Argentine Patagonie – El Epuyen J720 et J721

J720 – Vendredi 15 avril – El Bolson à Camping El Lago Epuyen – 41km D+452m


Ce matin, ce sont les retrouvailles avec la route, avec le vélo et avec l’écriture. Après 2 jours HS pour moi, je reprends goût à cela, avec force et envie.
Ce matin, comme les précédents, le réveil est tardif et le lever encore plus. 8h pour le premier… Le second? Cela dépend des membres de la famille. Le plus courageux a pu sortir en polaire, coupe-vent et bonnet jusqu’à la cuisine de Malco pour faire chauffer de l’eau. Les suivants, après bien des rangements, des yeux décrottés, des vêtements réchauffés en express dans le sac à viande, des tee-shirts mis en 2 secondes, des gants et doudounes, se retrouvent sur la terrasse de la maison, au soleil mais à 1°C. Malco vient à la suite ouvrir sa porte et nous inviter à petit déjeuner à l’intérieur au chaud derrière la fenêtre. Nous partageons tous les 5 un moment dans sa cuisine, préparons les sacoches, puis Sylvain rappatrie les vélos. Aie, je suis en retard! C’est que j’ai mangé ce matin, j’ai bu mon thé, j’ai discuté aussi et fini le drapeau de notre pays aux couleurs et dimensions approximatives. Les coutures entre les 3 morceaux de tissu bleu/blanc/rouge le sont aussi mais à la vitesse où vont les voitures, elles ne se remarqueront pas!! A 10h, nous sommes fins prêts comme l’appareil photo pour se remémorer cette rencontre et cette gentillesse de la part de Malco et son papa. La voisine de la cabane en face veut aussi prendre une photo des enfants qu’elle avait vu aux jeux hier avec ses propres enfants. Pas de problème, Emma et Raphaël y courent. Malco en rigole. Sylvain lui parie qu’ils vont encore manger quelque-chose. Ne les voyant pas revenir du chalet, nous faisons le tour et allons les chercher. Bingo pour Sylvain, ils reviennent avec des caramels et des chocolats, et moi en discussion avec la maman d’origine italienne qui papote bien!

Bon le 10h est largement passé lorsque nous passons le portail de Puema Hue et continuons la route 16 et une variante qui nous fait traverser une petite chaîne de collines pour revenir à notre vallée de la Ruta 40. Alors le plat du début me plaît bien, mais la côte de 5km pour rallier l’autre vallée, moins! Les douleurs dans le dos et les jambes reviennent sous forme de fourmis, mais n’empêchent pas de pédaler. Ni de suer. Ce matin, pas loin de zéro degrés, on est déjà à 10 voir 15 au soleil. Forcément, on a trop d’habits. Forcément, on dégouline au soleil et gelé à l’ombre. La portion est encaissée, aux flancs verticaux recouverts de forêts de conifères.  Les abords de la route, on peut distinguer nombre de cabañas en bois à louer (toute complète en cette semaine sainte et fériée).


A l’intersection de notre route 40 après 8km, c’est de la descente dans la vallée. Les maisons défilent, la végétation, les montagnes, les couleurs rouges en altitude, jaunes et rouges plus vers nous, la nature est impressionnante autour de nous et nous accompagne jusqu’au village de Hoyo, en descente svp! Petit village où ne nous arrêterons pas puisque nous avons l’impression de ne pas avoir beaucoup parcouru depuis ce matin. Et c’est la réalité: il est midi, 14km. Voilà la performance du matin. Alors on traverse le joli village niché dans la vallée et pédalons encore un peu, mais avec l’aide de la corde magique du Panzer. Mon allure est moindre que les jours précédents, et l’on ne veut pas que je me fatigue dans cette reprise. On pédale tous les 4 de concert ainsi sur 7km avant un arrêt dans le rétrécissement de la vallée, sur les feuilles mortes non ramassées à la pelle. Ce tapis nous convient bien avec le soleil qui nous chauffe le visage. Petit pique nique buffet où chacun dévore ce qu’il veut. On prend le temps ensuite de se crémer le visage et d’enlever les dernières couches de vêtements pour les adultes vu l’ensoleillement d’aujourd’hui et les 22 degrés qui vont avec. Il ne reste que 19km pour l’après-midi, cela semble faisable, jolie, verdoyant, changeant dans les couleurs d’automne. Ça l’a été, et on en a pris plein les yeux de ces montagnes, moins hautes et enneigées qu’auparavant, certes mais qui méritent le détour, pour nous pas un. L’approche du passage d’une vallée à l’autre est plane, puis au détour du virage, le goudron nous fait face, un peu trop! Mais avec l’aide du Panzer, aujourd’hui c’est possible. Raphaël arrive même à jouer : « ça commence par… » tout en pédalant. Le temps ne change pas en fin d’après midi. On arrive à la sortie de route vers Epuyen, son lac, son impasse. On teste le ripio sur quelques centaines de mètres en descente pour accéder à un bivouac, un paradis (?), déchu semble-t-il depuis l’avis sur notre appli de voyageurs… On se résigne pour les derniers 5km, qu’il faudra refaire demain (ainsi que la grosse côte bien pentue!) pour s’enfoncer jusqu’aux rives du lac d’Epuyen. La route retrouve de l’asphalte rapidement et nous cheminons d’abord à une jolie tienda, où les produits faits maison, style campagne chic, me plaisent, puis à notre camping Refugio del lago tenu par des français.


