Argentine Patagonie – Jonction El Chalten -> El Calafate (2/2) – J768 à J773…

J768 – Jeudi 2 juin – Ex restaurant pour cyclo du monde entier à Bivouac Rio Santa Cruz – 58km D+329m


Après une très bonne nuit, sans bruit sans froid à proprement parler, nous nous réveillons peu après 8h par notre réveil personnalisé. Le petit déjeuner sera pris hors de la tente où la condensation (avec le manque de vent dans les aérations) fait goutter de l’eau dedans. Assis sur un matelas, nous prenons nos aises sur une marche dans notre maison du jour pour remplir nos estomacs et prendre des forces. Et pour une fois, nous avons amplement de quoi manger, même le 3ème jour! Double ration de thé et de café en plus de nos biscottes, céréales… Un festin! Nous finissons le rangement habituel pendant que Raphaël et Emma oscillent entre le feu à l’extérieur et le dessin sur le mur, pour laisser notre trace dans ce sanctuaire de cyclo.


A 10h10, nous quittons ce bivouac pour notre route 40, si sombre ce matin. Le ciel est très bas, les nuages donnent une ambiance bleutée, de crépuscule qui ne nous quittera que rarement pendant la journée. La route sillonne la vallée en suivant le Rio Leona, un peu encaissée à l’abri du vent mais pas de la pluie, légère comme un crachin, presque comme de la neige. Alors, on se protège à la fois contre elle et contre le froid! Les ponchos installés sur les enfants, ceux-ci ne veulent même pas en sortir la tête, afin de jouer dessous, au chaud avec leur figurine. De chaque côté de nous, des falaises de sable ou roche sur lesquelles sont positionnés parfois des condors, des guanacos, des nandous (que l’on retrouve!) ou des chevaux. Pendant 15km, nous pédalons ainsi, presque tranquillement jusqu’à une belle côte, nous permettant de passer au delà de cette barre de montagnes venue de l’ouest. En l’écrivant, on a l’impression que c’est facile ces quelques virages sur 150m de dénivelé, mais pas vraiment. Le pédalier d’Emma ne fonctionne pas et le poids du vélo Panzer est conséquent pour Sylvain. Ce qui fait que pour une fois, le Couillot est en tête. Alors, on prend notre temps et des photos de la vue sur la vallée, la rivière et sur le tandem derrière, trop rare.

Nous passons ainsi de l’autre côté, descendons un peu (mais moins que prévu), pédalons encore un peu sur le plateau avant de redescendre vers la vallée suivante qui abrite le Lac Argentino que nous devinons à l’horizon. Notre arrêt pique-nique sera là après 27km depuis ce matin. Une plaque de goudron nous servira de table, au soleil, avec un peu de vent. Encore un festin parmi la nature, seuls. Mais avec une idée en tête: le bivouac du soir à 31km. Nous n’avons pas fait la moitié. Alors, c’est un peu en « ronchonnant » que nous remontons sur les selles, sans trop de temps pour jouer ou pour juste apprécier ce moment, car il y a beaucoup de route encore. Le temps est toujours froid lorsque nous passons près du lac plus bas. La vue est magnifique, c’est un de mes moments préférés de la journée. Lors d’une pause sur un mirador, nous admirons à la fois la ville d’El Calafate, entourée de nuages gris mais illuminée comme par magie par le soleil, la Cordillère et les glaciers à l’arrière qui se dégagent des nuages, et derrière nous plus au Nord, le Fitz Roy et le Cerro Torre en contre jour du soleil, qui a fait une trouée dans les nuages, faisant comme une fenêtre. Juste ce panorama de chaque côté… et me voilà heureuse!


Par la suite, nous nous éloignons du lac et partons plus vers les terres, traversons la rivière Leona qui plonge dans le lac Argentino et gardons le cap et le mental sur les derniers kilomètres parmi les collines, les virages, les côtes et les descentes. Le deuxième moment de la journée pour Raphaël et moi fut ces 2km environ, où à quelques mètres de nous, de l’autre côté de la clôture, 2 chevaux et 2 poulains se mettent à trottiner puis à galoper avec nous. A la même vitesse, chaque famille avance, en rythme, et c’est beau cette liberté qui nous anime tous les 6 à cet instant. Leur crinière, leur allure, leur cadence, leurs muscles à l’unisson. Ils s’arrêtent, pas nous. Nous poursuivons pour les 3 derniers kilomètres en virages et en descente jusqu’au Rio Santa Cruz. Le fleuve, car c’est un fleuve et non une rivière qui coule sous le pont, est impressionnant. Par sa largeur, sa couleur turquoise et sa force. C’est auprès de lui, sur sa rive sud que nous bivouaquerons.

