J129 – samedi 15 mai – Campo à La Capitale 83 km
9h20 départ de notre camping et de sa piscine… où nous étions presque seuls!
On le quitte pour le bruit, le monde de notre Panaméricaine, les trous dans la route sur le shoulders, le vent de face, les montagnes sur notre gauche avec un petit rocher qui donne envie de le grimper… Nous ne sommes plus seuls! Les derniers coups de pédale s’amorcent ici. Les 2 derniers jours en Amérique Centrale. Quand on y pense, un peu de nostalgie arrive. 4 mois après ce second départ, ce second voyage. 4 mois plus tard, on termine cette portion inconnue. On y est! Heureusement, la vue est sublime tout autour de nous et cette chaîne de montagnes qui nous barre la route… qu’il va fallait non pas contourner, mais bien « gravir ». Alors les 20 km ont un goût léger. On avance bien, on profite de ces derniers paysages…
Puis, elle est là, la côte, la grande côte prévue dans Maps.Me avec son dénivelé… mais en musique, ça passe. Ca passe aussi car on a toujours le même rythme dans l’effort, même si c’est lent. Toujours la même pression sur les pédales. Un à un, les mètres sont dépassés. Les virages amorcés et laissés derrière nous. On y met presque 30 ou 45min.
Au col, le vent nous décoiffe. Raphaël a faim mais il n’y a rien. Difficile de lui faire entendre raison sans qu’il boude, enfin qu’il remonte sur le vélo pour trouver des boissons fraîches et de quoi grignoter… et oui il faut patienter quelques kilomètres de plus! Pas facile à 6 ans! Du vent…. encore plus dans cette descente. Belle descente, grisante… puis descente panaméenne soit disant « descendante » mais qui a des côtes. Raphaël ne comprend pas d’ailleurs…. moi non plus, toujours pas! 🤣
10km de plus et on se trouve un comedor avec dessins sur les murs Taz et Bob Razowski. Viande de bœuf mijotée ou poulet pour Emma, avec bananes plantins, riz, haricots rouges et excellente sauce avec des pommes de terre. Le repas est très copieux pour une fois, et il y a autant de viande que d’accompagnements!! On en garde même pour ce soir!
On se lance un défi…. vu que l’on va traverser des zones urbaines de la banlieue de Panama peu fréquentables, même le jour, nous devrons prendre un hôtel ce soir. En plus, c’est plutôt descendant (tu parles!!!). Pourquoi ne pas aller directement aujourd’hui à la capitale? Défi? Défi! 53 km de plus à faire…. ah oui qd même. 🤔
Déjà, on tente d’aller le plus loin possible, on verra sur la route!
Et donc encore de la Panaméricaine 2×2 voies…. où l’on rencontre Sergio qui nous donne 2 ceviches au poulpe. On n’a jamais goûté ! C’est l’occasion au dîner avec le riz de ce midi…
Et la pluie s’invite. On l’avait presque oubliée!!! Ponchos et pantalons pour les enfants et on continue nos côtes/ descentes. Un superbe panorama sur la nature puis la végétation s’estompe. La ville arrive et nous dévore… enfin les résidences, les nombreuses maisons collées les unes aux autres sans verdure et entourer de murs et fils barbelés…. puis les maisons laissent place aux petits abris de tôles… toujours le bruit assourdissant, oppressant même. On quittera la Panaméricaine et on se retrouve sur l’autoroute. Car la Panaméricaine passe par plusieurs quartiers où il n’est pas recommandé de passer de jour comme de nuit. Alors on reprend l’autre chemin. Moins sympathique les conducteurs et moins sympathique cette 2×3 voies. Des échangeurs tous les 500m avec son lot de voitures qui veulent sortir (et à qui on barre la route le temps de traverser en traversant la bretelle) ou entrer… autant de danger de ne pas être vus avec la vitesse en prime. Pas notre panacée.
Toute cette agitation nous oblige à nous arrêterr sous un pont. Je suis fatiguée. Le bruit et la chaleur ne font pas bon ménage chez moi. Il reste 25km encore. C’est jouable car il est 13h30. Cela fait 4h déjà que l’on roule.
Mais on ne peut s’arrêter là. Pas si près. Pas ici. Il n’y a rien. Donc on continue. Le mental continue…. et enfin, on sort de l’autoroute pour récupérer notre Panaméricaine. Moins peuplée mais avec tout de même du traffic et toujours en ville. 15 sont parcourus avec plutôt de la descente et beaucoup de travaux.
