J752 – Mardi 17 mai – Bivouac prĂšs de Las Horquetas Ă Gobernador Gregores – 99km D+217m
Il fait moins froid ce matin mĂȘme si le givre recouvre encore l’intĂ©rieur de notre toile de tente. Encore un rĂ©veil naturel tous les 4, vu la longuuuuue nuit que nous avons passĂ©! Sylvain a dĂ©jĂ mis en marche le feu de la veille entre les pierres et la casserole par-dessus pour notre eau chaude. Nous Ă©mergeons Ă la suite, en rangeant nos affaires. Nous avons hĂąte d’en dĂ©coudre aujourd’hui pour une simple raison: il n’y a plus grand chose dans la sacoche. Quelques restes de cĂ©rĂ©ales dans 3 paquets se battent en duel, les derniĂšres cracottes sont dĂ©vorĂ©es, le pain est rationnĂ© pour les sandwichs de ce midi. Bref, tout fout le camp! Autant manger suffisamment ce matin, dans le raisonnable, histoire de garder un peu de cĂ©rĂ©ales (200gr pour demain au cas oĂč ) et avoir la force d’aller jusqu’Ă Gobernador Gregores Ă 99km d’ici. Ce n’est pas gagnĂ© d’avance, mais on y croit. C’est pour cela que l’on se presse de ranger et de grappiller quelques minutes sur le soleil, toujours endormi Ă 9h! 45min aprĂšs, notre feu Ă©teint, la famille Dem est sur le goudron, prĂȘte de prĂȘte.
Une belle ligne droite de 33km dĂ©roule son asphalte droit devant nous. Ce que c’est long, mĂȘme avec les collines et le soleil qui essaye de s’y extirper, de passer par-dessus mais de se perdre dans les nuages gris. MĂȘme avec les guanacos ou ces nandous qui s’affolent et se cognent sur les clĂŽtures. MĂȘme avec ces sympathiques routiers argentins qui nous saluent. MĂȘme en pĂ©dalant de concert, le Panzer et le Couillot l’un Ă cĂŽtĂ© de l’autre sur le goudron. MĂȘme avec les enfants qui jouent avec leurs figurines et s’inventent un monde. MĂȘme en devinant Sylvain et moi, le nom des personnages de Pat Patrouille ou Pyjamask (p… Ă quoi on en est rĂ©duit???) en les apprenant par coeur pour rĂ©pondre au Quid Test d’Emma et RaphaĂ«l! MĂȘme en apprĂ©ciant le silence relatif de notre matinĂ©e. C’est long! C’est le mental qui nous dit alors, que c’est pour notre bien. Que nous nous rapprochons de plus en plus d’El Chalten. Que la Patagonie c’est ça. Que surtout, nous faisons actuellement le dernier gros morceau sans rien autour, avec le moins de ravitaillement possible, et dans une vallĂ©e baignĂ©e de vent et de fraĂźcheur (d’ailleurs, on habille d’une couche supplĂ©mentaire les enfants de poches poubelles, pantalon de pluie et poncho, trĂšs bon anti-vent). Et lĂ , on sourit. On sourit de notre chance. Car encore aujourd’hui, le vent n’est presque plus. Juste un lĂ©ger brin… de dos qui plus est! C’est le rĂȘve, nous qui pensions combattre contre lui sur cette portion. Alors, on les fait ces 27 premiers km, tous les 4. On s’octroye une petite pause bonbons et raisins/fruits secs Ă midi en apercevant le virage qui arrive: il est sur 28km. Je vous jure. Vous pouvez regarder la carte, un beau virage que nous allons prendre comme une courbe, lĂ©gĂšrement surĂ©levĂ©e de la vallĂ©e, oĂč les retenues d’eau parcellent les champs.
