J216 – Mardi 10 août – Piura à Nulle part 1 – 56km
Ce que cela fait plaisir d’écrire ce soir… Cela annonce la reprise de l’écriture mais surtout de l’aventure! Reprise bien meilleure du côté du crayon que de mes jambes ou de mon fessier qui s’est bien demandé où il devait se mettre sur cette selle en cuir après un mois à côtoyer le sable moelleux!
Ce matin, on a essayé de retrouver notre quotidien, bien lointain, de se lever à 6h30, d’être efficace au petit-déjeuner, de savoir dans quelle sacoche nous mettions chaque affaire. Mais on n’a pas réussi!! 😆 Un peu perdus nous l’avons été et cela s’est vu dans le remplissage des sacoches: tout ne tenait pas dedans! Mystère! On est chargé en nourriture certes (pour 4 personnes pour 4 jours), en eau (21L)…. mais le reste? On a bien quelques coquillages en plus des Galapagos ou des petits souvenirs (porte-clé, porte-monnaie….) mais on ne s’explique pas cette surabondance d’affaires ?? Pas grave, on entasse par-dessus et puis Raphaël va bien perdre une ou 2 choses et nous faire de la place! 😉
Alors à 8h30, excités comme jamais, après quelques photos du propriétaire de l’hôtel, nous pressons nos pédales en direction du sud! Ça y est, l’esprit de la liberté nous a retrouvés…. sur 500m! Crevaison en pleine ville de Piura pour la roue arrière de Panzer (le vélo de Sylvain). No comment. 😑
15 minutes plus tard et la famille repart sous le soleil et la chaleur, en plein bruit, avec de la poussière et du sable dans les yeux et la bouche à force de sourire. On n’en oublie pas la station-service pour notre réchaud et l’on sort de la ville, enfin! Face à nous, tout le Pérou mais d’abord, cette belle ligne droite de 200km. On nous avait dit qu’il n’y avait rien d’intéressant sur cette portion. C’est peut-être vrai effectivement, mais nous, même dans ces endroits, on trouve les paysages intéressants. Naturels, vides, désertiques, dunaires, sableux où l’on découvre surpris, des villages. Et ces paysages, finalement, nous aident à comprendre comment vivent les péruviens ici. Comment ils appréhendent la gestion de l’eau et de l’énergie. Et cela nous fait passer le temps aussi. Le temps qui passe lentement car le vent aujourd’hui n’est pas notre ami! De face! À 30km/h. Je n’avance pas… mais ce n’est même pas de ma faute: mon pneu arrière est crevé ! No comment de nouveau! 😑
Sylvain répare sur le sable pendant que les enfants profitent de cet arrêt providentiel pour trouver de nouveaux objets exploitables pour leur imagination ou jouer dans le sable et la poussière.
Nouveau départ…. mais je n’avance toujours pas! Pas de ma faute encore: mon frein avant freine sans que je le veuille. Un petit moment de réparation et on retrouve un rythme de croisière où je me protège du vent et du sable derrière le vélo de Sylvain. Après, avec les 150kg de mon vélo Couillot, et les 190kg de Panzer, celui de Sylvain, 😲on comprend mieux notre lenteur et les douleurs aux cuisses pour avancer un minimum. Et oui, enfin, on a réussi à se faire peser avec vélo, enfant, sacoches et nous! Et ça nous a fait peur! On est bien chargé comme des mules! On le savait mais là, on en a la preuve! 😃
La matinée défile tout comme ces maisons de briques, de bois, de bambous ou de branchages. Les chiens sont plus robustes et bien dentelés : ils n’hésitent pas à nous poursuivre tout en aboyant! Même lorsque nous utilisons la méthode suisse (arrêt et grosse voix autoritaire), ils continuent de s’approcher. Va falloir trouver autre chose! Des petits cailloux lancés devant eux pour les effrayer…. ça marche! Encore quelques lieu-dit encerclés de sable et de dunes, et les maisons se raréfient. Juste à temps, nous nous arrêtons pour déjeuner à l’ombre dans l’une d’elle qui fait restaurant. On se ravitaille en eau également grâce au propriétaire après nos 24 premiers kilomètres au Pérou.
Nous avons repéré un bivouac 32km plus loin…. on va les sentir passer ceux-là ! Du soleil à midi qui nous cloue au sol, du vent toujours de face, qui nous évite de trop sentir la chaleur de l’astre, et quelques bosses pourtant annoncées comme « extrêmes » par les panneaux de signalisation! On frise les 50m de dénivelés pour la journée…. il n’y a pas de quoi s’inquiéter!