La tente a besoin d’être séchée à l’extérieur donc idem que la dernière fois, l’extérieur est monté pour une séance de séchage solaire. L’intérieur sera mis plus tard par Sylvain, le temps que je prenne une bonne douche dans les sanitaires un peu rudimentaires et gelés. Je m’occupe de l’intérieur pendant qu’il décroche les sacoches et attache les vélos. Il part faire un tour près du lac pour quelques clichés. Mais et les enfants? Je n’en parle pas. Pas la peine! Ils jouent. Sur la maison, la cabane en bois, la structure, le cabinet du médecin, le banc en bois… Que sais-je de leurs jeux imaginatifs ? Ils vont discuter aussi avec nos voisins momentanés sur la table de pique-nique voisine, caresser le chat et faire de l’escalade. Une paroi, un baudrier et une corde sont à disposition. L’assurance est fait à l’ancienne. Pas de pb ou souci vu la différence de poids entre Sylvain et les poids-plume des loulous. Raphaël commence, manquant de confiance et d’un peu de hauteur pour démarrer. Emma plus à l’aise, crapahute avec légèreté jusqu’en haut et recommence. Elle est aux anges, radieuse, en confiance.


A 19h, n’ayant pas de moyen de cuisiner, nous empruntons les quelques mètres qui nous séparent du restaurant, perdu parmi la végétation, non visible de la route. Avec personne dans le camping, on devrait trouver une table de libre. Le repas est vraiment bon et cette salade organique un délice de fraîcheur et de légèreté qui nous manque terriblement. La nuit tombe lorsque nous sortons de ce cocon de bois et de chaleur. Les 3 courageux sales partent pour la douche à cette heure pendant que je rentre à la tente pour écrire et protéger les sièges des loulous de l’humidité (pas fait hier et les pauvres, on a dû leur mettre des poches poubelles sous les fesses). Raphaël puis Emma sont emmenés en pyjama par Sylvain depuis les sanitaires et ils se mettent au lit avec un peu d’aide pendant que Sylvain se douche tranquillement. Il l’a bien mérité.


Presque 21h lorsque je continue l’écriture de cette journée radieuse pendant encore 1h, avec de la circulation mais agréable, avec des salutations, des reconnaissances de notre pays grâce au drapeau, avec des rapaces encore, des paysages montagnards incroyables. Vivement la suite demain!

J721 – Samedi 16 avril – Camping El Lago Epuyen à Bivouac bord de route km1844 – 40km D+459m


Depuis la Patagonie, l’heure du réveil ne correspond plus avec celui de l’Amérique Centrale! Même Sylvain s’est plié à cette partie du globe car ce matin encore, il n’est réveillé qu’à 8h. Il fait à peine jour, à peine chaud aussi. Sylvain nous réveille le bonnet sur la tête et le coupe-vent. Ça donne envie de sortir… non! Et nous n’arrivons pas à le faire de suite. Mais, un bon lait chaud et/ou un thé sur la gazinière du camping, beaucoup de vêtements chauds et de motivation, et nous voici le reste de la famille au petit-déjeuner sur la table en bois, face au soleil qui se lève et sort de la montagne en face. Les gants peuvent être enfin enlevés pour manger et ranger ce qu’il faut, sortir ce qu’il faut de la tente avant son démontage et son amarrage sur l’arrière du Panzer. Il est déjà 10h quand nous quittons l’ombre et les feuilles jaunes au sol du camping en passant par le lac, son ponton, sa plage et l’officine où nous rencontrons Sophie, la propriétaire française, venue s’implanter ici il y a 35 ans.


