J667 – Lundi 21 février – Albardon à Villa Nacusi – 16km D+24m
On ne rigole pas avec ce nombre incroyable de kilomètres aujourd’hui. On a deux excuses très valables.
La première nous attendait à son travail sur San Juan. La seconde fut virulente dès midi…
Le réveil fut tranquille malgré la fraîcheur, pas de pluie, juste quelques gros nuages qui permettent de ressortir la polaire délaissée depuis quelques temps. Le petit déjeuner fut pris par Sylvain, grand lève tôt, sous l’abside à l’abri du vent, puis par nous 3 après 7h30, bien après que Raphaël aille acheter du lait à la station service, en espagnol et en payant seul (mais sous l’œil de maman dehors). Aidé par le vendeur et par un client pour lui tenir son lait pendant qu’il range ses billets, il est revenu très fier de lui. La suite est identique aux jours précédents, rangement et mise en sacoches sous le vent, très fort et venant de toute part ce qui nous affole vu les hauts murs protecteurs. Ça promet une fois sur la route!
Nous reprenons la route 40 vers 9h, en parallèle de l’autoroute, accompagné d’un vent de face, pas bingo pour nous. La zone urbaine a commencé avec ces petites entreprises « ferreterria » et « gomeria », ces maisons en rez-de-chaussée, ces petits kioscos, ces boulangeries, ces rond-points, ce sable venant du Sud, cette manifestation encerclée par les policiers, faisant un sit-in sur notre route mais qui accepteront de nous laisser passer.
Nous sommes aux portes de San Juan, ville de 500 000 habitants (avec son agglomération), sur le boulevard Rawson. Notre première excuse nous attend sur cette avenue, au numéro 260: Tuluz (prononcer Toulouse !). Ariel y travaille et nous avons rendez-vous avec lui. Nous rencontrons aussi son fils Ivo sur le parking et discutons ensemble tous les 4. Ivo part dans un mois en Europe pour faire un voyage d’un an… à vélo!! Excellente idée, dommage que nous n’y soyons pas pour l’accueillir à notre tour! Ariel nous propose de nous faire découvrir sa ville en voiture, le théâtre, les Parcs, les bâtiments officiels, ses rues Norte y Sur, avant de retrouver sa femme Claudia, à son travail au centre de santé. Nous la dérangeons pendant ses rendez-vous de gynécologie (sa spécialité) car elle aimerait offrir un cadeau aux enfants: le tee-shirt officiel de l’équipe de football d’Argentine du numéro 10, Lionel Messi! Chacun a sa taille et l’enfile de suite. Leurs yeux n’en ressortent que plus bleus!
Nous laissons Claudia travailler et continuons notre découverte de la ville en passant par leur maison où se trouve leur autre fils Amine. C’est un plaisir que de partager encore quelques mots d’espagnol avec lui et Ariel, qui nous offre une confiture maison, cuisinée par Claudia. Retour ensuite sur l’avenue Rawson pour aller récupérer nos tandems, sans avoir été malades dans la voiture! On progresse.
Déjà midi à la montre de Raphaël, va falloir quitter cette famille adorable pour rouler un peu à travers la ville, après quelques photos bien sûr, on adore ça!
La famille Dem est repartie, en direction du Sud mais pas pour longtemps vu l’heure et nos estomacs! Un petit détour avec beaucoup de vent même parmi la ville et ses édifices jusqu’à un immense supermarché où nous ne nous perdons pas, mais la queue aux caisses aura eu raison de la patience des garçons! Sur le parking à l’ombre, on dégusté tout ce que nous avons pu trouver avec Emma dont une tablette de chocolat Crunch! Ahhhh, les saveurs sucrées et chocolatées en bouche qui reviennent.
La seconde excuse pour ce petit kilométrage arrive juste après ce repas: le vent. Mais un vent qui nous laisse sur place même avec la petite vitesse. Et on est en ville! On amorce un bon pédalage sur la « Latérale Ouest » de la route 40 (qui est en 2×2 voies) avec le Couillot à l’abri du Panzer parmi la zone industrielle de San Juan sur 5km. Pas plus! Un panneau « Cabañas » en bois nous barre la route et nous fait poser le pied à terre. L’option est prise sur l’une d’entre elles à 14h. On est fatigués, peut-être un retour de la grosse journée d’hier? Dans tous les cas, on en a besoin, on préfère s’écouter. On entend bien dans nos oreilles: arrêtez-vous ici! On le fait, les enfants se mettent en maillot de bain, caressent les chiens et s’amusent avec la fille des propriétaires… pendant que nous décrochons les sacoches et mettons en place les affaires de chacun.