Alors pour une reprise, on est plutôt ravis. On a beau temps, les péruviens nous font de sympathiques signes dans les voitures ou sur les bords de route, les camions et bus se décalent, un shoulder nous sécurise sur le bas côté et les paysages nous rappellent la Baja California: sec sec sec! On se demande sincèrement comment ils peuvent vivre ici, dans ces zones « urbaines » qui n’en sont que pour eux (10 maisons à tout casser sont construites là) et de quoi vivent-ils? Des échoppes de vente de miel local sur le bord de la route nous invite à en acheter pour notre petit-déjeuner Nous apercevrons quelques ânes et chèvres dans les enclos de branchages à la verticale.
Lors d’une déviation (route asphaltée encore fermée à la circulation) vers 15h, Sylvain et les enfants partent à la recherche de notre bivouac (6 km avant celui prévu: une pause goûter nous a empêché d’avoir le courage de repartir!!🤣🤣). Parmi les buissons piquants, le sable, les arbustes tout aussi inhospitaliers, un petit espace de 5m nous tend les bras. Pile la longueur de la tente. Nettoyage de la parcelle avec un balai 100% naturel, nous déployons notre maison enfermée depuis 1 mois dans son fourreau. Quel plaisir de la retrouver et d’y installer tout notre barda dedans pendant que les enfants retrouvent leur jouets et imagination dans le sable, enfin dans le bac à sable gigantesque! Les garçons vont même partir en excursion dans le désert sur les collines avoisinantes pendant que nous étudions les mathématiques avec Emma.
La fatigue arrive vite ce soir… aux alentours de 18h. Alors avant de s’endormir, le repas est préparé et dégusté sous la tente à l’abri du froid et du vent. La nuit tombe. Timing parfait pour commencer notre nuit au calme sous les étoiles, notre premier bivouac péruvien!
J217 – Mercredi 11 août – Nulle part 1 à Nulle part 2 – 57km
Ce que cela faisait longtemps que l’on n’avait pas dormi au calme, dans la nature, isolés, à la bonne température! Une vraie nuit de repos pour tous les 4 sans les aboiements de chien, les klaxons des voitures, la musique à fond jusque tard dans la nuit (souvenir de Guayaquil!). Une vraie nuit de bébé quoi! Et après 10h d’endormissement, on a du mal à émerger à 6h. Enfin les enfants et moi! 😜 Petit-déjeuner sous l’abside pour garder notre chaleur: et oui, même dans le désert, le matin il fait froid. Et c’est même la polaire pour tout le monde.
Une fois rassasiés, on entame le rangement et effectuons un changement de sacoches pour les jeux des enfants (qui font facile 3kg! Comment est-ce possible??? Et encore, je ne compte pas les bouts de bois pistolets, les cailloux magiques, les clous, les morceaux de plastiques ceintures!) et la popotte. Trop lourds tous les 2, ils s’ajoutent au poids conséquent dans les sacoches arrières (nourriture pour 3j encore et école). Et je le sens bien avec le vent de face. Alors je répartis ce poids dans une de mes sacoches avant, bien plus légères avec les habits de pluie (poncho) et de froid (doudoune en plume). On essaye un peu tout, on s’adapte, on tente pour gagner en vitesse mais surtout pour perdre le moins d’énergie possible! Et à 8h, on est prêts. Plus rien ne reste sur le bivouac (c’est plus facile de ne rien perdre dans ces cas là!).
Aujourd’hui aucune traversée dans un village n’est annoncée, juste un restaurant à 46km d’ici. On a trouvé notre objectif pour la matinée! 😁 On retrouve donc la Panaméricaine et sa ligne droite parmi les dunes et les buissons. Du vent de face, qui même à cette heure, nous ralentit, du sable, des camions, beaucoup de bus nationaux, des sourires et des pouces levés des conducteurs, des rapaces, des chèvres, encore du vent (il compte double vu sa force contraire à notre direction, je peux bien vous le réécrire), des déchets (bien plus qu’en Amérique centrale, incompréhensible vu que nous traversons des zones inhabitées), des nuages…. Rien de folichon à vous raconter. Il y a des jours comme ca!
Nous avons roulé pendant 5h comme ça, sur notre bande d’arrêt d’urgence, le vélo de Sylvain et Emma devant, nous protégeant du vent, afin que je puisse suivre au même rythme (j’ai bien perdu en efficacité en 1 mois mais pas en motivation 😁😁). Un seul arrêt sera pris près d’une dune de sable pour un petit goûter du matin, histoire de couper cette longue ligne droite, où parfois nous pouvons passer par des routes asphaltées fermées à la circulation car encore en travaux, et parfois par des déviations sans shoulders.