On commence donc ce virage vers la droite en dĂ©but d’aprĂšs-midi, quasi seuls. Les animaux sauvages sont rares Ă prĂ©sents. Les parcelles de champs sont occupĂ©s par des estancias et leur bĂ©tail. La route est plane sur une bonne partie avant une lĂ©gĂšre cĂŽte. C’est Ă la fin de celle-ci que nous pique niquerons sur le bord de la route. Cela fait dĂ©jĂ 47km que l’on roule il est plus de 13h30. On mange nos derniĂšres rĂ©serves. La sacoche n’a jamais Ă©tĂ© aussi lĂ©gĂšre. On se garde 3 tranches de pain, un paquet de gĂąteau au cas oĂč. On a encore de la purĂ©e, des soupes et du riz (je rassure les Grands-Parents) pour ce soir si besoin. 51km nous sĂ©pare de Gobernador Gregores. On ne peut y penser dans la globalitĂ© sinon on pense qu’on n’y arrivera pas, que c’est trop loin. Mais si on dĂ©cortique, si on se prĂ©voit des pauses, des temps diffĂ©rents de vĂ©lo, ça peut le faire. AprĂšs les collines et la vallĂ©e en eau que nous survolons, nous allons monter.
Voici le plan: 8 km de plat, puis 10 de cĂŽtĂ©. On s’y reposera Ă son sommet et vĂ©rifierons l’heure. Puis 33 km de descente/ plat/ faux plat montant.
Le dĂ©coupage est dans notre tĂȘte et nos jambes. Notre courage bien en nous 4. On pĂ©dale encore les 2 vĂ©los cĂŽte Ă cĂŽte sur la chaussĂ©e, en regardant la vallĂ©e une derniĂšre fois. Le rythme est bon, trĂšs bon mĂȘme. On remet la musique avec la cĂŽte. Peut-ĂȘtre de 2km. Il doit y avoir une suite… qui se dĂ©voile plus loin. On imagine que ce sera fini aprĂšs le second virage, on fait des photos, on profite pensant terminer bientĂŽt (et en 1er encore une fois!). Erreur. Une derniĂšre cĂŽte avec une belle pente vient miner un peu le moral du Couillot. Mais on suit la cadence, on ne lĂąche rien sur ces quelques mĂštres. Le vent nous aide et nous soutient dans le dos. C’est gagnĂ© pour cette partie Ă 15h30.
On se recouvre, les gants, le coupe vent, le tour de cou et on s’Ă©lance dans cette descente. Un autre monde apparaĂźt, sans buissons, ni touffes d’herbes. Que du sable, des dunes de sable et une lagune qui survit mais rappetisse vu les traces laissĂ©es autour. On file, on dĂ©tourne les collines vers l’Est et sur 1 ou 2 km, on se retrouve avec du vent de face. Surpris d’abord, on se bat ensuite pour avancer. Un panneau de signalisation nous rassure : Gobernador Gregores Ă 21km. On se trouve un coin sur la droite dans les touffes d’herbes que nous retrouvons dans le paysage, pour un goĂ»ter. Il est 16h30. Nous avons 2h pour aller Ă la ville, avant le coucher du soleil. S’il n’y a pas de crevaison ou gros souci, c’est gagnĂ©. Dans notre tĂȘte en tout cas, ça l’est. On grignote nos rĂ©serves et vidons 8 litres d’eau gardĂ©es en sĂ©curitĂ© que portait Sylvain!
Et c’est reparti pour le dernier assaut. La ville n’est pas encore en vue, mais nous avançons car nous y sommes presque. DĂ©jĂ 80km dans les jambes, 80km que nous roulons aujourd’hui, on est en passe de « le faire ». Je ralentis le rythme au bout de 10km mĂȘme sur du plat. Faut dire que les jambes sont fatiguĂ©es et que le carburant n’est plus prĂ©sent dans mon organisme pour envoyer du bois. Sylvain le sent et prĂ©pare la corde, arrĂȘtĂ© sur le cĂŽtĂ©. Mais ma fiertĂ© est plus forte. Je tiens Ă finir ce bout Ă 2. Je sais qu’on peut le faire avec RaphaĂ«l. Que l’on y arriverait. Alors, je refuse pour une fois. Et je reprends de suite le pĂ©dalage sur cette route qui longe la colline en arc de cercle. Le soleil est cachĂ© derriĂšre, c’est son heure. On tient et on aperçoit le dĂ©but de la ville, la pancarte de bienvenue. Le soulagement. Comme par enchantement, la fatigue n’est plus.