Et on arrive au pont des Amériques!!! Ce pont long de 1654 m, construit par les Etats-Unis, entre 1959 et 1962, surplombe le canal de Panama au niveau de l’approche Pacifique. Et donc, avant, un policier de l’autre côté nous interdit de le traverser à vélo. Il faut faire le tour par l’autre pont, plus au Nord. Le seul que l’on ait vu sur la carte passe au Nord de la ville par l’autoroute et cela nous rallongerait de 50km! Nooooon. On en a déjà fait 73. On ne peut pas faire ce détour. Il nous fait signe qu’en marchant, nous pourrions. On n’a pas fait plus attention que ça à ses signes et on aurait dû! On file donc au début de ce pont. Le chemin piéton est de l’autre côté des barrières de sécurité sans un espace pour le passage. Alors on lève les vélos un à un…. 50 ou 60kg… et Sylvain vérifie le passage piéton peu large avec une herbe. En effet, juste de quoi faire passer les vélos entre le muret en béton et le grillage donnant sur le canal du Panama. On force un peu…. mais on doit enlever les sacoches de devant. Ca passe pour ce début sur quelques mètres. Puis un lampadaire et sa boite de dérivation à son pied nous réduit encore plus le passage. Moins large du coup et ça ne passe plus. Alors on force. On enlève le retro. On force avec le grillage…. Un « combat » que l’on mène. Le temps passe…. Il est 16h. Et on n’avance pas. On roule sur les déchets. Les chaussures. Les plastiques. Les cagettes… jusqu’à un pare-chocs entier. Là on doit le faire passer au-dessus de nos vélos en montant sur le muret de sécurité car on est juste, juste déjà. Il n’y a pas un centimètre de chaque côté du vélo. Et encore un lampadaire…. 4 autres à vrai dire. Ou j’enlèverai une autre sacoche à l’arrière. Pour Sylvain, ce sera la tente en moins puis 2 autres sacoches. La merde quoi. Le vélo frotte de toute part, le guidon, les freins au niveau du guidon, la béquille dessous, la dernière sacoche à l’arrière. Je me coupe au niveau de la cuisse avec la barrière sur la gauche…. Enfin on voit la fin de ce passage mais on n’est pas encore à la moitié du pont. Et surprise: le chemin piéton se termine sur la route!!! On n’a pas le temps de réfléchir et paniquer qu’un policier en moto vient à notre niveau. On aurait dû prendre le passage piéton de l’autre côté qui est plus large et qui va jusqu’au bout! Putain! Quels cons! Bah, oui, les autres gestes! Il écarte alors les voitures de la file de droite près de notre barrière pour que nous puissions refaire passer les vélos par-dessus celle-ci et repartir. Donc branle-bas de combat: on enlève les sacoches posées sur le siège avant, on soulève mon vélo. On le met sur la chaussée de la 2×2 voies après le policier, on fait de même avec celui de Sylvain puis les enfants remontent dessus le temps que l’on accroche toutes les sacoches. Toujours une file en moins pour les automobilistes, le temps que nous fassions tout cela. Personne ne râle ni ne klaxonne… ouf! On n’est pas en France!!! Le policier nous suit même pour écarter les voitures venant de derrière, pour nous protéger!!! Alors là chapeau et merci. Il n’aura aucune réflexion désagréable envers nous! Rien. Merci. Il fait 3km ainsi, même après le pont pour notre sécurité. Nous nous arrêtons et le remercions. Quelle épopée! 🥴 (JE TIENS A SIGNALER QUE LE RIDICULE NE TUE PAS….🤣🤣🤣 )
Puis 7km nous séparent de l’hôtel. (Où nous avons réservé mais pour demain soir!). Le choix entre la ville que l’on aimerait découvrir et le bruit de la Panaméricaine nous fait pencher vers la ville…. jusqu’à apercevoir les immeubles et les premières rues…. On change d’avis. On ne le sent pas ce quartier. Pas du tout. Et pourtant, on est passé dans des endroits où il n’y a pas de touristes. On est passé à Tijuana, référence dans le genre… Mais là, c’est d’une autre ampleur. Allez, 7km…. avec des voitures, des feux, des passages piétons et terre pleins pris pour récupérer la route que nous avons loupé et ….. ça sent la mer! Oui l’océan Pacifique est là ! Nouvelle dimension: des gratte-ciels face à la mer. Tout en verre. Les enfants sont fous! Trop contents de découvrir cette ville qui nous fait penser à San Diego. Tout le long de la promenade a été aménagée une piste cyclable à côté d’une piste piétonne et entourées de verdure et d’espace de jeux pour enfants. Le rêve!!! Avec la mer juste à coté…. 3km comme ça. Nos derniers km de ce périple numéro 2, de l’Amérique centrale. Une page se termine… et on savoure ces derniers instants ici.