A 13h l’objectif du restaurant est atteint avec la déconvenue ! Il est fermé 😪 car la cuisinière est malade. On comptait un peu dessus pour le repas du midi: tant pis ce sera sandwich avec du thon et une tranche de fromage. Quelques gâteaux salés et sucrés compléteront ce festin 😆 Avant de repartir nous confions au propriétaire notre poubelle dans une des siennes…. qu’il vide 10m plus loin dans le désert!! P…..! 😡 On est tous les 4 dégoûtés !
9 litres d’eau ajoutées sur le vélo de Sylvain et on repart pour notre après-midi: on se donne 1h30 de pédalage (dans les mêmes conditions que ce matin: la routine quoi!!) avant de s’arrêter au beau milieu de nulle part, pas loin d’une dune de 10m de haut. L’avantage du désert, comme en Baja California, c’est cette liberté de bivouaquer où bon nous semble tant que l’on est autonome en eau et en nourriture. C’est notre cas alors on en profite.
La tente montée sur le sable entre les traces de renards 🦊, n’est pas visible de la route. Les enfants profitent de ce bac à sable géant et s’inventent des histoires de tunnels, de maisons, de lancer de cailloux… jusqu’à partir en rando sur la dune la plus haute à l’horizon avec Sylvain. Je les vois courir et monter dessus dans la pente…. Ils s’éclatent et sont impatients de me le raconter en revenant. Le sable s’est accumulé en vaguelettes là-haut: magnifique, me disent-ils. Ils sont heureux de ce moment tous les 3, cela fait plaisir. Un petit temps d’école vient finir cette journée active avant le repas du soir à 18h30. Nous éteignons les lumières à la suite après avoir bien bouclés la sacoche de nourriture…. au cas où un joli renard voudrait que l’on partage! 😉
On dirait bien que les raids à vélo vous ont manqué ! Seuls au monde pour ces bivouacs !
que de déchets dans ce paysage désertique ! envolés d’ailleurs et qui se déversent là ? il semble y avoir encore beaucoup de plastique
pas de ramassage organisé sans doute mais peut être y aurait-il possibilité par ex pour le proprio du restau de faire un compost et d’enterrer le reste ?
Toujours beaucoup de courage pour pédaler face au vent et maintenant que vous connaissez le poids que vous devez entraîner vous pouvez apprécier vos efforts à leur juste valeur !
une belle « école » pour vos enfants assurément !
Bon vent … dans le dos ce serait bien !
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Bonjour mes aventuriers préférés !!
Bon vous aviez un peu perdu la main pour le rangement et les jambes pour le pédalage mais vous allez vite retrouver la forme, pas les formes 😃vu le poids des vélos , la secheresse, le vent .! Je comprends que c’est avec grand plaisir que votre vie d’aventuriers reprend au Pérou avec bivouac à nulle part 1 et 2.
Les photos sont en effet très parlantes et belles .
Merci pour ces belles descriptions et de me faire moi aussi repartir un peu à l’aventure avec vous..
Gros bisous à tous les 4 et bonne suite au Pérou
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Pas facile ni évident de remonter sur « vos montures » après ces mini vacances dans un lieu mythique…. mais les habitudes reviennent vite même si les premiers coups de pédales ont dû vous paraître bien difficiles. Courage à vous mais vous n’en manquez pas !! Ces paysages désertiques, parfois lunaires vous ont peut être surpris, vos photos étaient très significatives.
Bonne continuation pour cette reprise dans ce nouveau pays à nous faire découvrir. Bizz
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Coucou mes chers « Pino Great Travellers » ! Tellement ravi de vous avoir retrouvé, je m’attendais à lire votre escapade aux Galapagos ! Eh ben non … Néanmoins, j’espère surtout que vos vacances familiales se sont superbement bien passées, bien … reposés, êtes vous allés voir la fameuse Arche de Darwin qui n’est plus …., érosion oblige, c’est la nature et les 43 Mns de dollars de Leonardo aideront peut-être quand même à la protection de cet environnement si merveilleux ! Et maintenant vous voici arrivés au … Pérou ! Au lieu de la baie de Sechura, vous avez opté pour le … désert, je ne sais lequel est le moins …. sale ! Mais comme vous continuez vers le sud, ce sera quand même un peu moins « triste » et vous aurez beaucoup à … visiter !!! Avec toujours autant de plaisir à vous lire et admirer toutes ces photos, sommes bien évidement toujours aussi accros à vous 4, vais arriver à compenser mon … retard !!! A très vite bientôt. Bises d’une fin d’été bien tristounette .
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Coucou Didier!
Et non pas de compte rendu de ces « vacances » dans l’aventure car repos repos! Peut-être un article ou un film plus tard?? Mais nous avions mis sur notre page Facebook des mini vidéos…😉
Merci pour ton message et ton soutien!
Bonne lecture
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