Un peu d’écriture et de blog, un thé et un café, une sieste pour certains, une lessive pour d’autres, de l’école pour tous, pour terminer par un bon repas devant un documentaire animalier sur le tigre de Sibérie.
La pluie vient d’entrer en scène, mouillant nos vélos et leurs sièges près du barbecue, ainsi que l’intérieur de la cabaña sujette aux fuites! La nuit commence ainsi pour nous 4…
J668 – Mardi 22 février – Villa Nacusi à Villa Média Agua – 46km D+25m
Tranquille ce matin, il ne pleut plus, les enfants jouent déjà dehors au frais, très frais avec leur polaire. Mais, on va vite se réchauffer en récupérant la Rn40, sans sa voie latérale, à nous la 2×2 voies, son lot de circulation et surtout de vitesse!
C’est un axe entre 2 villes de 681 000 habitants et Mendoza avec 1 739 000 habitants, alors forcément ça roule bien, sur de l’asphalte. Parfois on arrive à trouver un espace sur notre droite. Aujourd’hui, on roule, on pédale: voilà la journée, c’est tout! Rien à signaler.
Je me demande même ce soir si Sylvain a fait des photos?
A 11h30, on a faim et on passe par le village de Carpinteria pour acheter des fruits et des légumes dévorés sur l’aire de jeux et de pique nique. Aussi vite que les 25km de ce matin.
Quand il n’y a pas de vent cela change tout. Les 26km suivants sont aussi vite avalés qie les petits gâteaux sucrés parmi les buissons, les « no man’s land », les parcelles cultivées puis de plus en plus les vignes. Nous sommes si rapides, qu’à 14h30, nous entrons au camping. On y plante la tente, seuls sur ce terrain d’herbe, sans équipement de camping réellement. Sauf… une piscine géante, et rien que pour nous. Enfin rien que pour Emma, Raphaël et Sylvain. Moi aussi, cela me dit bien d’y aller, mais en prenant mon maillot de bain, la fatigue m’emporte pour une sieste!
Je serai plus courageuse pour le temps scolaire et les courses, promis. Le barbecue donnera un petit côté estival avant que nous discutions autour d’un thé-café pendant que les enfants eux-mêmes discutent aussi mais dans la tente jusqu’à 22h.
J669 – Mercredi 23 février – Villa Média Agua à Jocoli – 72km D+45m
« Aucune, il me semble? ». Voici la réponse du photographe ce soir sur notre journée d’aujourd’hui. Cela vous donne une idée de notre journée. Je me demande même si c’est valable que je vous la raconte? Allez rapidement, et hop, j’irai au lit (car nous n’y sommes pas encore à 21h…).
Le réveil fut tard aujourd’hui, mais le lever encore plus tard, peu avant 8h. Il y a du laisser aller dans la famille Dem, du jamais vu! Avec notre ami de la veille (qui a bien compris que l’on avait de la nourriture…), nous déjeunons l’eau chauffée encore au barbecue, avec sa petite fumée qui éloigne les mosquitos du matin. Rangement habituel et ordonnancement de nos affaires au soleil sur l’herbe puis vers 9h30, on s’éloigne de ce camping par la route 40.
Alors là, la route 40, il n’y a rien à dire. Je vous l’assure! Au départ, nous avions des buissons, des arbres, des montagnes au loin de part et d’autres de ce couloir, sur des dizaines de kilomètres jusqu’au changement de province de la Rioja à celle de Mendoza, déjà 33km après notre départ. Avant rien de particulier: de la route, de la mauvaise route en asphalte qui a été mal posée et fait de gros bourrelets, mauvaise et dangereuse route car il n’y a pas d’espace pour nous sur la droite et mauvaise route par les camionneurs qui vont à 110km/h et n’ont pas la patience d’attendre derrière nous. Voilà le topo de cette portion terminée par le poste de police, où nous empruntons de l’eau (que nous avait proposé de faire un agent de police au volant de sa voiture, lors de notre pause goûter du matin un peu plus tôt).