Un peu de plat, pas trop de touffes d’herbes et nous sommes heureux, les parents, pour poser la tente. Les drôles, eux, sont heureux grâce à la plage près du fleuve. Ils ne poseront ni les vestes, ni les doudounes, ni les gants ni les casques! Pas de maillot de bain, on est encore sûrement en dessous de zéro. Mais ils s’éclatent, Emma avec son ponton créé avec des pierres et Raphaël nous piquant des tendeurs pour créer un spectacle.
La tente est encore humide de ce matin, l’intérieur n’est mis en place qu’après son pseudo séchage. Pendant ce temps, un feu est allumé pour déjà cuisiner et se faire un café/thé avant la nuit. Les enfants reviennent dans la tente pour préparer les cartes d’anniversaire faites maison pour l’anniversaire de Sylvain demain. 45 ans, ça se fête! Nous dînons ensuite dans l’abside, bien au chaud tous les 4, sans restriction, mais à la frontale.

Un dernier tour dehors pour les sanitaires et le nettoyage dentaire est une excuse pour rallumer le feu digne de celui de Tom Hanks dans le film Seul au monde, sur sa plage. Les flammes plus hautes que notre MacGyver illuminent tout le bivouac! Nous rentrons chez nous pour notre session cinéma (après l’atelier dessin) et partons au froid avec « Everest ». Ça ne nous change guère d’environnement ! Nous éteignons seulement à la fin après 22h, après avoir tout vu! Enfin, presque toute la famille ne s’est pas endormie devant l’écran… Mais je ne dévoilerai pas l’identité du dormeur précoce!

J769 – Vendredi 3 juin – Bivouac fleuve Santa Cruz à El Calafate – 40km D+275m

Allez, ce matin, on est plus que motivés pour sortir notre nez du duvet, pour deux bonnes raisons: nous avons une petite journée de pédalage pour arriver sur une pépite de l’Argentine, El Calafate et le glacier Perito Moreno et c’est l’anniversaire de Sylvain aujourd’hui! C’est pourquoi, dès notre réveil, nous nous dépêchons tous les 3 (car, comme toujours, Sylvain est déjà réveillé et debout), pour nous habiller et sortir près du feu. Autour de cette source de chaleur, avant le petit-déjeuner, les enfants offrent leur carte d’anniversaire faite-maison chacun, puis les cadeaux, qui sont de véritables gourmandises chocolatées. Il n’a besoin de rien, nous a-t-il dit, mais on connait son penchant pour le cacao! Donc, emmitouflés dans nos habits d’hiver, éclairés par nos frontales à 8h30, nous fêtons son année de plus, perdus en Patagonie près du fleuve Léona.
Ensuite, on redevient sérieux et on range tout sur le campement en même temps que le soleil se lève, que le fleuve fume, que le brouillard s’accentue sur les sommets des collines autour de nous! Et à notre heure, nous démarrons la côte de la route 40 pour nous échauffer un peu, qui s’élève sur 6km avant la bifurcation avec la route 11, qui longe le lac Argentino pour se diriger plein Ouest.

Encore seuls sur la route, seuls avec les guanacos, moins nombreux sur cette portion, nous pouvons déjà profiter des collines et de la Cordillère qui nous invite par ses neiges éternelles au sommet. On roule facilement, même si le froid nous prend par la peau non-protégée, par les extrémités sous 2 couches de vêtements, mais le fait est qu’il n’y a pas de vent! Rien, nada, que tchi! Et cela nous transporte, nous aide à aller vite sur le goudron. Le soleil dans le dos (sans nous réchauffer!) nous pédalons dans la fraîcheur du matin, avec ce voile devant nos yeux, au-dessus du fleuve et qui nous accompagne avant de se dissiper.

Une colline est face à nous, une barrière naturelle devant laquelle la route 40 s’arrête. Elle ne la franchit pas, elle préfère l’éviter pour aller plein Est. Ce n’est pas encore pour nous cette partie, on fuit plutôt en sens inverse, sur la route 11.

