Argentine – La canicule s’achève ; de bons moments à Salta – J635 à J637

J635 – Jeudi 20 janvier – San Pedro à ??? Surprise! 39km D+331m


Tout avait bien commencé entre la fraîcheur du matin et la pluie qui annonçait la fin de notre canicule à 7h au réveil. On était plein d’entrain au petit déjeuner dans la pièce commune avec nos thés/cafés et petits pains feuilletés engloutis en écoutant et voyant cette humidité rafraîchir la chaussée. La pluie ne nous faisait pas peur, et nous avons eu raison, puisqu’à 9h, l’heure de mettre le pied et la roue dehors, il ne pleuvait presque plus. Les enfants ont enfilé leur pantalon et veste de pluie, nous seulement en t-shirt manches courtes vu la chaleur des lieux.


Et voici les 2 tandems roulant dans les flaques d’eau marron (non sans appréhension de plonger dans un trou invisible) ou les caniveaux, devenus fleuves. Quelques feux tricolores, peu de voitures et déjà la ville n’est plus. Vive la végétation verdoyante, exubérante, comme un retour au Mexique! Les rivières sont bien de vrais torrents, les ruisseaux débordent même avec les vannes de fermeture pour réguler, tous sont sortis de leur lits et inondent les abords. La nature s’est réveillée, nous aussi avec la forte circulation qui prend de la vitesse sur ces lignes droites. Ouah, quelle attention nous devons avoir sans cet espace tant apprécié sur le côté. Mais nous devons faire avec, pour le moment, sur cette nationale 34, en direction du Sud. Nous bifurquerons après Salta, dans 2 jours, vers la carretera 40 si proche de la Cordillère et du Chili. En attendant, on profite du paysage, des collines recouvertes de végétation sur notre droite, des cultures de canne à sucre avec cette odeur de sucré dans l’air, les cultures de tabac pas encore rencontrées, et toujours si peu d’habitations et d’espace de part et d’autre de la route pour bivouaquer. La chaleur laisse place à un taux d’humidité conséquent qui nous fait transpirer naturellement et encore plus lors de notre seule côte de la journée, pour passer de l’autre côté de la colline.


C’est juste après, que nous changeons de direction, privilégiant une petite route vers l’Est, plus tranquille, traversant de petits villages comme Puesto Viejo et Aguas Calientes. Passés les travaux de la RN34 recouvrant la route de boue, on se lance dans ce chemin asphalté pour 7km, moins emprunté par les motorisés, jusqu’au premier village pour s’y restaurer. Une tienda prise d’assaut par nous, affamés, une panaderia (boulangerie) et un parc de jeux avec des bancs et une table, c’est tout ce qu’il nous faut pour être heureux. Le soleil en plus, et on prend une heure pour ce repas méridien. Insouciants que nous sommes! Le prochain camping n’étant qu’à 10km, en légère descente, on est large quand on reprend la route à 14h. On se croit large en temps!


C’est là que ça se corse pour nous. A 3km du village, après un virage, ma roue avant à des difficultés pour rouler sans frottements et cela s’accentue jusqu’à se bloquer. Est-ce un rayon? Et non, c’est le moyeux. Il ne tourne plus et la roue non plus par la même occasion. C’est la panne! On ne peut faire un mètre de plus. Alors, on fait du stop pour qu’on nous emmène au village d’après afin d’accéder à un transport pour Salta à 80km d’ici, endroit propice à trouver la pièce et la main d’œuvre pour nous dépanner. De grands gestes au bord dans l’herbe, nous arrivons à arrêter un pick-up 15min après notre arrêt forcé : la police! C’est le pick-up de la « policia » du coin. Excellent! Il y a de la place pour un seul vélo, le cassé donc, et 2 personnes: les filles! Ils nous emmènent à Aguas Calientes, à 10km. Cela nous rapproche de Salta. Les garçons, eux, prennent la route avec le Panzer en état (Raphaël étant plus léger que sa soeur, la route sera moins difficile). Emma est ravie de monter dans cette voiture dont le pare-brise est protégé par une grille.