On roule sur l’artĂšre principale vers 18h, trop contents de nous. Contents d’avoir fait 357km en 5jours, sans ravitaillement, sans savoir Ă Perito Moreno ce qui nous attendait question nourriture. Les enfants n’ont pas eu faim. Nous oui, mais on se lĂąchera tout Ă l’heure. Maintenant, on est en mode: trouver un hĂŽtel. Le premier est complet. Les secondes, des cabañas avec cuisine ne se louent qu’au mois. Nous partons donc Ă la recherche du centre d’information pour nous aider Ă trouver un appartement. Petite indication non nĂ©gligeable : demain toute la ville est fermĂ©e. C’est le recensement et la province ne rigole pas avec ça. Tous les magasins sont fermĂ©s. Tout le monde doit ĂȘtre chez soi. Il faut donc trouver un logement et aller faire les courses avec la nuit qui tombe! Ah les journĂ©es sont longues parfois, et celle-lĂ n’est pas encore finie.
Sylvain part en chasse et trouve avec ce centre pour touristes, Alicia qui loue un appart. Elle doit venir en voiture nous chercher pour nous y emmener. Elle s’inquiĂšte pour les loulous et leur propose de venir dans sa voiture. Les 2 tandems suivent la Renault dans la ville en pleine nuit sur quelques cuadras. Nous y sommes enfin Ă 19h pour visiter et convenir d’y rester 3 nuits. C’est tout juste ce qu’il nous faut pour reprendre des forces, dormir, et prĂ©voir la suite! Les sacoches sont enlevĂ©es des vĂ©los mis Ă l’abri dans un garage, et avec 5 poches de courses vides, nous marchons jusqu’au centre ville pour remplir le frigo (et nos estomacs). 1h30 pour passer au supermarchĂ©, Ă la verdureria (qui vend des verduras = fruits et lĂ©gumes), Ă la panaderia (boulangerie), et Ă 2 boutiques artisanales pour des ravioles/gnocchis et une bonne tourte au brocolis. Certes, on a une cuisine et nous allons l’utiliser demain. Mais ce soir? Nooon. Il est prĂšs de 21h lorsque nous rentrons, crevĂ©s et apprĂ©cions la bonne tourte aux lĂ©gumes fait-maison, pas par nous, et un gros paquet de frites congelĂ©es Ă mettre au four!
Nous terminons enfin la journĂ©e par la douche chaude, bouillante et la bonne odeur de savon qui rĂšgne sur nos corps. Les loulous vont au lit, cĂŽtĂ© salon avec un lit en tiroir pendant que nous montons au premier Ă©tage, dernier supplice pour nos cuisses. Avant-dernier pour la petite souris. Devinez? Emma a perdu une autre dent ce matin en se brossant les dents sur le bivouac! Il faut donc que le rongeur redescende Ă la frontale pour rĂ©cupĂ©rer ce trĂ©sor cachĂ© sous l’oreiller et y placer quelques sucreries… Enfin Ă plus de minuit, Ă la fin de l’Ă©criture, toutes les paupiĂšres vont pouvoir se fermer!
Les 2 jours suivants J753 et J754 sont apprĂ©ciĂ©s pour se reposer de ces 5 jours, pour se reposer de ces nuits oĂč l’on dort peu, pour faire Ă©cole avec les loulous, pour laver le petit linge Ă la main (faute de machine) mais pas les tee-shirts ou autre, trop volumineux et lourds, pour complĂ©ter l’Ă©criture du Blog et du tri de photo, pour cuisiner et se rassasier, enfin pour prĂ©voir les 3 jours suivants en emmenant de la soupe et des pommes de terre dĂ©jĂ cuisinĂ©es.
De la cuisine? Oui, nous en ferons beaucoup et apprĂ©cierons les saveurs. Petit exemple: Sylvain se relĂšve la premiĂšre nuit Ă 4h du matin et mange 6 tartines de pain. A 7h, il petit-dĂ©jeune. A 10h, il dĂ©guste du vin rouge accompagnĂ© de fromage et de frites. Nous dĂ©jeunons ensuite tout ensemble. Pour le goĂ»ter, rien de mieux que des crĂȘpes avec sucre, confiture ou Nutella. Et le soir, rebelote avec un gratin de pommes de terre au four! Nos estomacs n’ont rien compris!