La portion suivante nous marque par sa désertification: les buissons sont plus ras, les arbres absents et le sable à très forte dose fait son retour. Rien, rien, rien comme habitations, juste des antennes relais sur 22km lors de notre arrêt déjeuner à 14h. Nous avons profité du vent dans le dos pour avancer, ainsi que de l’ombre du seul arbre trouvé avant un virage. Le sol est craquelé, comme de grandes dalles de terre avec lesquelles les enfants jouent… forcément! Un bon pique-nique, de bons fruits et de bons gâteaux, de bons fou rires et nous reprenons nos vélos pour les derniers 18km avant le premier village de la journée.
Des cyclos y ont dormi près d’une place au bord de la route. On va y tenter notre chance. D’abord, des empenadas maison cuits au feu de bois par Carlos nous appellent. Vous les entendez? Nous, on entend la douzaine… en même temps que quelques gouttes de pluie qui tombent. Carlos nous propose de venir mettre les vélos à l’abri dans son jardin (où se trouve le four construit maison) et de nous installer à une table qu’il met à notre disposition, trop gentil.
De fil en aiguille, de discussion en déception pour les garçons allés chercher le fameux spot pour la nuit, Carlos appelle le pasteur, « son pasteur » nous dit-il. L’église se trouve à côté (une petite maison en briques rouges) dont le terrain à l’arrière abrite une dépendance… qui nous sera prêtée pour dormir cette nuit. Merci au Pasteur qui a donné son autorisation par téléphone. C’est d’ici que je vous écris, de cette maisonnette avec une cuisine et table à manger. Nous montons la tente à l’intérieur, pendant que nos loulous jouent avec un tractopelle et une brouette en plastique! Les travaux avancent bien avec eux deux. La soirée également! A mettre en place notre chambre à coucher, à boire du the/café, à chercher un logement sur Mendoza – introuvable ce week-end en raison de la Fiesta de la Vendimia, la fête finale attendant 100 000 personnes, après 1 mois de fêtes dans les villages de la région avec les vendanges! La loose… Comme pour Huaraz, c’est LE rendez-vous de l’année, en même temps que notre arrivée demain. On verra demain.
En attendant, 3 gourmands ont faim et se mettent à table à 21h, oui oui. On est bien décalé! Un coup de nettoyage par l’évier de la cuisine, non pas pour les assiettes mais bien pour les 3 courageux au gant, avant de se mettre au lit pour éviter les moustiques dans notre moustiquaire. Une nuit au chaud, même si toutes les fenêtres de notre dispensaire sont ouvertes!
J670 – Jeudi 24 février – Jocoli à Mendoza – 45km D+329m
Bien au chaud, Emma et moi avons bien du mal à sortir de nos duvets, avec ce léger rayon de soleil qui éclaire la tente. Mais aujourd’hui, il n’y a pas encore de grasse matinée. Aujourd’hui, c’est vélo! Alors, nous nous levons pour aller petit déjeuner toutes les 2 car les garçons bien plus matinaux que nous, ont déjà terminé leurs tartines. Durant ce laps de temps, la tente est démontée par Sylvain et les travaux rebouchés par Raphaël dehors. La pénurie d’eau pour nettoyer nous posera quelques petits problèmes techniques, nous retardant. Mais bon, on est tranquille, on ne s’affole plus! (Juste pour ce souci d’hébergement ce soir qui remettrait en cause l’organisation de nos jours suivants et de savoir si on passe seulement ou si on reste en ville pour notre matériel…). Carlos n’est pas là lorsque nous quittons cette petite maison tenue par l’Eglise Evangélique de la Pentecôte, pour retrouver notre inconditionnelle route nationale 40.