Arrivées sur la route principale, nous entamons les recherches pour un véhicule susceptible d’aller à la ville… on en trouve mais de petits, non adaptés pour nos tandems. C’est la désillusion du coup. Le Panzer arrive déjà, à toute vitesse avant 15h. La sueur est revenue pour Sylvain! Les habitants nous conseillent de réparer la pièce mais elle ne l’est pas, il faut juste la changer… mais ici c’est impossible. Sans perdre plus de temps, sur leur conseil, nous allons plus en avant vers le contrôle de police à la jonction entre le département de Jujuy et celui de Salta. A plus 1km de là, on arrive à dévisser la roue avant du Couillot et à avancer, à pied. Aucun pick-up n’est passé près de nous, pas de stop possible. Alors, on avance comme on peut, comme le temps. Au poste de police, nous expliquons notre cas et attendons à l’ombre le passage de nombreuses voitures… jusqu’à celle de René, pick-up blanc! Avec un sourire, il nous emmène à la ville suivante, à 17km pour prendre un bus national pour Salta… s’il y en a à cette heure. A 16h, les vélos chargés à l’arrière avec toutes les sacoches sur leur dos, la voiture démarre et nous passons devant plusieurs « fincas », sorte de ferme pouvant accueillir des événements comme des mariages ou des anniversaires, avec pelouse, jeux et piscine. René est propriétaire de l’une d’entre elles, dans laquelle nous nous arrêtons 5min, avant qu’il nous conduise au terminal de Guemes. Mais, il ne nous lâche pas comme ça et va même se renseigner avec Sylvain sur les bus possibles. Un grand merci à lui!

Dans une heure, une compagnie prévoit un bus mais c’est selon la place qu’il reste dans les soutes, que nous pouvons ou non embarquer. Au conducteur de nous le dire… Sur l’heure qui passe, plusieurs bus vont sur Salta, mais d’autres compagnies. Sylvain va avec un vélo demander aux différents conducteurs… Je ne le laisserai pas prendre la plume ici, vous seriez outrés de son commentaire sur ces conducteurs de bus absolument non coopérants ni sympathiques voir même grossiers! Franchement, il y a de quoi s’énerver. Heureusement, à 17h, le bus convenu arrive… et autorise Sylvain à mettre les vélos dans la soute. Sauf que l’on attendait l’autorisation pour prendre nos billets. C’est la queue à la caisse, le stress que le bus parte sans nous, que l’on n’ait pas assez en monnaie (on a pas demandé les prix!!)… et hop, on monte enfin soulagés, avec des mecs plutôt bourrins pour balancer nos sacoches mais sympathiques, nous disant que l’on peut se reposer. Cool!
J’avoue que les 45min de bus, je ne peux rien vous en dire car j’ai dormi, Raphaël aussi. Le paysage, je n’ai rien vu. En même temps, je n’ai pas l’impression d’avoir découvert cette portion. C’est là que l’on confirme notre attrait pour le vélo, car on s’imprègne vraiment du pays que l’on visite, à chaque kilomètre, chaque personne sur le bord de la route, chaque portion de paysage, comme tatoué sur nous, en nous… Chacun son voyage, chacun son mode de locomotion en fonction de ses envies et de son caractère. Juste, nous, c’est le vélo! On a fait 50km sans s’en rendre compte, comme si on avait perdu cette portion de voyage. Drôle d’impression.


Alors à 18h, on est à Salta, au terminal de bus, en centre ville, nous qui pensions y être dans 2 jours! Où allons-nous maintenant? L’esprit vif, on réfléchit et avec internet, on fait des miracles: on se trouve un hôtel pour 2 nuits, pas loin d’ici vu que le vélo ne roule toujours pas, et pas loin des magasins de vélo. 600m à parcourir, il y en a un. Je file avec Emma pour déjà faire l’enregistrement avant que les garçons nous rejoignent. Mais, ils nous rejoindront avant, vu qu’il n’y a personne à l’hôtel, tout est fermé. On obtient internet (en regardant par la fenêtre, on voit le mot de passe WiFi de l’hôtel…) et envoyons un mail au proprio. Sylvain s’en va déjà à un magasin de vélo avec la roue avant de Couillot, pendant que tous les 3 nous attendons l’ouverture des portes. 19h, on entre avec les 2 vélos et faisons la visite et l’inscription. On arrive à relativiser cette journée qu’après la douche de chacun. La nuit est tombée sur la ville et le grand parc juste en face de l’hôtel, quand nous sortons pour nous restaurer. Ce soir, c’est fiesta! Restaurant haut de gamme. Vraiment, avec de beaux verres, des amuses-bouches, de beaux couverts. Les enfants sont tout excités ! Et les parents régalés par de bonnes lasagnes et raviolis fraîches. Un délice gustatif, des saveurs depuis longtemps oubliées! Mais les loulous fatiguent, il est déjà 22h, la journée fut longue et surtout très rythmée.


On part au lit en profitant du ventilateur comme du bruit de la rue… tout en se remémorant la gentillesse de René ou l’accueil du village de Puesto Viejo.
Nous ne sommes pas mécontents de nous, on est arrivés à se sortir rapidement de notre petite galère. En panne à 15h30 à 80 km de Salta en pleine campagne, nous sommes parvenus à trouver 3 transports, un toit pour la nuit, et avons même eu le temps de faire un petit resto italien un peu « gastronomique »… plutôt cool !

