assez haut perché (dans nos caboches?) pour les voir et les sentir. Atmosphère surréaliste.
La redescente sera fraîche comme à chaque fois (et très rapide!) mais avec une pointe de vigilance supplémentaire par ce manque de visibilité sur la chaussée qui nous cache la côte suivante! 😰 On enchaîne sans trop d’arrêts pour ne pas réfléchir, pour avancer encore un peu plus vers les abords de la ville. Encore un no man’s land de traversé, un « sand land » plutôt qui encore une fois grapillera notre temps imparti pour cet après-midi. Quand soudain, une trouée, du bleu, dans le ciel et dans la mer. On la voit enfin distinctement au détour du dernier virage, sur la baie de « Villa Mar del Ancon ». Deuxième moment qui m’a surprise. Après une journée entière sous cette cloche grisâtre, je ne l’attendais plus ce rayon de soleil. Mais il a réussi pour un temps magique, à percer, pendant notre descente à flanc de colline sableuse, vers le péage de Pasamayo, à percer notre coeur et à nous redonner le sourire, pour un temps. Mais c’est suffisant pour être heureux, heureux de nous, d’avoir transpercé ce sentiment de monotonie.
Avec le soleil, vient la ville, enfin la banlieue, les faubourgs, les tas de terre et les déchets, les objets cassés, brulés sur le côté, le sable, la poussière, le bruit à l’approche d’Ancon. Bientôt 16h, nous n’atteindrons pas Lima à 30km d’ici; les 2 tuiles de la journée auront trop fatigués les troupes et pris notre temps pour envisager aller plus en-avant sur cette route qui se redresse au sud entre 2 collines. Autant entrer dans cette nouvelle ville et toquer à l’accueil de 3 hôtels pour ce soir.
Le réconfort de 2 chambres au rez-de-chaussée (comme c’est bon de ne pas monter 3 étages avec toutes nos sacoches…!), la douche froide pour les âgés 😉, le mal de tête d’Alain, le petit goûter, et déjà la pénombre nous active à sortir à 18h pour dîner en toute sécurité (dans cette ville à la réputation peu engageante). Le dîner chaud, très copieux, cuisiné au feu de bois, bon de ce soir, est pour certains d’entre nous LE moment de la journée. Ce que je pensais aussi ce soir. Mais en écrivant ces mots, force est de constater que j’en ai eu plusieurs. Il suffisait que je les vois réellement. Que je sois prête à les voir ces moments anodins, furtifs, uniques.
Un dernier moment + pour la route? Et oui, comme quoi, même aujourd’hui. La douche chaude, brûlante qui délasse les muscles et l’esprit, qui enlève la poussière, l’odeur et le film de la journée éprouvante mentalement et physiquement. Pour ensuite entendre les enfants sur le lit, avec la lumière du placard, expliquer leur dessin instantané, et les entendre rire, s’amuser, être heureux. Juste ça. Juste bien. Trop bien.
Sur ce, la lumière est éteinte avec un petit bisou sur la joue de chacun, et l’on se met au chaud, avec la musique à fond des proprios de l’hôtel jusqu’à 00h47, heure à laquelle je vous abandonne….
J259 – Mercredi 22 septembre – Ancon à Lima – 45 km (D+ 287m)
9h10 départ de l’hôtel après avoir bien pris le temps de se réveiller et de se motiver… On aime les photos du matin au sortir du lit. 😆
On l’a suivi cette Panaméricaine Norte. On ne l’a pas lâchée. On n’a pas pu, c’est la seule route par ici. Alors ville, ville, ville aujourd’hui! Normal, on s’approche de Lima! Dans du sable, des maisons de 25m2 construites en briquettes ou terre tassée sur les flancs de la dune de sable, avec nos ennemis les déchets, toujours plus nombreux. Même le cadavre d’un cochon se trouve avec le reste des monticules de déchets. Cette quantité effroyable de déchets, des employés municipaux essayent tant bien que mal de les mettre en sac ou de les brûler au bord de la route. Quelle aberration! Quelle déception!