L’excitation commence à se faire sentir, à nous donner des ailes, ou plutôt des jambes! Le panorama et la destination y sont pour quelque chose, c’est évident. Le lac bleu sur notre droite, les collines à gauche, les quelques guanacos derrière les clôtures et la neige au fond, face à nous qui se dresse, qui nous barre le passage du Chili, et où se trouve le parc des Glaciers. Alors, on pédale sur les 32km, presque tranquillement, on prend notre temps pour photographier, se poser sur le bord de la route et grignoter, pour apprécier les hauts et bas que fait la route… Tranquillement, on avance bien quand même, parmi un flot continue de voitures, de bus touristiques et parfois de camions. Les montagnes grossissent à vue d’oeil. Quelle satisfaction! Alors, on s’assoit sur le côté et on mange notre déjeuner pour vider un peu plus notre sacoche de nourriture, encore bien trop remplie après 3 jours et demi de vélo et de solitude!

La dernière partie de la journée, en début d’après-midi, se fait rapidement elle aussi: que 11km avant la ville d’El Calafate. Avant les constructions, les lampadaires sur lesquels nous attendent des rapaces, les deux fois deux voies, les magasins, les stations-service, les terrains de jeux pour enfants. Nous nous arrêtons sur le premier trouvé pour accéder à du wifi et ensuite c’est la course!
Il nous faut choisir sur la toile et trouver un hébergement pour ce soir même et pour 4 nuits au moins, ce qui nous prend beaucoup de temps sur le banc du parc de jeux. Une fois réservé à l’autre bout de la ville à 4km, la mission est de réussir à récupérer dans une agence de l’argent liquide en ce vendredi soir. Là, comme souvent, on se heurte au peu de point de retrait, aux horaires d’ouverture ou à l’impossibilité de faire de l’internationale. Sans cela, nous ne pouvons payer l’hébergement, ni acheter ce dont nous avons besoin pour les repas des jours suivants… Il nous en faut encore du temps pour y arriver. Prochaine étape, les courses au magasin. 1h, pas moins pour faire tous les rayons, acheter le nécessaire, faire plaisir à chacun et attendre aux caisses! Le soleil commence à moins éclairer lorsque nous pédalons vers la sortie de la ville pour trouver notre logement et correspondre avec la propriétaire pour y entrer.
On souffle enfin! C’est le début de quelques jours de repos, de cuisine, de visite de la ville, de réparation de vélo et de pneu, de vêtements à recoudre, de découverte de la pépite de la Patagonie à quelques kilomètres d’ici: le Glacier Périto Moreno!!! Mais avant, ce soir, c’est la fête pour l’anniversaire de Sylvain, avec son gâteau (des donuts) et ses bougies (des allumettes), avec ce que l’on trouve bien sûr dans la ville! Mais l’important n’est pas ce qui se trouve dans l’assiette, mais bien ceux qui y sont autour avec lui. Alors, on rigole, on mange un bon apéritif et un bon repas chez nous! Joyeux Anniversaire mon binôme, on est fiers de toi et de cette force que tu as chaque matin pour essayer de nous lever!! 😉
Chacun a sa chambre, son lit pour les enfants, avec une belle pièce à vivre et une cuisine pour se retrouver le temps de quelques jours dans une vie sédentaire (il faut bien y repenser à moins de 2 mois de notre retour!!). Sur ce, je vous laisse et prépare l’article suivant sur notre vie ici et la pépite…

5 commentaires sur “Argentine Patagonie – Jonction El Chalten -> El Calafate (2/2) – J768 à J773…

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  1. Encore un anniversaire bien dépaysant et émouvant dans cette nature époustouflante .Belle photo de papa penché sur les dessins de ses adorables enfants .
    Malgré le froid les soucis mécaniques , la fatigue, vous avancez vers le but final , alors profitez de ces quelques jours de repos avant de repartir . D’ailleurs aujourd hui 7 juin vous n’êtes sans doute plus à El Calafate après avoir du admirer la pépite du coin ce glacier majestueux.
    Bon vent ..dans le dos , pas trop de froid quand même pour la suite.
    Bisous à tous les 4

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    1. Coucou Annick. Nous sommes toujours à El Calafate, nous « attendons » que passe la perturbation prévue demain, et nous pensons donc reprendre la route jeudi. S’il ne neige pas trop demain, car nous remontons par un col qui risque d’être sous la neige. Bref, on s’adapte ! Bisous

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  2. Sylvain se souviendra de ses 45 ans fêtés au milieu de nulle part , à la frontale , dans le froid de bon matin ! et du gâteau donuts aux bougies allumettes ! Vous voici avec un peu de confort pour quelques jours et la pépite Argentine à découvrir ! Les enfants : beau dessin explicatif dans la maison pour laisser la trace de votre passage !

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  3. Je suis d’accord avec toi Alain, j’approuve entièrement.
    De nouveau un joyeux anniversaire Sylvain et très original ce « gâteau d’anniversaire », avec « bougies »…..
    Prenez soin de vous bizz

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