2km encore dans la ville parmi les tours, les hôtels haut de gamme et les boutiques chics…. puis notre impasse et notre auberge. Sylvain y va. Je suis fatiguée. La chambre réservée pour demain n’est pas disponible ce soir… On aura un dortoir de 12 lits en échange pour nous tout seuls! Visite de l’auberge…. Les enfants ont vu la piscine! Notre surprise. Nous restons ici 5 jours pleins…. Ils auraient tourné en rond dans une chambre d’hôtel sans extérieur! Et puis on est bien placé : pas loin de la boutique pour réparer le drone, des magasins de vélos et du laboratoire pour nos tests!!! Nous savourons une bonne douche CHAUDE (oui oui 😌) pour tout le monde. Désinfection pour moi pdt que Sylvain part faire les courses pour le soir afin de compléter nos ceviches de ce matin et le reste de riz de ce midi. Et au lit à 20h30! Mais on passe d’abord par la case vidéo avec Sylvain: une rétrospective des derniers jours et d’aujourd’hui surtout, sur ce fameux pont des Amériques.
Cette journée résume à elle seule ce que nous avons vécu en 128 jours sur cette partie du continent américain : du monde, du soleil, de la chaleur, du bruit, du dénivelé, des sourires et un accueil extra, des surprises et de la difficulté. Ce fut rude, nous qui aimons les grands espaces sauvages, rude de s’adapter à cet environnement toujours en mouvement, rude face à la nature et aux éléments (chaleur et pluie). Mais nous sommes heureux de l’avoir fait et d’avoir découvert autant de sympathie de ces habitants…. à la seule force de nos gambettes! Heureux que cette parenthèse se referme pour mieux en ouvrir une autre dès vendredi 21 mai….
J130 – dimanche 16 mai – Panama City
Quelle délice de dormir dans un vrai matelas, bien épais ! On ne sent même pas le sol, ni les cailloux…. et on se remémore où nous sommes: Panama City.
Aujourd’hui, les magasins sont fermés (ceux que nous devons faire) alors nous allons visiter la ville.
D’abord petit-déjeuner à et par l’hôtel: pancakes et chocolat fondu pour les 3 gourmands et sucre pour moi, morceaux d’ananas frais, café ou lait au chocolat selon les envies.
On se prépare et on ferme toutes les sacoches. Nous changeons de chambre aujourd’hui et puisque nous partons la journée, autant laisser nos affaires réunies pour qu’ils nettoient cette chambre que nous quittons, et qu’ils puissent les transvaser dans la nouvelle.
10h départ tranquille du centre ville avec les buildings, direction un premier magasin de vélo qui est ouvert. Déception, la pièce du pédalier, si spécifique sur nos vélos, ils ne l’ont pas. Ni les disques de freins. Il y a d’autres magasins ouverts demain, on verra à ce moment là. On continue la découverte de la ville en passant sur les bords de l’océan Pacifique par la Cinta Costera. Piste cyclable, chemin piétonnier, jeux pour enfants, terrain de football: autant d’endroits où nous pouvons nous arrêter. Des photos s’imposent. Quasiment 3 km rien que pour les cyclos! Et aujourd’hui dimanche, la route Cinta Costera pour les voitures, 2 voies, est fermées et nous pouvons rouler dessus ! Extra! Arrêt à d’énormes jeux en cordage pour les enfants non loin des lettres colorées de la ville. Nous poursuivons jusqu’au Mirador de Pacifico. Le marché aux poissons est ensuite traversé pour aller au quartier Casco Viejo. Petites ruelles aux couleurs et style hispaniques, restaurants discrets, balcons travaillés, verdure aux fenêtres, fresques sur les murs…
L’ambiance est totalement différente. Tout comme le quartier suivant, 3 cuadras plus loin: El Chorillo. Au départ, on pense à un quartier abandonné, en friche, qui attend la démolition pour une réhabilitation…. mais non. Il n’est pas abandonné. Des enfants jouent dans la rue, parmi les gravats. Les premiers étages n’ont plus de fenêtres, ni parfois de toit. Une patrouille de police passe par là, nous la suivons sur 2 rues puis la laissons et préférons le passage vers le Parque de Cinta, proche de l’océan. Ce quartier est à notre droite maintenant et l’impression est la même.