Redevenons sĂ©rieux. Les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques pour aller sur Tres Lagos sont encourageantes pour les 2 prochains jours, peu de vent, sinon de Nord, pas de prĂ©cipitations, peu de nuages dans le ciel, mais beaucoup de fraĂźcheur. La fenĂȘtre est bonne, on la prend!
J755 – Vendredi 20 mai – Gobernador Gregores Ă Bivouac prĂšs du Lac Cardiel – 71km D+274m
Une journĂ©e chanceuse aujourd’hui pour nous. Le rĂ©veil n’est pas naturel, on serait bien restĂ© un peu plus au chaud dans les draps du bon lit. Mais l’envie de revoir la CordillĂšre des Andes est plus grande. Alors, on se lĂšve et nous nous habillons qu’Ă moitiĂ© pour descendre Ă la cuisine petit-dĂ©jeuner et profiter du grille-pain! Tout notre bazar est rapatriĂ© dans la piĂšce Ă vivre ce qui nous donne une bonne idĂ©e de tout ce que doit engloutir nos sacoches. MalgrĂ© les provisions pour 3 jours de nourriture pour nous 4, tout tient! (En comptant bien sĂ»r nos 2 poches chacun qui dĂ©bordent de fruits et pain!).
Peu avant 10h, nous retrouvons Alicia, la propriĂ©taire qui donne aux enfants des barres de cĂ©rĂ©ales pour le voyage. Nous reprenons notre route dans la rue principale de Gobernador Gregores qui s’Ă©veille avec le soleil. La ruta 40 sort de la ville au Sud par un joli pont mĂ©tallique style annĂ©e 50, avant de bifurquer plein Ouest Ă travers la pampa. Notre premiĂšre chance est lĂ . Pas d’arbres, pas d’abris, pas de collines et de virages pour casser le vent. Mais vent, il n’y a pas aujourd’hui ! L’application Windguru prĂ©disait un lĂ©ger vent mais du nord, par consĂ©quent venant de notre cĂŽtĂ© droit. Cette portion nous faisait peur par son orientation plein Ouest, et donc habituellement avec du vent de face. Ce qui n’est absolument pas le cas pour nous. Et tant mieux car froid + vent = doigts et pieds gelĂ©s.
On pĂ©dale avec le soleil, passĂ© au-dessus des collines qui entourent la ville et la route. On dĂ©marre tranquillement avec une lĂ©gĂšre cĂŽte qui accĂ©lĂšre notre rĂ©chauffement corporel avant un long plat, longeant une colline. Celle au nord en face est celle du J752, que nous avions prise dans le sens inverse. Nous devons ressortir de cette vallĂ©e, monter sur le plateau et avancer vers les montagnes. Personne ne nous dĂ©range, 1 camion et 2 ou 3 voitures pour la matinĂ©e. Les guanacos et nandous n’apparaissent qu’aprĂšs 25km d’Ă©loignement de la ville. Ils s’accompagnent de quelques vaches des estancias. Tout est calme, tranquille. L’ambiance est particuliĂšre dĂ» Ă la lumiĂšre diurne. Le soleil ne monte plus bien haut, et il est cachĂ© par un lit de nuages gris aujourd’hui. On a l’impression de passer de l’aurore au crĂ©puscule, direct. On a bien avancĂ© sans obstacle invisible: 31km Ă 13h lorsque nous prenons possession de quelques rochers pour se poser les fesses. Un guanaco vient de prĂ©venir son groupe de notre venue mĂȘme si la clĂŽture nous sĂ©pare d’eux et quitte les lieux. Et la chance nous accompagne toujours car le vent est absent encore et encore. Peu de refroidissement de nos corps et nos mains lors du buffet mis Ă disposition pour la famille. On a faim et on a de quoi manger! Cool! Les enfants trouvent plein de cailloux et nous demandent l’autorisation de les prendre…Comment vous dire que nos rĂ©ponses sont souvent nĂ©gatives! Qu’ils gardent de la place pour un caillou d’El Chalten et du Cerro Torre! On rigole mais la route continue sur le plateau.