On se concentre sur la chaussée, sur le danger éventuel des automobilistes qui roulent vite et la côte de 6km est avalé rapidement, sans que l’on s’en rende compte. On s’attendait à une forte pente… absente! Cool! Enfin, juste ça car l’approche de Lima, l’est moins. Capitale = beaucoup, beaucoup de monde, de bus, de voitures, de chariots, d’épaves rouillées, de monde sur le bas côté qui attend l’autocar, de klaxons… Tout bouge, sans aucun respect des distances, des panneaux, des trottoirs, des files… Seuls les feux rouges tricolores sont respectés! Il faut se contenter de ce que l’on a. Alors, on fait comme eux on, on zigzague! On s’active lors des sorties de route ou des entrées pour éviter les voitures avec nos bras tendus, peu visibles… pour le Croc Pérou qui nous a embouti l’arrière! Il n’a pas vu l’arrêt ce papy et hop, un choc arrière avec le Couillot. Mort de rire. 😆 Papy n’avait pas les yeux en face des trous!
Le repas dans un chifa est rapide, les yeux rivés sur nos bici accrochées devant. Puis, le quartier Nord de Lima : un grand marché de tout et n’importe quoi!!! De l’électronique, des grands hangars, des motos sur la route, des tiges de métal, ça fourmille de partout. On ne sait où donner de la tête.
Un appartement pour 3 nuits était le but de notre venue ici: le quartier est vite traversé et analysé : on n’y reste pas. On continue sur une auberge de jeunesse trouvée sur le net en centre historique, entouré de parcs: « 1900 hostal ». On n’en revient pas de cette vieille bâtisse en bois et moulures. Le parquet de la chambre et sa cheminée donnent du cachet et une certaine chaleur à la pièce. Nous nous y sentons bien. Et la cuisine sur le toit terrasse aide aussi! Ou est-ce le babyfoot? 😁
Petit tour dans le quartier ce soirée, avec malheureusement, le parc en face qui est fermé pour pandémie. On en fait le tour tout de même et passons devant le parc sur « la magie de l’eau » (idée pour demain !!). Les courses sont réalisées en famille avec une Emma qui se fatigue. Sylvain la porte jusqu’à l’hôtel, nous 3 se partageant le reste des poches. Raphaël, courageux portera la sienne de bout en bout avec les victuailles de son choix. 😜
Quelques parties endiablées de baby-foot avec des bières à l’apéro et du queso sans goût (très bon choix d’ailleurs Alain!!🤣) au 2ème étage sur la terrasse, de nuit, nous revigorent, avant une bonne nuit de sommeil sans bruit!
J260 – Jeudi 23 septembre – Lima off
Belle journée off pour certains, après un bon petit déjeuner préparé par l’hôtel, tranquille en visitant le centre historique de la ville, la Plaza de Armas, de flânerie dans les rues piétonnes, d’empenadas bien chauds. Et journée plus éreintante pour Sylvain avec la recherche de pièces pour le drone, d’un nouveau réchaud dans toute la ville et faisant chou blanc! Heureusement, on sortira ensemble pour la fin d’après-midi et la soirée dans le Parc Magique de l’Eau, où des jets d’eau, des couleurs, des tunnels d’eau ou de végétation, un film projeté sur un rideau d’eau pour le bicentenaire de l’indépendance du Pérou, s’entremêlent sur le parcours du jardin. Une belle surprise pour nous 5, enchantés.
Cette journée off est passée aussi vite que les autres. C’est déjà parti pour la suite de l’aventure vers le Sud.
Quelle féérie de photos magnifiques de cette ville, incroyables, de toute beauté, à couper le souffle et cette route dans les nuages des sensations inoubliables pour vous : je reste ébahie par tous ces instants exceptionnels et presque hors du temps. Bonne continuation prenez soin de vous bizz
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On essaye de prendre le meilleur de chaque jour et de ne voir que les bons cotés….
Bisous et on prend soin de nous
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