Nous remontons la route sur quelques kilomètres mais nous prenons la partie « 4×4 » plus courte (que celle d’hier) pour arriver jusqu’au village d’Epuyen. Le ripio passe par une rivière ou un pont étroit, au choix. Nous prenons la rivière, Sylvain passe le premier, moi je ne suis pas douée pour finir sèche de l’autre côté de la rive. Mais cette fois, c’est Sylvain qui coule et plonge les 2 baskets dans l’eau! Elles ne sont ni étanches ni fermées (presque des claquettes vu l’état d’usure). Alors, il a bien les pieds mouillés et froids pour la journée. Ce qui me met la pression pour notre passage…que nous effectuons sur la selle pour la première rivière, mais en poussant par Sylvain qui est revenu pour le second passage, par sécurité. On continue ce chemin parmi les maisons de bois et de pierres, des campings dans la nature, d’autant de champs laissés au naturel. C’est aussi la couleur du soleil dans les grandes herbes, dans ces arbres aux feuilles jaunes donnant une ambiance très hippie par ici, reculé aussi. L’asphalte est récupérée et nous montons sur le village d’Epuyen pour acheter nos ravitaillements de 3 jours de vélo. Esquel est à 129km et on est bien conscients de ne plus faire autant de km qu’avant en une journée. Nous avons donc prévu de les faire en 3 jours, au vu de dénivelé et de ma sortie de forme de la journée précédente. Alors, c’est le casse-tête argentin à la sortie du mercado de la rue principale du village, avec l’ouverture de 2 sacoches et la réintégration dans 3 poches en tissu attachées sur les côtés des 2 tandems. Un vrai convoi, bien lourd, bien large! On en avait tellement besoin. Et puis, ce n’est pas moins que quelques km de plus en bonne pente qui nous attendent jusqu’à la route 40 à seulement 2km. Ils vont nous faire suer bien comme il faut, où on va enlever coupe-vent, polaire et même changer de pantalon pour moi en passant de celui pour le ski au corsaire! Radical. Comme le coup de massue derrière la nuque lorsque nous nous penchons sur le téléphone pour voir l’heure: 11h30!! On ne peut pas faire mieux! Et dire que Sylvain avait vu un bivouac à 60km….? Va falloir trouver un plan B.


L’embranchement avec la route 40 nous fait prendre de la hauteur et sortir de la forêt. On a enfin une vue, sur l’impasse menant au lac d’Epuyen non visible d’ici, sur les montagnes qui l’enserrent, sur ces couleurs d’automne, sur l’omniprésence de la végétation. De l’autre côté? Vers le Sud? De la côte. 9km en tout pour passer un col et pédaler sur le plateau. Mais ce n’est pas sans mal que nous y parvenons à cette grande étendue. 2 virages seulement mais de la pente que le Couillot arrive à gérer sur la première partie. Mais pour la seconde, la corde prend un peu l’air, histoire que l’on garde le rythme et que l’on reste ensemble. Maintenant on est en tee-shirt et on transpire sous ce beau ciel bleu, entre ces montagnes vêtues de rouge presque jusqu’à la cime. Pas de neige sur les sommets, il fait bien trop chaud pour cela. Les sapins ont disparu, plus d’ombre malheureusement sur le plateau. Plus (pas) d’arbres = plus (pas) d’ombres, plus d’ombres = plus chaud. Mais aussi plus d’arbres= plus de vent. + et non « plus rien », ce serait trop beau. Un petit vent venu de l’est, de la mer, la direction même que prend notre route, comme par hasard.


Mais à cette heure de 14h, la famille a faim et réclame un arrêt, au plat et au soleil. Le pique-nique est un régal, enjoué, posé. Seul le cadre près de la route laisse à désirer, mais nous trouvons tellement d’autres lieux sympathiques que ce n’est pas grave pour ce midi. Enfin ce 14h.
45min plus tard lorsque nous décollons, la corde est enlevée et l’on chevauche plein Est, plein face au vent. On tente 25km encore à rouler pour cette fin de journée pour le bivouac. La plénitude des lieux fait ressortir la musique et la playlist « les essentiels de la chanson française » puis « Disney », rien à voir! Mais le temps passe plus vite. Les buissons sont revenus, le sable, les montagnes sont moins hautes et se sont éloignées pour une vallée bien plus large. Rien d’étonnant, nous filons aussi vite que nous le pouvons, la tête dans le guidon, toujours au soleil mais l’atmosphère se rafraîchit. Daniel en petite fourgonnette s’arrête dans les cailloux sur le côté pour discuter avec Sylvain, lui sur la route. Mais il n’y a personne! Un vrai désert de circulation, reposant. Daniel nous propose même de prendre nos vélos et de nous emmener à Esquel. Nous refusons tous les 2. On est bien, le parcours est agréable, le soleil présent, ce n’est pas une option pour nous aujourd’hui. On le remercie et il nous donne un sandwich. Un excellent sandwich qui a disparu par magie 5 min après être entrés dans l’abside au campement…
Pour le moment ce sont de grandes lignes droites, les unes après les autres pour traverser la vallée au vent. L’écart se creuse entre les 2 tandems, juste pour laisser le temps au professionnel de l’appareil photo de prendre des clichés avant que nous le rattrapions.