Après toutes ces surprises, il est évident que nous allons nous reposer et souffler à Salta. En plus, grâce à ces péripéties, nous sommes plus tôt que prévu sur la ville, alors nous prenons notre temps sur ce J636, en cherchant un moyeux pour nos roues avant, en faisant de l’école dans la pièce à vivre, en allant en récréation dans le parc en face de l’hôtel avec des toboggans, en pique-niquant dans l’herbe, en visitant le centre ville, sa Plaza de Armas, ses arcades et la basilique San François, en allant chercher les tandems à plus de 20h pour pouvoir les utiliser dès demain!

J637 – Samedi 22 janvier – Salta à El Carril – 37km D+94m


Des journées comme ça, on adore! Bon, on n’avance pas, c’est vrai, mais qu’est ce qu’on s’éclate et que l’on se rafraîchit.
Ce matin, on a eu du temps, non volontairement, après un réveil à 7h, levés bien difficilement 30min plus tard pour les loulous… Sylvain changeant sa chaîne de vélo ainsi que le dérailleur dans le hall de l’hôtel, nous avons pu petit-déjeuner puis ranger la chambre et les sacoches pratiquement pendant tout ce temps. Certes, on n’est pas partis à l’aube, mais au moins, grâce à notre mécano MacGyver, nos machines sont comme neuves!


C’est donc vers 9h20 que l’on quittait « la Salamanca » et le parc « Saint Martin » pour traverser toute la ville de Salta. Bon, non, ce n’est encore pas pour tout de suite… il nous manque le ravitaillement culinaire! Alors, on fait déjà un arrêt à 500m de notre départ pendant 30 min pour dévaliser le magasin ou, au choix, pour mettre les plaquettes de freins à l’avant du Panzer, qui les avaient perdus sur la route (sans s’en rendre compte) il y a quelques jours! Ensuite, cette fois, c’est bon, on repart… et on déambule dans la ville, en centre ville, blindé, puis plein sud sur le boulevard, parmi les boucheries, les magasins de motos… tous regroupés dans les mêmes quartiers. La ville de 700 000 habitants s’étend encore sur 6km avant le passage du fleuve Rio Arias, bien pourvu d’eau marron,  puis avec une 2×2 voies où les grands magasins défilent sous nos yeux. Enfin, la végétation réapparaît pour notre plaisir, dans les quartiers chics de la banlieue Sud, avec de belles haciendas dans de beaux parcs travaillés. Nous roulons bien sur ce plat, entre les arbres, quand soudain, l’œil est attiré sur la droite… Pas la peine de lire la pancarte, les énormes toboggans et piscines sont bien visibles! On sent que la journée va vite être pliée.

Comme il fait chaud, comme on a le temps, comme ils nous gardent nos vélos et une sacoche en sécurité, comme ça nous donne envie (encore plus aux enfants!), on saute dans nos maillots de bain, on se met à une table à l’ombre pile en face du bassin « enfants » avec ses champignons jets d’eau, ses 4 toboggans et son seau d’eau qui se renverse régulièrement. Il y a une vingtaine de toboggans et une dizaines de piscines dans ce paradis pour les drôles. Même un snack que nous essayerons. De 11 à 15h, on y est! A fond, sur les toboggans obliques et plats, sur ceux très verticaux, sur les petits, sur ceux en virage, sur ceux hyper large pentu, sur celui avec ses 4 vagues… On les a (presque) tous essayés, les adultes comme les enfants. Même les parcours en structure gonflable. On a adoré s’éclater mais ici, on ne peut camper.


Ahhhhh la douloureuse décision à prendre et à dire aux enfants: on renfourche nos vélos sous le soleil pour 12km de plus, après s’être changés bien évidemment!
La famille Dem, crevés pour certains qui feront la sieste, reprend du service et part découvrir l’Argentine! Bon, ok, pas pour beaucoup de kilomètres. Mais on a l’opportunité d’apercevoir les montagnes à l’est et à l’ouest, les champs cultivés, la verdure, les bas côtés propres, sans déchets. Le village de La Merced est déjà à nos roues, et son « camping » à sa sortie aussi. Sauf, que nous n’avons pas la même définition du mot. Oui, c’est bien un camping… où on ne campe pas. C’est juste ouvert la journée. On doit passer notre chemin et continuer parmi toutes ces parcelles cultivées et privées, ces fermes, sans trouver de petits chemins nous éloignant de la route. Légèrement en descente, on continuera 13km de plus jusqu’à « El Carril ». Un agriculteur avec ses chèvres et son chien, nous indique un espace propice au campement en plein centre ville: à l’ancienne gare, transformée en office de tourisme. On est un peu dubitatif car c’est samedi, et en ville, parfois certains ne tiennent plus debout. Mais on fait confiance, on roule le dernier kilomètre de la journée et rencontrons Alejandro, un employé de la mairie qui discute sur le perron du bâtiment. Il nous confirme le bon accueil fait aux voyageurs ici! Yes! L’arrière de la gare, à côté des rails désaffectées, est tout en herbe et peut accueillir notre tente. Il nous laisse même les clés des sanitaires pour la nuit, que nous cacherons demain lors de notre départ. 17h30, Sylvain s’occupe de monter la tente pendant que je pars en courses, car demain dimanche, tout est fermé. On doit s’organiser en conséquence.