L’aprĂšs-midi, 2 nouvelles chances. La premiĂšre fut de n’avoir du vent que timidement au dĂ©but, puis plus fortement mais venant de l’est. Le truc improbable! Ce qui fait qu’il nous pousse sur les premiĂšres dizaines de kilomĂštre. La bonne surprise. Je ne vous raconte pas l’allure sur l’asphalte parmi les champs, le soleil qui est apparu en se dĂ©gageant des nuages, les clĂŽtures et les cadavres de guanacos qui s’y sont coincĂ©s en y perdant la vie de soif ou de faim… C’est dur d’en voir autant, alors que les champs sont immenses, que la Patagonie reprĂ©sente la libertĂ©, l’immensitĂ©, la nature et qu’ici cette libertĂ© est visible mais pas rĂ©elle pour eux. Notre seconde chance de cette demi-journĂ©e surgit Ă ce moment-lĂ . Le Panzer s’arrĂȘte sur le cĂŽtĂ© gauche, ce qui est inhabituel. Je pense qu’il fait un arrĂȘt « sanitaire ». Mais Sylvain a aperçu un guanaco vivant coincĂ© justement par une de ces clĂŽtures. Nous allons tous les 2 voir l’animal dont les pattes arriĂšres n’arrivent pas Ă passer les derniers fils de fer pris entre son ventre et ses pattes. Avec un bout de bois, Sylvain essaye de relever ses pattes arriĂšres pour les faire passer dessus mais elles retombent entre les fils du bas et ceux du haut restent entre l’aine et le ventre du guanaco. AprĂšs quelques manipulation de l’animal, Sylvain parvient Ă relever suffisamment les pattes pour le basculer sur le dos de l’autre cĂŽtĂ© de la barriĂšre. Le guanaco se cogne en se revenant sur la clĂŽture d’Ă cĂŽtĂ© mais retrouve l’Ă©quilibre et s’en va, sans boiter. Quelle chance nous avons eu de pouvoir le voir, de pouvoir l’aider, de pouvoir le libĂ©rer de cet enclos et d’admirer ses sauts pour s’Ă©loigner de nous. Un moment heureux pour nous 4, soulagĂ©s par cette fin. Pour lui, on y est arrivĂ©.
Il faut tout de mĂȘme reprendre nos vĂ©los et parvenir Ă se concentrer sur les pĂ©dales et notre ligne droite. On tient Ă la terminer avant demain, profitant de ce vent favorable (et inexplicable) pour nous. Le rythme a un petit peu changĂ©, rĂ©duit en fait. Pour admirer les dizaines de guanacos partout dans le paysage, ceux qui nous passent devant apeurĂ©s par quelque chose, les moutons eux aussi fuyant du mĂȘme point de dĂ©part. Serait-ce la prĂ©sence d’un prĂ©dateur dans le champ? ForcĂ©ment, on regarde, on scrute surtout si nous pouvions apercevoir le puma. Rien. Enfin si, mais pas de puma. Des animaux sauvages, des cara cara (rapaces), des carcasses, un autre guanaco avec les pattes arriĂšres abĂźmĂ©s mais que nous ne pouvons aider. Ils sont vraiment les maĂźtres de ces lieux que nous traversons sans trop de bruit. On est comme fascinĂ©s. On prend notre temps, on s’arrĂȘte pour de petites pauses contents de notre avancement, on se prend en photo au milieu de la route. Elle nous appartient! On rigole aussi de ces panneaux de signalisation nous avertissant Ă dĂ©jĂ 40km de Gobernador Gregores, que le prochain hĂŽtel et la prochaine station service est Ă 130km (mieux vaut prĂ©voir, mais ici, c’est trop tard!!).