17h, un bivouac sur la gauche est jouable à l’abri de sapins. Son rôle est plus dédié aux toilettes et la voiture abandonnée à côté ne nous inspire pas. Quelques mètre avant, dans la côte, avant le virage, une mini carrière plane aurait l’avantage. Sylvain, comme moi, l’avait remarqué. L’œil du voyageur sans doute? Ah ah. On y redescend. Le lieu est visible de la route, mais en attente de validation, nous vérifions à chaque véhicule s’il regarde vers nous. Négatif. Trop absorbé par le virage, aucun ne risque un œil en notre direction, juste sous le soleil couchant sur la butte. Génial, on est à contre-jour pour eux et à l’ombre, invisible!!! Dégagement des petits cailloux et la tente est montée. L’intérieur installée,  les sacoches vidées et cachées sous la petite abside, les vélos détournées pour devenir des piquets de fil à linge (Sylvain a lavé du linge à l’eau chaude ce matin en urgence car on commence à être à court de vêtements propres depuis Villa La Angoustura, il y a 8jours!). Et les enfants jouent. A quoi? Jeux de rôle: médecin… Le tour de magie (du sandwich) a lieu à ce moment précis, je m’en souviens bien car j’y ai participé comme Emma et Raphaël pour en goûter une bouchée. Succulent. Vraiment. Merci Daniel! Seulement on n’a plus faim mais on a envie de se coucher comme 2 petits vieux, nous. Alors, sans feu, c’est taboulé ce soir, celui cuit chez Malco avec tomate, fromage et graines pour les enfants. Ils ont faim les bougres. Pas nous! Sylvain est déjà au lit avant 19h. Un petit dessert pour moi quand même, enfin de la confiture maison de framboise… c’est marquée sur l’étiquette: il n’y a que des framboises d’ici et du sucre! Normal me direz-vous, sauf que maintenant dans le commerce, il y a bien plus d’ingrédients non naturels dedans. On profite des produits locaux, du moins moi, avec des biscottes en miettes. Voyant mon contentement avec les premières, les 2 loustiques décident d’essayer. Zut! Ils aiment aussi. Le paquet de biscottes y passent, mais pas la confiture heureusement.

Il est tôt alors nous proposons une session cinéma « Ford vs Ferrari » ou « les 24 heures du Mans ». Une bonne partie du film est visionnée et les enfants ont adoré! A 21h, on éteint l’écran et profitons de la pleine lune pour sortir aux sanitaires naturelles sans frontales (histoire de ne pas attirer les moustiques!). Je finis ainsi d’écrire 1h plus tard, bien au chaud sous les couvertures. Mais ce soir, il fait bon!

4 commentaires sur “Argentine Patagonie – El Epuyen J720 et J721

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  1. Il y avait pas mal de temps qu’un mur d’escalade n’apparaissait sur vos publications, discipline sportive qui ravit toute la famille et les sourires des enfants parlent d’eux-mêmes pour deviner l’ambiance dans les baudriers….
    De superbes paysages bien loin de nous également sur ce dernier résumé de l’aventure, merci

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  2. Contente de voir que ça va mieux et que tout se passe bien avec toujours de belles rencontres et de superbes paysages… bonne continuation à bientôt
    Annie-France

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  3. Les enfants sont vraiment radieux sur le mur d’escalade, ils sont trop top vos loulous, toujours le sourire même dans les situations plus délicates !! Les parents y sont sans doute pour quelque chose!
    Encore des paysages à couper le souffle , profitez encore de cette nature et des Argentins tellement accueillants.
    Bonne continuation sans trop de fraicheur quand même .
    Bisous à tous les 4

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  4. Hourra !! Un mur d’escalade (pour changer du vélo) et retrouver ses anciennes sensations , du bonheur pour tout le monde, une petite transition dans cette aventure, bravo à vous et le sourire des enfants fait chaud au cœur. Bizz

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