Et comme hier, ce n’est pas l’amour fou avec elle: énormément de camions, certains nous frôlant, d’autres plus nombreux freinant derrière nous et à qui nous essayons de faire de la place (on est trèèès large!), énormément de voitures roulant 10x plus vite que nous (ok, c’est facile vu notre lenteur), énormément de poussières et de sable dans les yeux à cause des travaux d’élargissement, énormément de bruit et un paysage monotone de « no man’s land ». En 2h30, nous faisons 27km et nous retrouvons encore dans la nature avant l’aéroport international pour une pause gustative de tout ce que l’on trouve dans la sacoche! Cela nous permet de prendre une décision sur la suite du chemin. Et on statue: on se dirige au Nord-Ouest de la ville d’un million 700 000habitants, vers un camping très apprécié par d’autres voyageurs (qui n’avait plus de place en cabañas… mais on espère qu’ils auront encore de la place sur les emplacements de camping vu que la réservation n’existe pas). Alors on pédale et on fonce pour y être le plus tôt possible… C’est sans compter la circulation, les feux tricolores, les priorités, les nids de poules, le supermarché… Ah, ah, ah. Arrêt obligatoire dans celui-ci, pour quelques rafraîchissements et gourmandises quand dans les allées, un couple adorable nous entend parler français avec Emma. Le mari me dit 4 phrases en français, dont 2 très exhaustives! On est mort de rire tous les 3 quand je lui traduis en espagnol… à coté de sa femme! Je les retrouve dehors où nous discutons tous ensembles avec Sylvain et les enfants. Franche rigolade, ils sont de vrais bouts en train. On se quitte, car 6km sont encore devant nous avec un petit dénivelé de fin de journée que l’on adore! Les campings sont sur le flanc de montagne, sur les hauteurs. Quelques avenues à traverser en ville avant de s’en extirper, de passer devant un autre supermarché (énorme, c’est un Walmart à l’Argentine!) mais promis, on ne s’y est pas rendu. Pas encore!!!
Une piste cyclable en sécurité nous aide à circuler en toute sécurité dans la côte de 3km, sans ombre mais avec beaucoup de programmes d’urbanisation de parcelles privées et sécurisées haut de gamme, non sortis de terre! Édouardo et Kiké viennent à notre rencontre sur cette portion avec un pneu arrière crevé. Je comprends (comme Sylvain juste avant) qu’ils m’indiquent que j’ai un peu crevé… mais c’est l’inverse. Et pour une fois, c’est nous qui pouvons aider des argentins. D’abord en gonflant le pneu, mais rien n’y fait. Alors notre mécano de famille répare la chambre à air avec 2 rustines, et déguste un empenada à la viande qu’Eduardo sort de son sac à dos pour nous remercier. Ils en donnera 2 à chaque enfant voyant avec quel bonheur il mange le premier. Ils sont délicieux, savoureux, juteux… Un beau cadeau car la poche y passera! Fini la réparation, Kiké nous demande même combien cela coûte ??? N’importe quoi. Ça fait plaisir d’aider, c’est tout. Ils redescendent en ville par la superbe pente… que nous prenons dans le sens inverse. 14h, on y sera enfin sous la chaleur. Le charme opère pour un emplacement avec table et bancs, appenti, lumière et électricité sur chaque parcelle. Du luxe. « Le soulagement ». Comme nous a dit Sylvain des lamas cyclos.
Un petit montage de tente, un petit souci de fermeture que j’abime, un peu d’air dans les matelas de tous, un petit peu de curiosité du côté de la piscine par les loulous avec la fille des voisins, un petit peu de rangement en mode doucement, et on se décide à aller en courses en bus pour éviter 4km à pied. 2h plus tard on est de retour avec un taxi à 18h30. La soirée passe vite, la douche chaude, le feu à allumer avec du bois humide, le repas et les bonnes saucisses, la fumée dans les yeux, les yaourts natures et danette (je le souligne car ce fut un petit plaisir que d’en trouver, des vrais yaourts natures sans aucun ajout!), la douche chaude pour le cuistot avant l’entrée dans la tente bien après 21h30. Un peu de musique ou de podcast et nous sombrons tous les 4 avec les bruits des voisins du camping, rappelant les souvenirs de mon camping de La Providence sur l’île de Ré, pendant mon enfance/adolescence.
Pronto, cerca de Tuluz (Toulouse), una cabaña francesa muy acogedora tambien para todos los visitantes. Bicicletas protegidas, ciclistas también. Hasta luego Felicidades a los aventureros
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Bonjour les aventuriers,
Je vois que Tuluz a motivé Patrick pour écrire en espagnol.
Mendoza , déjà à la quasi moitié de cette argentine , visiblement pas la plue belle partie.Heureusement la gentillesse des Argentins compense la monotonie des paysages.
Emma et Raphaël vous êtes beaux avec vos maillots numéro 10 ,vous allez faire des envieux !!
Bonne continuation , prenez soin de vous .
Gros gros bisous à tous les 4
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Coucou, magnifique pour vous ces superbes rencontres, cette solidarité les uns envers les autres, une réciprocité enrichissante pour tous. Félicitations à vous et chapeau à Raphaël pour l’achat de son litre de lait bravo à lui !!
Vous êtes magnifiques tous les deux dans vos superbes maillots . bizz
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