La ligne droite continue sur 30km avant un virage et le ripio. Celui de terre et de quelques cailloux qui est rapidement impraticable en temps de pluie. Nous l’empruntons en zigzaguant de gauche Ă droite, en espĂ©rant trouver le meilleur chemin, le moins chaotique, le moins secouant. Le rythme a encore diminuĂ© par le revĂȘtement moins Ă©vident mais aussi par la fatigue. Cela fait plus de 7h que nous roulons. Les jambes (et fessiers) n’en peuvent plus. Les yeux si: pour admirer le lac Cardiel illuminĂ© des rayons du soleil s’abaissant, avec les montagnes de la CordillĂšre en contre-jour, noires. Ouah, ce que c’est apaisant cette vue. Sans bruit, sans vent, sans personne que nous. Le panorama un peu surĂ©levĂ© nous donne une impression d’ĂȘtre les rois de cette vue. Dommage que l’on ne puisse pas bivouaquer tout prĂšs faute de plat.
On tente notre chance quelques centaines de mĂštres plus loin aprĂšs la descente dans les cailloux prĂšs d’un sanctuaire. Le terrain en terre et cailloux vient d’ĂȘtre aplani, et est suffisamment grand pour notre tente. On la plante ici Ă 18h pendant que les enfants jouent pardi! Chacun a ses animaux: moufette ou mĂ©galodon, qui se disputent, se combattent. C’Ă©tait dĂ©jĂ le cas sur les vĂ©los dans la journĂ©e quand nous Ă©tions cĂŽte Ă cĂŽte. L’un essayait de manger les autres pendant que les autres rĂ©pliquaient avec leur dĂ©fense naturelle odorante. Ils s’Ă©clatent partout, et donc ici aussi, en crĂ©ant des plats avec la boue des lieux. Eux s’Ă©clatent et nous, nous pouvons organiser tranquillement la maisonnĂ©e et le repas du soir autour du feu tout juste mis en route. Ce qu’on aime ça! Un barbecue pour rĂ©chauffer le dĂźner prĂ©parĂ© la veille dans l’appartement, accompagnĂ© d’une biĂšre rescapĂ©e d’hier soir. Royal ce repas de pommes de terre sautĂ©es, de nuit fini Ă la frontale avec du chocolat et des petits gĂąteaux.
Un petit tour aux sanitaires naturelles afin d’ĂȘtre propres avant la mise au lit, en regardant le ciel Ă©toilĂ©. On laisse aux enfants du temps pour dessiner dans leur duvet, car ça pique les doigts maintenant. Je les entend se complimenter, s’aider, se parler de leur partage, leur caractĂšre… c’est trop mignon. Sylvain a sombrĂ© rapidement pendant l’Ă©coute d’un podcast et se rĂ©veillera lorsque nous sortirons avec RaphaĂ«l puis Emma aux toilettes. Encore un petite photo avec nos yeux de ces Ă©toiles magnifiques qui inondent la nuit et Ă 21h45, on dort presque tous.
Los admiro y respeto profundamente. Tus relatos me llevan a esos momentos maravillosos.un gran abrazo Leti. Los leo đ€đ bendiciones.
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On n’oublie pas les petites biĂšres pour aller avec le barbecue.. hi hi..
Que de belles images, que ça donne envie de repartir pédaler dans les grands espaces !
Toujours un plaisir de vous lire, mĂȘme si je commente peu.
Guillaume
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Bonjour les aventuriers,
Encore de l’Ă©nergie aprĂšs tous ces kms parcourus, des jours de folie , c’est plus long qu’une journĂ©e de boulot! Et les 35 heures alors !!
Mais seuls dans ces immensités , la Patagonie vous appartient en quelque sorte . Faute de sauver le monde vous avez sauvé un guanaco, trop bien.
Emma et RaphaĂ«l dĂ©bordent toujours d’une grande imaginatiom , ils sont tellement complices . Bonne suite de l’aventure Ă tous les 4 , prenez soin de vous et rĂ©galez vous . Merci de me faire voyager au travers vos rĂ©cits et magnifiques photos.
Bisous
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Wahou quelle distance parcourue en peu de temps quel courage !!! Vous nous faites vibrer au fil des jours et de votre aventure… alors prenez soin de vous et continuez bien Ă bientĂŽt
Annie-France
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