Notre objectif se rapproche: le pont des Amériques! Celui d’hier qui nous a tant coûté ! Mais pas du dessus!!! Non, non. Aujourd’hui du mirador près du Yacht Club! Une autre ambiance également. Il y a une jetée où nous pouvons admirer sa structure… Ce sera d’assez près ! Retour par la Avenida de los Martires pour éviter les quartiers peu recommandés et arrivons en ville dans l’agitation et le traffic. Nous avons bien roulé et avons faim. Il faut dire qu’il est 14h déjà et nous venons de passer devant un petit comedor, avec beaucoup de locaux! C’est un signe. Nous y allons et ne regrettons pas.
Et puis, la ville sera à nouveau traversée par les quartiers Bella Vista ou Marbella! Hard Rock Café, Starbucks….et autres enseignes sont bien visibles ici! Loin finalement de cette Amérique centrale plus intime que nous avons vécu.
Nous nous préparons à notre semaine ici, à faire nos listes avant le départ….
Voici une de nos journées type « off »:
Le démantèlement du premier vélo, l’école, la réservation de notre studio à notre arrivée dans notre nouveau pays, la recherche de cartons en évitant la pluie, l’achat de filtre pour l’appareil photo, l’anniversaire de ma sister, le démontage du second vélo, recherche d’un autre carton car trop petit, Blog article publié, mettre toutes nos affaires (et faire du tri) dans les sacoches, mise en cartons (3 cette fois) des vélos en 23kg et 17kg, scotchage et mise sous film plastique les 4 petites sacoches et les 2 gros boudins, 2 parties de billard avec Sylvain, faire les courses, aller au laboratoire pour les tests antigéniques, faire l’enregistrement pour demain, trouver une voiture (pick-up en l’occurrence) pour demain 6h du matin, l’anniversaire de la cousine Margot….
Et enfin, tout est bouclé! Il n’y a plus qu’à se retrouver en J135, dans ce nouveau pays…. 😁
Hello les courageux ,
Quelle épopée cette traversée du pont , je suis devant mon petit déj et fatiguée de tous ces efforts vécus , j’y étais tellement votre récit est vivant .
Une nouvelle partie de ce voyage arrive, l’Amérique centrale fût quand même bien éprouvant et plein de surprises, agréables et épuisantes en même temps. Chapeau , je suis impressionnée par votre tenacité et votre adaptation à toutes situations. Emma et Raphaël sont des sacrés loulous ,respect aussi pour eux.
Bon j’ai hâte de savoir ou votre vol vous conduira ,suspens bien volontaire j’imagine et ça marche , alors Equateur? Pérou? Vivement le prochain reportage !!
Bon séjour à Panama City et bon vol.
Bisous bisous à tous les 4
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Bonjour Annick!
Et oui, ce pont on va s’en souvenir longtemps…. un bon résumé de cette amérique centrale: éprouvante sur bien des domaines! L’Equateur l’est sur d’autres….(dénivelé et fraicheur).
Plein de bisous
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et bien , vous vous souviendrez du pont des Amériques ! Quel périple ! j’attends le prochain épisode pour savoir où votre vol vous a menés !
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Oh oui, ce pont et sa traversée furent uniques!! On s’en souviendra….
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Je vois que vous maintenez le suspense. Nouveau pays ? Quelle épopée, la traversée du grand pont avec ce trafic ! Mais comme je l’écrivais hier, beaucoup de sympathie et de compréhension des Panaméens, fussent-ils en uniforme. Nos policiers feraient bien de faire des stages à l’étranger. Je ne connais pas l’Amérique centrale mais le Portugal où les policiers, très présents partout où il y a du monde, taillent la bavette avec les uns et les autres, sans distinction d’âge ou de faciès. Amen!
Bref, bananes plantains et céviches au menu, que de bonnes choses à déguster. A l’heure où s’écrivent ces lignes et vous les lirez, vous aurez quitté Panama. Une autre page se tourne, un autre livre s’écrira… Plein d’encouragements de ma part. Vive l’aventure !
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Merci de ton soutien Patrick…
Je récupère mon retard lors de cet arrêt en Equateur etme permets de répondre tardivement. Cest toujours un plaisir de lire tes (vos) commentaires.
Ps: on connait un gendarme très sympa et français 😉
A bientôt
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