Revenue, c’est la fiesta des boissons fraîches, lait au chocolat, jus de pêche, limonade ou bière au choix. Le repas se prépare sur le quai de la gare, à l’abri de la légère brise sous l’œil de notre copain à 4 pattes du soir. Assis sur le quai ou sur l’ancienne rame, on profite d’une fraîcheur depuis longtemps oubliée pour manger avec le coucher de soleil. Dès la fin de la dernière bouchée, la fatigue est plus grande. Petit tour au sanitaire hypra propre pour se débarbouiller avant le tartinage en règle de la crème, et l’extinction des yeux, mais pas des nombreux lampadaires de la station ferroviaire! Je vous quitte à 21h43 me laissant envoûter par les notes de piano de la sonate n°11 de Mozart et par la chaleur mouate de la nuit…

9 commentaires sur “Argentine – La canicule s’achève ; de bons moments à Salta – J635 à J637

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  1. Coucou les Argentins d’adoption. Très heureux de vous savoir en de meilleures conditions alimentaires et d’intendance. Les Argentins vous aident et vous accueillent avec le sourire. Vous n’oubliez pas vos galères passées et savourez d’autant plus le confort des étapes. J’espère que les extrêmes difficultés ne vous manquent pas ! Sait-on jamais ! Je vous souhaite encore plein de bonnes choses pour la suite. Bises aux quatre aventuriers.

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    1. Coucou Patrick,
      Tu as bien compris que nous les aimons bien les difficultés… mais bon là, un petit break n’est pas de trop. Nous sommes bien heureux de faire du vélo « facile » pour reprendre quelques forces, et les enfants sont ravis de retrouver des piscines… c’est un peu comme les vacances pour nous, en fait. 😉
      Grosses bises

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  2. Hello, comme je vous l’ai déjà dit (dans d’autres commentaires) et encore une fois, hourra pour la « Sncf » locale , lieu de prédilection, de repos et surtout d’accueil pour vous , j’applaudis des deux mains !!!!
    Vous vous êtes sortis d’un drôle de guépier encore une fois, bravo à vous pour votre courage, votre ténacité et votre force à rebondir et trouver la meilleure solution pour vous quatre. Prenez soin de vous bizz

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  3. Bonjour les aventuriers,

    Que les photos sont belles , belle architecture à Salta , grande ville bien accueillante même si votre préférence est plutôt la plaine nature, les montagnes , les rivières et un peu voir beaucoup de difficultés 😄😄
    Mais des galères de vélo sont devenues presque votre quotidien , ils n’en peuvent plus , Sylvain les soigne, les opère, fait des greffes de pièces , un vrai chirurgien, impressionnant.!!
    Appréciez l’Argentine tellement accueillante et bien achalandée , prenez des forces avec cette nourriture terreste alléchante.
    Bisous bisous à tous les 4

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  4. Pas monotone en effet d’après ce nouveau récit sur les jours passés cet épisode de votre voyage.
    Sylvain, pour ta reconversion professionnelle,tu pourrais reprendre où créer un magasin de vélos à ton retour…leurs mécaniques n’ont plus aucun secret pour toi désormais !!!!
    Et ça se vend bien en ce moment !!!!
    Je vous embrasse tous les quatre.

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  5. Merci pour les bonnes nouvelles et les belles photos, bravo Sylvain pour tes talents de mécanicien vélo comme dit ton père tu es prêt pour ta reconversion professionnelle… Continuez bien votre aventure au pays des Argentins sympas et accueillants

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  6. C’est entre Salta et El Carril que je me suis fait propulser à l’arrière par une moto pour battre mon record personnel de saut en longueur. Rien que des bobos sanglants mais anodins, heureusement !!! Et le vélo presque intact ! Une journée de repos-bobos et c’est reparti vers les vallées Calchakis (un de mes meilleurs souvenirs ) Bonne route sur la Cuarenta
    Douce

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